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Guerre d’Algérie - Ce que me semblent cacher les critiques post-mortem à A. CAMUS

13 janvier 2010, 14:33

Elle est très forte et très belle cette interview. H Alleg y dit bcp de choses qui font réfléchir et sa manière de présenter les choses sonne vraiment juste. LL

Il y a vingt ans, tombait le mur de Berlin. Pourquoi êtes-vous resté fidèle à l’idée communiste  ?

Henri Alleg. Il est difficile de s’expliquer là-dessus. Autant me demander pourquoi mon cœur bat à tel rythme. Lorsque je me suis engagé, il était relativement simple de savoir quelle voie emprunter. J’avais quinze ans lorsqu’a éclaté la guerre d’Espagne et je rêvais, avec mes amis, de m’engager parmi les brigadistes. Nous étions trop jeunes pour cela. Mais nous savions parfaitement quel était notre camp. Il y avait, d’un côté, Franco, les hitlériens, les fascistes, et, de l’autre, le Front populaire, le combat pour un autre monde. À nos yeux, cet autre monde était symbolisé, à l’époque, par l’URSS et les pays socialistes. Des choses auxquelles nous avons sincèrement cru ont été cruellement démenties par l’histoire. Moi aussi, j’ai fait le point. Mais je crois que les désillusions ne doivent pas ébranler notre conviction que l’on peut changer le monde. Notre rôle de révolutionnaire n’est pas, désormais, de s’acheter un équipement complet pour aller à la pêche le dimanche. Pourquoi de telles fautes, de telles erreurs ont-elles été commises  ? Nous devons tirer notre propre bilan de ces expériences historiques, sans se rallier docilement au discours de ceux qui nous ont toujours combattus. On le voit aujourd’hui  : la crise du capitalisme met à mal ceux qui présentent ce système comme indépassable. Il nous faut poursuivre ce combat pour une autre société. Il n’y en a pas d’autre qui vaille. Ou alors, il faut tout accepter, comme nous y invite Sarkozy, et devenir nous aussi, des dealers, des gens qui font leur beurre sur le dos des autres.