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le communisme petit bourgeois !

8 décembre 2008, 21:50, par P’tit Nico

Ne t’inquiète pas, cher, Jules, personne ne l’a perçu comme méprisant, au contraire. Tu as tout à fait raison de te méfier de ce qui apparaît dans notre monde comme intellectuel et de t’y confronter quand même. Et je te remercie de me permettre d’ajouter quelques précisions en te répondant.

Encore plus raison de te méfier des « intellectuels » patentés (toujours la fameuse division travail intellectuel/travail manuel), même quand ils se disent de ton coté. Ce que je ne suis pas (intellectuel ! pas pas de ton coté), même si ma propre confrontation à ce monde m’a amené à me coltiner avec leurs écrits et certainement à en prendre les formes, ce qui fait qu’en effet mes écrits (ou mes paroles) sont perçus comme tels par beaucoup (je traine ma croix... snif, snif).

Je ne suis qu’un petit bourgeois (donc globalement dans le camp de ceux qui manient le verbe, fonctionnellement (fonction sociale) pour baiser l’ouvrier en lui faisant prendre leurs vessies pour sa lanterne. Ce qui ne fait pas de tout petit bourgeois un « intellectuel », la majorité d’entre eux ne lisant pas plus que les ouvriers, mais pas pour les mêmes raisons. C’est ce que j’ai essayer de faire passer avec la série des « Chomdu », sous une autre forme.

J’écris donc pour (non contre, enfin pour mais contre) les petits bourgeois (en tant que fonction sociale), même si des bourgeois et des prolos (tu en es l’exemple) peuvent lire ce genre de texte (enfin pas forcément le mien, ceux des “vrais” intellectuels), et des flics aussi d’ailleurs, pour mieux les renverser et les intégrer dans leur propagande. Je parle donc de ce que je connais le mieux de l’intérieur et que j’ai appris à décoder avec les analyses d’autres petits bourgeois (Marx notamment), et F. Courvoisier a raison de dire qu’il faut y aller voir, les choses étant ce qu’elles sont. Mes combats m’ayant exclu du monde du travail (hé, non, je ne suis pas resté « sur » ma branche, j’y étais dedans !), j’en profite pour travailler la réflexion un peu plus... entre autre ! Ce n’est pas parce qu’on écrit qu’on ne fait rien d’autre, attention aux mirages d’Internet qui tend à faire de nous des fantômes désincarnés. Personne, sauf à se connaître et se re-connaître, ne peut savoir la vérité de la sincérité dans cette forme. Ça, ça se fait avec les copains dans l’action concrète, sauf à s’en tenir à donner une info à l’occasion. C’est pourquoi, la « sincérité », l’« honnêteté », comme le dit Sarkomance qui ne peut que la « penser » ou l’« espérer », ne me paraissent pas des critères très opératoires sur internet (et dans tous les média d’ailleurs) ; c’est si facile de faire pleurer (n’est-ce pas LL ?), quand, comme tu dis, Jules, on « manie le discours ». Quand on sait qu’un petit bourgeois se nourrit d’illusions, quel intérêt de se situer par rapport à l’illusion qu’il se fait sur sa sincérité ?

Le seul moyen, c’est de confronter en permanence ce que nous dit notre expérience concrète personnelle (et d’autant plus dans l’action collective) et ce que nous apportent les analyses qu’on rencontre d’où qu’elles viennent, dans une gymnastique permanente de va et vient (hum, miam, miam), et qui n’a rien à voir avec le temps de la jeunesse et de la maturité (!! merde aux “sages” !). Nos expériences commencent au premier jour. Sans idoles (ce qui n’est pas si simple) et sans Maître.

J’ai donc décidé de faire « ce que le crime a fait de moi » et d’interpeler, de provoquer (sans compassions aucune, parce que je « sais » que malgré leur indignation dégoulinante et graisseuse, ces bonnes âmes méprisent profondément l’ouvrier qui n’est un bon prolo que lorsqu’il leur permet d’exprimer leur pitié hypocrite ou leur vocation « H »umanitaire. Seul le combat tel que je le décris à la fin de mon texte peut (peut !) permettre d’en sortir en ayant conscience de ce que l’idéologie continue à faire de nous)... ceux de ma classe, en essayant, sans illusions mais avec détermination, de faire en sorte (par l’écrit ou autre) que leur rendre honteuse la situation dans laquelle ils (nous) sont aide à la prise de conscience et à leur faire prendre partie pour la classe ouvrière sans prétendre la diriger. Ce qui peut prendre la forme de la conscience que dans le communisme ils seraient des travailleurs comme les autres (mais pas plus de deux par jour et en étant un jour pêcheur, un jour architecte, etc., enfin ce que nous, hommes/femmes enfin libres décideront qui est utile pour nous), donc qu’ils se battent aussi pour eux. « C’est contre une pratique, contre l’exploitation, contre un système d’oppression que nous en avons, pas contre les hommes et femmes quand ceux-ci rentrent en rupture avec leur classe bourgeoise d’origine.
 » comme dit Copas avec qui je suis souvent d’accord sauf quand il est trop en colère, mais ça nous arrive à tous, amen.

C’est pourquoi, je n’ai rien à dire, je n’ai pas de message à porter, aux « masses laborieuses » que j’ai côtoyé parfois (dans certaines luttes concrètes avec eux, pas dans les manifs ou au Parti, ça, ça ne veut pas dire grand-chose, même si ce n’est pas rien (je ne refuse rien, tout est bon à prendre... avec des pincettes). Si ce que j’écris modestement peut leur servir, tant mieux, mais en me crachant à la gueule (ho, c’est une image !) comme le faisaient les pauvres de Saint François d’Assise aux « braves » filles qui leur « donnaient » à manger (les resto du cœur de 1200) en se plaignant du fait que les pauvres ne leur en soient pas reconnaissants : « en leur donnant, vous leur prenez leur dignité, c’est normal ! », qu’il leur répondait le bougre (d’après la légende, j’y étais pas. J’ai de ces références des fois ! Ah, oui, ça doit être parce que t’as fait référence à la chanson « Ces gens-là » de Brel qui me fait pleurer, saloperie).

Dernier point, sur l’écriture simple. Pour moi, y a pas de lois. Ça dépend l’objet et l’objectif du texte. Si « ce qui se conçoit clairement s’énonce clairement », putain, je n’ai pas été atteint par la clarté des « Lumières » bourgeoises. C’est pas évident (en tout cas pour moi peut-être, mais Bourdieu le disait aussi. Ah, bon, si Bourdivin le dit, alors...) de développer une argumentation sur un sujet qui devient forcément abstrait à ce moment-là sans se faire piéger par le discours et ses formes bourgeoises (sauf à faire dans le Le Reboursier, peut-être, à chacun ses choix) et en essayant de prendre en compte certaines interprétations ou objections par anticipation. Ça par contre, ça doit être un effet de l’âge et de l’accumulation des débats. Putain, c’est chiant les vieux ! (comme ne dirait pas Le Reboursier, paix à son âme).

Bonne soupe, cher Jules.

P’tit Nico