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> Cesare Battisti : la Cour de cassation doit se prononcer sur l’extradition, ce mercredi

30 septembre 2004, 02:15

En France, chaque cellule républicaine, du citoyen aux pouvoirs et à tout l’Etat, y compris l’administration, est garante respectivement de l’unité indivisible des trois principes, de liberté, de fraternité et d’égalité, en laquelle consiste la structure politique généralisée à tout le réseau démocratique de la société française ; c’est ce qui assure le droit des minorités sous le règne des majorités sans avoir à référer aux communautés (supposées inclues dans la majorité et les minorités) - en cela consiste la laïcité républicaine cadrant la cohésion sociale, mais aussi l’autonomie citoyenne face aux pouvoirs.

Cela n’empêche pas les différences de classe et de devoir les combattre, justement aussi au nom de ce principe ; mais chacun même le plus pauvre dès lors qu’il détient une carte d’identité est redevable de cette éthique face au constat d’infamie. Ce n’est pas la délation qui s’y trouve assujettie mais bien l’insoumission - une forme d’insurrection individuelle pour se désolidariser de la trahison.

C’est donc le garde fou en la rupture duquel se désigne le devoir d’insoumission, à tous les niveaux, de l’électeur à l’administration, et d’un pouvoir par rapport à l’autre (si l’un d’entre eux rompait de représenter ou d’agir à l’égide de ce pacte politique)... C’est en ceci qu’un préfet comme Jean Moulin, ou un général de brigade comme de Gaulle, ou des citoyens ont pu s’insoumettre par devoir républicain, et certains sans être nécéssairement nationalistes - mais appliquant le principe républicain de toutes façons.

Aussi, le pouvoir judiciaire ne peut déclarer que l’aspect politique de l’affaire Battisti ne relève pas de son observation mais de celle du pouvoir exécutif, puisque l’autonomie de la justice suppose qu’elle soit garante du pacte politique elle-même. Alors que ce n’est pas le cas par exemple en Belgique, ou au Pays bas.

Aussi put-on dire "la politique c’est la république en France" car tous, que l’on soit dans ou hors de la hiérarchie, nous y sommes attribués politiquement du respect de ce pacte, indépendamment des classes sociales.

C’est ce qui explique possible la coordination des maquis communistes et gaullistes sous une seule autorité acceptée de tous pendant la seconde guerre mondiale, ainsi que le gouvernement de la même alliance à la Libération (je ne parle pas des règlements de compte auxquels cela a pu donner lieu mais ne les ignore pas) ; la tradition a été refondée par de Gaulle à ce moment là et confirmée dans la 5è république présidentielle, d’autant plus après la guerre d’Algérie. Sans cette tradition la doctrine Mitterrand n’aurait pas été concevable.