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un article sur le NPA de michel Onfray

13 mars 2009, 14:01, par Antoine (Montpellier)

Onfray, fait comme le commun des non-philosophes "unitaristes" : il cède, dommage pour un philosophe "non aligné", à ce qu’il appellerait la doxa [la "vérité" non réfléchie] qui existe dans une partie de la gauche à gauche du PS. Il enfile les lieux communs sur "ne pas faire alliance des antilibéraux = pas de volonté de prendre le pouvoir = laisser les gens dans leur misère, etc.". Et comble de l’impensé philosophique et politique, ce serait "faire le jeu de la droite". Car c’est cela le déroulé de la pensée "onfrayenne".

Avec tout le respect que je lui porte, je dis à Onfray que cette histoire de "faire le jeu de machin", "ya qu’à voir comment la droite se frotte les mains", cela vient en ligne droite de la pensée stalinienne des Marchais et Cie, en somme des aigles politiques, qui condensaient le tout dans une formule qui avait plus de panache, les "gauchistes Marcellin". On voit où a mené cette clairvoyance aiguisée du PC.

Eh oui ! Onfray (sans le savoir ? sans le vouloir ?) s’abreuve à ce qu’il y a de plus dramatiquement primitif dans la pensée politique de gauche. Sans le panache de Marchais, il s’essaie à formuler la chose avec la conviction de quelqu’un qui veut sincèrement changer le cours des choses. Mais bon, on est là dans le bon sentiment et la politique, tiens, elle devrait en fait partir du réel. Et de ce point de vue-là le NPA n’est pas platonicien et Onfray, contrairement à ce qu’il pense, il n’est pas dans le réel réfléchi !

Le NPA réhabilite, à gauche, la politique, il parle de contenus, de bases programmatiques et aussi, oui, oui, d’alliances. Et quand, en face, nos unitaires-unitaristes disent « non, pas question de parler concret (régularisation des sans-papiers, etc), il suffit de se référer au label antilbéral », label qui permet dès aujourd’hui à un Bové de faire la campagne du ouiouiste Cohn-Bendit ou à un Fabius de soutenir la ouiouiste-aussi Aubry, on se dit qu’Onfray pourrait se tourner vers ces interlocuteurs du NPA et leur poser quelques questions : par exemple, si vous êtes si minimalistes politiquement, n’est-ce pas pour rejoindre le PS à la première opportunité ? Et comme le PC, on sait qu’il n’y a même pas à se poser la question...

Alors la question finale (comme on dirait la lutte finale) qu’Onfray pourrait poser/se poser serait : et alors, s’allier au PS, quel problème ? Et là, il sait très bien que cela veut dire trahir, nécessairement trahir, les espoirs que des gens de gauche, ou tout simplement du peuple, auraient mis dans la gauche. La misère dans laquelle le NPA est accusé de laisser, par son supposé défaut d’esprit unitaire, le bon peuple de gauche, quand a-t-elle été durablement résorbée par la gauche unie ? En ne pensant pas ce bilan de l’unité au pouvoir avec le PS, Onfray reprend tous les poncifs que le système sécrète : l’irréalisme du NPA, son sectarisme, etc.

Onfray est dans le point aveugle de ces jeux de glissements successifs qui font qu’en votant pour Mélenchon on est amenés, sans cadre d’accord un minimum clair, à soutenir Chevènement qui lui-même lorgne vers le PS…qui lui-même voit partir certaines de ses élites vers Sarko !

Alors, le NPA s’est constitué sur tout autre chose qu’un logiciel politique en place depuis pratiquement 1981 et qui a fait faillite ! Onfray lui garde le logiciel ! Dommage.

Et si, ceci étant dit, on peut toujours déplorer que l’unité ne soit pas de mise, il est quand même extraordinaire que la faute en incombe à ceux qui, au NPA, raisonnent en pratique-théorie, pas dans le ciel des idées pures, en termes de rupture et que soient épargnés les unitaires aux mains sales (!) du cambouis laissé par le mécano capitaliste sur lequel ils ont si bien travaillé...il n’y a pas bien longtemps (Mélenchon et Buffet membres du gouvernement Jospin-plus privatiseur que BallaJuppé ! Je sais que certains aimeraient qu’on n’en parle plus de cette épopée gouvernementale parce que maintenant on est dans des Européennes. Curieux, non ces cloisonnements politiques et historiques qui font qu’à Bruxelles-Strasbourg, ça n’a rien à voir avec la France, etc. ! Curieux ces points aveugles qui prévalent à gauche !).

Alors on pourrait inviter Onfray à cesser de voir le NPA, là où il n’est pas, dans le ciel des idées pures, et à regarder comment il est en train, lui, de se salir les mains dans une fausse unité-pour-changer. Ami philosophe, vite un détergent politique pour les mains et un collyre puissant car le NPA, justement ça crève les yeux (!), est unitaire pour deux. Les autres pour eux seuls…et le PS…donc le système…donc contre le peuple ! Et regarde d’un peu plus près comment le PS se frotte les mains de voir le NPA isolé dans son « sectarisme » ! Et quant à Sarko qui se frotterait les mains de voir le NPA augmenter son influence, il pourrait se retrouver à jouer à « qui s’y frotte, s’y pique ». Et puis, posons-nous la question, depuis quand, les réactions de la droite seraient dotées du label : là est la vérité, eux ils savent bien ce qui joue en leur faveur. Ce sont aussi des aigles les Sarko, Copé, etc. ? Ils savent le fin mot de ce qui se trame dans la lutte des classes ? Curieuse conception impressionniste de l’analyse politique à gauche ! La vérité serait dans ce que la droite croit savoir ? Assez pitoyable…

Antoine