Accueil > ... > Forum 376650

SOS REGIONALES !

22 février 2010, 13:56, par langue-rouge

Parce que tu te faisais des illusions sur Jospin en 1997 ?
Strauss Kahn ne défend pas un programme fondamentalement différent que celui que défend son parti d’Aubry à Royal.

Je ne vote pas pour le candidat le mieux placé (souvent PS) au second tour parce que son programme me plait ou parce que je me fais des illusions sur ce qu’il fera une fois au pouvoir.
Je n’ai pas le choix des armes et je refuse de me désinterresser de ce qui arrivera si la droite réactionnaire arrive au pouvoir.

Je le fais pour une simple et bonne raison : le rapport de force pour le mouvement ouvrier. Je considère qu’une victoire de la droite nous met dans une situation plus compliquée qu’une victoire de la gauche aussi sociale-libérale soit-elle.

 Une victoire de la droite c’est clairement la victoire du grand patronat et de la réaction. Le soutien d’une partie des classes populaires à la droite se fait généralement sur des bases sécuritaires, racistes et de replis individualiste et cela met les classes dirigeante de frapper beaucoups plus fort avec le soutien d’une partie des classes populaires.

 Une victoire de la gauche, c’est plus compliquée à analyser. Certes, une partie des classes dirigeantes peuvent jouer le jeu de l’alternance pour retrouver un second souffle dans les contre-réformes. Mais le basculement d’une partie des classes populaires vers la gauche, basculement sans lequel il ne peut y avoir de victoire de la gauche, se fait sur des revendications sociales. Même si le PS n’a absolument pas l’intention de mettre en avant des réformes sociales, il doit davantage que la droite prendre en compte qu’une partie essentiel de son électorat attend de lui qu’il rompt avec les politiques libérales et sa victoire suscite au sein des classes populaires l’espoir que de nouveau elles sont en mesure d’imposer des mesures sociales.
Il est plus facile de construire un rapport de force sur cette base que dos au mur face à une droite triomphante. Encore faut-il évidemment que la gauche radicale joue son rôle et ne sert pas de caution au PS. L’indépendance politique est absolument indispensable si on ne veut pas connaitre un remake de l’après 81 avec un mouvement ouvrier anesthésié par un parti communiste qui ne voulait pas gêner les camarades ministres.

Ce sont les contradictions soulevées par une victoire du PS qui permettent potentiellement d’ouvrir une brêche dans le consensus libéral et de redonner au moins partiellement confiance aux travailleurs dans leur capacité à renverser en leur faveur le rapport de force.

Bref, tant que le PS jouera le rôle même par défaut et très partiellement d’un parti social-démocrate, c’est à dire d’un parti qui porte malgré lui les espoirs d’une majorité des travailleurs progressistes, on sera condamné à le soutenir au second tour contre la droite. Le tout est de le soutenir non pas servilement mais plutôt comme la corde soutient le pendu.

Evidemment, si on pouvait détacher les travailleurs de l’influence du PS simplement en pointant du doigt ses multiples trahisons et en détaillant ses inconséquences, nous ne serions pas obligés de faire cela. Mais l’histoire nous montre que si la dénonciation des trahisons de la sociale-démocratie hier, du social-libéralisme aujourd’hui est nécessaire, elle est loin d’être suffisante.
Se contenter de faire cela c’est se condamener à l’impuissance.

Jouer sur les contradictions, les failles des classes dominantes mais aussi des directions traditionnelles du mouvement ouvrier, il n’y a que comme cela que nous pourrons avancer.
L’extériorité totale est peut-être rassurante, elle permet peut-être à bon compte de se déclarer pur et sans tâches mais de cette pureté des éternels spectateurs qui n’osent jamais monter sur scène de peur d’avoir à se confronter à la réalité et qui du coups restent dans la salle à distribuer les bons et les mauvais points.