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Jaurès reviens !!! Ils se sont fourvoyés

21 novembre 2008, 12:50

Ce que je note dans le discours que j’ai employé dans mon texte c’est que le débat principal auquel participait Jaurès et Guesdes portait (en 1900) sur le fait de siéger à côté ou avec des partis bourgeois. En gros aller au pouvoir ou pas.

108 ans après, le débat n’a pas avancé ... d’un centimètre

Je ne partage pas ton avis. nous n’avons pas avancé, non, nous avons reculé.

Reculé aux dernières limites de la compromissions.

Je connais bien cette "controverse", ce dialogue Guesde /Jaurès "Les deux méthodes". C’est un dialogue qui m’a longtemps nourrie et qui me fait encore réfléchir.

Elle est née au sujet de la participation de Millerand au gouvernement de Waldeck Rousseau en 1899.

On oublie svt que avant le Parti socialiste français de Jaurès , il y eut le Parti socialiste de France de Guesde et comment tout cela fit la SFIO en 1905 ( sur la pression de la 2è Internationale, c’est important) .

J’en avais remis de longues citations de Jaurès sur mon blog à ce sujet (et au sujet de sa controverse tjs avec Guesde sur l’affaire Dreyfus) il y a 2 ans d’ailleurs.

C’est un dialogue (et une pensée) auxquels les révisionnistes capitalistes du PS forgés à Sciences Po ont donné un sens faux et archi faux, mais qui a aujourd’hui force de droit coutumier , hélas.

Cela, ce révisionnisme malfaisant, ce n’est qu’en quittant le PS que je l’ai véritablement compris.

Et tu m’excuseras, mais de mon point de vue, ta "traduction" découle de ce révisionnisme.

D’abord, quand on parle de Jaurès, qui a eu "plusieurs vies en une ", comme Hugo, on ne peut pas négliger que ce discours est de 1900 - Jaurès est déjà socialiste mais il n’est pas encore l’homme qui dire que la classe ouvrière peut légitimement employer la force, le révolutionnaire qu’il sera complètement à sa mort

Pour Jaurès la question n’était pas "aller au pouvoir ou pas".

La question fondamentale pour Jaurès était "comment faire avancer et triompher partout les intérêts de la classe ouvrière" ?

Énorme nuance.

Car par quoi commence le discours de Jaurès à Lille en 1900 sur cette question fondamentale ?

Sur ce qu’il appelle "LA LUTTE DE CLASSE".

Et pourquoi ?

Parce que in fine la participation à un gouvernement bourgeois est pour lui un élément INTRINSÈQUE de "la lutte de classe" !

En cela il était profondément léniniste dans sa méthode.

Il le dit bien d’ailleurs : cette question de participation à un gouvernement Bourgeois est une question de TACTIQUE.

Je cite :

"(...)Oui, le principe de la lutte de classe vous oblige à faire sentir aux prolétaires leur dépendance dans la société d’aujourd’hui. Oui, il vous oblige à leur expliquer l’ordre nouveau de la propriété collectiviste. Oui, il vous oblige à vous organiser en syndicats ouvriers, en groupes politiques, en coopératives ouvrières, à multiplier les organismes de classe.

Mais il ne vous est pas possible, par la seule idée de la lutte de classe, de décider si le prolétariat doit prendre part à la lutte électorale et dans quelles conditions il y doit prendre part (...)

Par conséquent, au nom de la lutte de classe, nous pouvons nous reconnaître entre nous pour les directions générales de la bataille à livrer ; mais, quand il s’agira de déterminer dans quelle mesure nous devons nous engager, dans l’affaire Dreyfus, ou dans quelle mesure les socialistes peuvent pénétrer dans les pouvoirs publics, il vous sera impossible de résoudre cette question en vous bornant à invoquer la formule générale de la lutte de classe.

Dans chaque cas particulier. Il faudra que vous examiniez l’intérêt particulier du prolétariat. C’est donc une question de tactique et nous ne disons pas autre chose. (...)"

sur cette question je partage plus volontiers l’analyse Guediste

Jaurès fut un homme admirable. Même si je me retrouve aussi dans certaines idées de Guesde.

Je dis "un homme", parce qu’il était un homme "avant tout", une chair, une glaise, pétrie de souffle, un homme qui pensait, oui mais aussi un homme qui travaillait, un homme qui s’engageait physiquement, à des années lumières des petits marquis poudrés et des baronnes au long nez ou à fortes lippes dont le PS est truffé aujourd’hui...

Le PS est un opposant de salon.

Un Jaurès, un Guesde, balaierait tout ces bouffons d’un vaste geste !

Il n’est que de lire ce qu’écrivaient ces hommes comment ils l’écrivaient. On mesure le gouffre.

Et ce gouffre entre les socialistes sociaux démocrates ou révolutionnnaires de la fin du19è du début du 20 è, quel est il ?

C’est celui de l’expérience, de la lutte de terrain, du combat quotidien contre les forces actives de la bourgeoisie. Celui de l’échange d’idées avec cdesm ineurs des paysans ,des ouvriers, au jour le jour et pas seulement pour aire "joli" à un moment x ou y.

Si on parle bien du même Jaurès,celui qui se fit acclamer par les mineurs de Carmaux, celui qui fut abattu tellement il dérangeait, menaçait, l’ordre bourgeois ? Celui qui fut marxiste au delà de Marx ?

Alors tu ne peux être ni au PS ni avec Mélenchon. Ni au PCF D’ailleurs.

Aujourd’hui, en novembre 2008, si tu es jauréssien , tu ne peux être que dans le mouvement (il movimento) et le syndicalisme.

La Louve

PS : Et j’aimerais juste dire que sur la photo que tu as mise, JAURES est sous un DRAPEAU ROUGE.

Voilà. Et ça pour moi, c’est le symbole de tout ce qui sépare le PS et les "socialisses" d’aujourd’hui du Jaurès de la 2è époque.

Pour finir je citerai August Bebel (reprenant Jaurès) en 1904 à Amsterdam : « Le socialisme ne peut accepter une parcelle du pouvoir, il faut qu’il attende le pouvoir tout entier. Nous pouvons collaborer à des réformes partielles et nous y collaborons en effet ; mais un parti qui se propose la réforme totale de la société, la substitution d’un principe de propriété et de vie à un autre principe ne peut accepter que l’intégralité du pouvoir. S’il en a seulement une part, il n’a rien : car cette influence partielle est neutralisée par les principes dominants de la société présente. Les grands intérêts ennemis prennent peur sans qu’on puisse les frapper : l’idéal nouveau n’est point réalisé, mais compromis, et il y a une crise capitaliste dont le socialisme ne sort pas ».