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Publie le lundi 11 septembre 2006 par Open-Publishing

CE MERCREDI 13 SEPTEMBRE 2006
A 18 H 30

"C’EST L’HEURE DE L’METTRE"

sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

en direct sur le www.campuslille.com

Avec "1/4 d’heure en Palestine" spécial :

Nous nous entretiendrons longuement avec Michel WARSCHAWSKI, en direct de Jérusalem.

Ci-dessous, l’un de ses articles, paru le 21 juillet dernier, au plus fort de l’agression sioniste.

A sa suite, quelques règles déontologiques pour ceux qui, comme nous, évoquent ces sujets "sensibles" devant les micros...

Liban : La guerre préventive permanente d’Israël et les limites de l’unilatéralisme.

Publié le vendredi 21 juillet 2006. AIC, Jérusalem, 18 juillet 2006 - www.alternativenews.org
par Michel Warschawski

« Nous sommes en guerre ! » proclame Israël depuis cinq ans. Une espèce unique de guerre : une guerre unilatérale, où un seul des deux côtés, Israël, combat, frappe, détruit, assassine, arrête, torture.

Et maintenant, soudain, l¹autre côté riposte en attaquant des militaires aux avant-postes israéliens et des véhicules blindés, et quand l¹autre côté a fait des prisonniers de guerre - ils ne sont pas considérés comme des combattants ennemis, mais comme des terroristes qui attaqueraient sans raison un état souverain.

Cinq années d¹usage à peu près unilatéral de la violence crée l¹illusion d¹être le seul acteur en scène, tous les autres n¹étant pas plus que des objets passifs de la brutalité unilatérale. Et après l¹illusion, c¹est la surprise et maintenant, la désillusion.

Les services de renseignement militaires israéliens ont été surpris par l¹attaque palestinienne victorieuse au poste militaire de Kerem Shalom, comme par l¹attaque Hezbollah à la frontière du sud Liban ; le Mossad a été surpris par la capacité de frappe de ce même Hezbollah sur les grandes villes israéliennes, avec missiles et roquettes. La surprise est toujours le prix à payer de l¹arrogance coloniale et de son incapacité structurelle à envisager les colonisés comme des humains qui peuvent penser, avoir des plans, des actions et des réactions.

Bien qu¹ils parlent tout le temps d’ « Arabes », de « menace arabe », d’« ennemi arabe », de « menace musulmane » etc., les Israéliens ne saisissent pas le lien évident qu¹il y a entre les massacres perpétrés par l¹armée israélienne à Gaza et la contre-attaque des activistes libanais. Par conséquent, ils sont, presque unanimement, très surpris et profondément offensés : comment une organisation libanaise ose-t-elle attaquer des villes israéliennes, sans aucune raison, ni provocation de leur part à eux ? !

Habitués à l¹usage unilatéral de la violence, les citoyens de l¹Etat d¹Israël sont, ces jours ci, totalement désorientés, et, comme d¹habitude, ont un fort sentiment d¹être des victimes, les victimes de la haine mondiale contre les juifs en tant que juifs.

La réponse stratégique de l¹état-major israélien, est de multiplier l¹usage de la violence, se référant à la vieille et stupide conception militaire selon laquelle « ce qui n¹a pas pu être fait par la force, doit être fait avec plus de force ». Ils n¹ont pas la moindre idée de ce que peut être l¹issue de leurs bombardements des infrastructures civiles libanaises sur la stabilité du régime ; ils rêvent d¹attaquer la Syrie, sans aucune sérieuse évaluation du potentiel iranien de réaction à une telle attaque, y compris l¹émergence d¹une insurrection chiite contre les forces étasuniennes en Irak. Comme toute armée coloniale, ils veulent « donner une leçon » aux Arabes, ou aux Musulmans, par leur supériorité militaire.

Pendant ce temps, les Israéliens sont les seuls à apprendre, de façon pénible, que tôt ou tard l¹usage unilatéral de la violence conduit à l¹usage réciproque de la force et que dans un proche avenir, ils risquent d¹apprendre aussi que, au Moyen-Orient, un conflit local peut dégénérer en une guerre régionale. Le fait qu¹une petite organisation libanaise bien structurée peut provoquer de sérieux dégâts au coeur d¹Israël est un terrible coup porté à la force de dissuasion de l¹état hébreu, et les tonnes de bombes lancées sur le sud Liban n¹arriveront pas à changer cette nouvelle réalité.

La crise actuelle n¹est pas finie pour trois raisons : premièrement, il n¹y a aucun signe de quelque reddition que ce soit, ni dans les Territoires occupés palestiniens, ni au Liban. Bien que plusieurs régimes arabes, en particulier l¹Arabie Saoudite, l¹Egypte et la Jordanie, et qu¹une partie de l¹élite dominante libanaise, soient mécontents de la contre-attaque du Hezbollah, la brutalité de la violence israélienne a rapidement créé un large ressentiment arabe contre la violence israélienne, et un soutien à la Résistance.

Deuxièmement, parce qu¹il n¹y a et qu¹il n¹y aura pas de pression internationale sur Israël : même l¹Union européenne est en train de considérer Israël comme une victime ayant un droit de riposte légitime... quoique de façon proportionnée. Troisièmement, parce que la population israélienne ne considère pas la perte de vies israéliennes comme un échec de la politique de son gouvernement et comme un catalyseur de son mouvement de masse anti-guerre, comme ce fut le cas pendant la guerre du Liban, en 1982-1985.

Ayant intériorisé la théorie du choc mondial des civilisations et, par conséquent, le besoin d¹une guerre préventive permanente, la majorité de l¹opinion publique israélienne considère le fait d¹avoir des victimes, civiles et militaires, israéliennes, comme une chose naturelle et inévitable. En d¹autres termes, la politique gouvernementale n¹est pas vraiment responsable des souffrances de la population israélienne, perçues comme le prix à payer pour protéger Israël, en tant que partie du « monde civilisé », face à la barbarie musulmane.

La grande difficulté à considérer le « clash des civilisations » comme une fausse logique, enracinée dans l¹opinion publique israélienne depuis 1996, est confirmée par l¹effondrement total de Peace Now, la plus grande organisation de masse pacifiste israélienne, son silence pendant la guerre sauvage de destruction déclanchée par Sharon entre 2001 et 2005, et aujourd¹hui, son soutien à l¹agression contre Gaza et le Liban.

C¹est pourquoi, à la différence de 1982, seulement 800 femmes et hommes ont manifesté hier soir à Tel Aviv contre l¹agression israélienne au Liban et la politique israélienne de domination. Si courageux et déterminés qu¹ils soient, ces activistes du mouvement anti-colonial ne peuvent pas changer la ligne d¹action du gouvernement et sa conduite vers une guerre permanente dans la région. Mais au moins leur opposition à la politique guerrière de leur propre gouvernement est-elle une preuve vivante qu¹il n¹y a pas de « clash des civilisations » ni, comme les médias sont en train de le décrire, « un problème général de culture » entre juifs et arabes. Bien sûr, il y a un clash, un clash entre, d¹une part ceux qui, à Washington comme à Tel Aviv, sont en train de mener une conquête de colonisation du monde sous la domination des grands firmes mondiales et de l’empire Us, et, d¹autre part, les peuples du monde qui aspirent à une liberté réelle, à une indépendance souveraine et véritable

Traduit de l’anglais par Marie-Ange Patrizio.


Voici, en exclusivité, ces règles que tout le monde doit avoir à l’esprit lorsqu’il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin. Tout deviendra simple.

Règle numéro 1 : Au Proche Orient, ce sont toujours les arabes qui attaquent les premiers et c’est toujours Israël qui se défend. Cela s’appelle des représailles.

Règle numéro 2 : Les arabes, Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme.

Règle numéro 3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s’appelle de la légitime défense.

Règle numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.

Règle numéro 5 : Les Palestiniens et les libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépassent pas trois soldats.

Règle numéro 6 : Les israéliens ont le droit d’enlever autant de palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 10000 prisonniers à ce jours dont près de 300 enfants). Il n’y a aucune limite et n’ont besoin d’apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique "terroriste".

Règle numéro 7 : Quand vous dites "Hezbollah", il faut toujours rajouter l’_expression « soutenu par la Syrie et l’Iran ».

Règle numéro 8 : Quand vous dites "Israël", Il ne faut surtout pas rajouter après : « soutenu par les Etats-Unis, la France et l’Europe », car on pourrait croire qu’il s’agit d’un conflit déséquilibré.

Règle numéro 9 : Ne jamais parler de "Territoires occupés ", ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l’auditeur de France Info.

Règle numéro 10 : Les israéliens parlent mieux le français que les arabes. C’est ce qui explique qu’on leur donne, ainsi qu’à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s’appelle de la neutralité journalistique.

Règle numéro 11 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ses règles ou si vous trouvez qu’elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c’est que vous êtes un dangereux antisémite.