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La Gauche prolétarienne en débat dans le Nord !

29 août 2009, 14:37

Cette histoire de "balance" commence en 1991 où Jean Harstrich un journaliste publie un bouquin sur les méthodes des RG. Il parle de la période de Marcellin et dévoile la manière dont les flics s’y sont pris pour infiltrer la plupart des mouvements d’extrême gauche, dont la GP. C’est dans ce livre que l’on écrit pour la première fois qu’il y avait un indic infiltré au sein de la direction de l’organisation. On perle alors d’un certain "Paul" ouvrier dans le Nord.
Christophe Bourseiller reprend cette information dans son histoire des mouvements maoistes en france mais il ne dévoile pas l’identité du principal suspect.
C’est Jean Guisnel, un ancien journaliste de Libération qui va le premier faire le lien avec Joseph Tournel.
L’opération politique la plus visible est celle que mène Claire Brière dans l’autobiographie qu’elle a publié récemment intitulé de Pékin à Sochaux. L’auteur associe l’adhésion du mineur au « habitudes staliniennes » et à la radicalité politique revendiquée par les militants de l’organisation et c’est de cette manière qu’elle justifie l’arrivée à un poste de pouvoir de cet ouvrier . L’auteur qui a participé à la revue Histoire et Liberté de Pierre Rigoulot l’un des co-auteur du très controversé Livre noir du communisme développe dans cet ouvrage un certain nombre de positions qui présentent l’action de la Gauche Prolétarienne comme relavant du totalitarisme. La figure de Joseph Tournel est alors présentée comme un repoussoir ouvriériste qui au fil du récit devient le symbole d’une erreur de jeunesse aussi tragique que dangereuse.
Le dernier militant de la mémoire du maoïsme de la G.P. a prendre position est un de ses membre fondateur, ex-journaliste licencié de Libération après un conflit syndical l’opposant à Serge July. Il s’agit de Jean-Paul Cruse. Dans un ouvrage refusé par l’éditeur Fayard et finalement publié sur internet l’homme revient durement sur un passé militant qu’il ne renie pas et interpelle les divers protagonistes de l’affaire en menant une opération de va et viens constants entre le passé et le présent.

« Il est temps, donc, de réhabiliter Joseph Tournel. On va le faire - mais "à la chinoise", en oblique, donc, et pas n’importe comment. C’est la guerre... L’ancien mineur était surtout connu pour sa vibrante « croisade », devenue celle de La Cause du Peuple toute entière, contre le notaire Leroy de Bruay en Artois (le premier « scoop » frelaté d’un futur "patron de presse", aujourd’hui au rancart "dans les poubelles de l’histoire", Serge July).
Et c’est maintenant sans pitié et sans considération pour le pauvre vieux mineur en retraite, "lynché" avant jugement comme avant lui, et de son fait, le notaire Leroy, sa tête de turc dans l’affaire de Bruay, que les anciens dirigeants repentis de l’ "ex-GP", après avoir hissé Tournel dans leur cénacle, recrachent, à cette occasion, l’ « ouvriérisme" qui avait pu être le nôtre - mais avant tout le leur... Ils avaient en effet imposé une politique hâtive de promotion de « prolos » recrutés à la va-vite, sans examen et sans prudence, et poussés prématurément, hors de tout contrôle, à des postes de responsabilité...On leur ouvrait l’accès, dans le cas de "Paul"-Joseph en tout cas, aux informations les plus « sensibles »...Certains d’entre eux avaient tout, en effet, comme l’explique Harstrich, pour devenir la « cible » privilégiée des RG, dans leur travail d’infiltration de la GP. Ouvriers, ils bénéficiaient à nos yeux d’un a priori favorable, et d’un effet d’image - devenu halo, trompeur. [...]
Ensevelir et Joseph et l’ « ouvriérisme benêt » des maos sous une avalanche de ragots, de rires gras et de rumeurs méprisantes : cette campagne a évidemment un but. Au-delà de la "cible" "Paul"-Joseph, les repentis sautent sur l’occasion pour tenter de justifier, après coup, l’autodissolution liquidatrice du groupe dans son ensemble. On dénigre ainsi le sérieux de l’"aventure", comme les mérites, les sacrifices, et les actes d’engagement authentique d’une génération entière de militants . »

On le voit à la lecture de ces divers témoignages, la lutte de définition pour imposer un sens à l’histoire du maoïsme reste encore vive. A l’instar le moment 68 décrit par Kristin Ross on pourrait ainsi dire que le maoïsme de la Gauche Prolétarienne vit, lui aussi, une vie ultérieure qui relève autant de l’historiographie que de l’espace des prises de positions politiques.