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10% des boîtes de nuit pourraient fermer en 2005. Raison principale : la vogue des bars musicaux.

Publie le samedi 1er janvier 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

Les boîtes de nuit ne sont pas à la fête

10% d’entre elles pourraient fermer en 2005. Raison principale : la vogue des bars musicaux.

Par Coralie FEBVRE

« La soirée de Halloween a été décevante, la Saint-Sylvestre s’annonce pire. » Hervé Taron, propriétaire du Cinq à L’Hôpital (Moselle), triple habituellement son chiffre d’affaires le 31 décembre. Cette année, il a « cinq fois moins de réservations qu’en 2003 ». Morosité passagère ? Selon les syndicats, 10 % des 3 400 discothèques de France pourraient fermer dès 2005. « La moitié sont en redressement judiciaire », s’alarme Aimé Teissier, président de la branche discothèque de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière (Umih), qui s’inquiète pour les 32 000 salariés du secteur.

Ringardisées, les boîtes cèdent le terrain aux bars musicaux. « Lundi, j’ai cours de tango, mercredi concert de jazz, et vendredi un jeune DJ vient mixer », raconte Jérôme, 27 ans, ex-clubber devenu fidèle à un bar de Belleville. « L’ambiance est chaleureuse. Et elle décolle assez tôt, ce qui me permet de sortir si je bosse le lendemain. » Vers 2 heures du matin, rares sont les clients prêts à payer l’entrée en boîte. Surtout s’ils n’y font qu’un rapide tour de piste : la plupart des préfets imposent la fermeture à 4 heures du matin. « Au moment où la fête bat son plein, il faut mettre 500 personnes dehors ! » regrette Aimé Tessier. A peine quelques départements se distinguent : l’Eure-et-Loir, le Loiret et les Ardennes ouvrent jusqu’à 7 heures.

Loi antibruit. Deuxième grief syndical : la chasse aux conducteurs alcoolisés. Elle aurait amputé de 24 % le chiffre d’affaires du secteur. « La répression a vidé les routes de nuit de leurs habitués », pointe l’Umih. De plus en plus nombreuses depuis la législation antibruit de 1998, les discothèques situées à la sortie des villes sont les premières à en pâtir. Pourquoi ne pas organiser des soirées sans alcool ? « Les clients fuient vers les soirées privées », soupire un patron lillois.

Seul un lifting énergique permet aux discothèques de sauver leur peau. Déco inventive, buffets à thème, soirées after work (19 heures-2 heures) : autant de formules destinées à reconquérir le client. Encore faut-il trouver de l’argent. Echaudées par la précarité administrative des discothèques (l’autorisation d’ouverture tardive doit être renouvelée chaque année), les banques refusent de s’engager. « Pas étonnant que les boîtes servent, dans certaines régions, à blanchir l’argent tiré d’activités douteuses », déplore Hervé Taron.

A la demande des syndicats, le gouvernement avait, en 2003, limité les fermetures administratives puis allégé la taxe professionnelle. « Ce n’est pas assez », estime l’Umih, qui réfléchit à une « charte de la nuit ». La profession réclame depuis des années une harmonisation des horaires de fermeture. « La sécurité routière y gagnerait, plaide Aimé Teissier. On servirait des collations et des cafés. On échelonnerait les départs en voiture. Les clients les moins en forme pourraient repartir en bus. » En février, le délégué interministériel à la Sécurité routière avait approuvé l’idée. Mais la décision relève du ministère de l’Intérieur, qui n’a pas eu le temps de recevoir les syndicats.

Ecole. Chez les salariés, on s’en prend aussi au manque de professionnalisme des exploitants. « Payer au noir des DJ amateurs ne sert pas les intérêts d’une boîte », déplore Wilfrid de Baise, directeur du magasin de disques DMC et formateur de DJ. Il y a trois ans, DMC et l’UCPA ont ouvert, à Lyon, la première école d’« animateur musical et scénique ». Pendant 18 mois, les aspirants DJ jonglent entre cours spécialisés (scratch, musique assistée par ordinateur, light-jocking...) et notions de droit et de gestion. « En septembre, j’ai placé un diplômé dans une boîte à l’agonie, à Valence », raconte Style MC, l’un des formateurs. « Il a pris les choses en main, trouvé des financements, soigné les flyers et démarché les clients. Le redressement est en bonne voie. » Reste à faire comprendre que la compétence à un coût : « Minimum 1 600 euros net, avec un statut de salarié. Une vraie révolution culturelle. S’ils résistent, les patrons se condamnent à mort. »

http://www.liberation.fr/page.php?Article=265098

Messages

  • Ce qui est surprenant, c’est plutôt que seulement 10 % des boîtes fermeraient.

    La boîte en France, c’est une illustration magnifique de ce qu’est la soumission à des "pouvoirs" non seulement illégitimes, mais en plus illégaux en l’occurrence.

    C’est une préparation parfois poussée avant de se présenter à l’entrée, pouvant être sanctionnée par un refus d’accès prononcé par un pauvre type, souvent analphabète et plus ou moins délinquant.
    La chose s’agrémente souvent d’un délit de faciès et de discrimination raciale, d’un délit de non- jeunisme, d’un délit de solitude, d’un délit de tenue vestimentaire...Tout cela ressemble fort à un "refus de vente", mais mieux vaut éviter d’appeler la maison poulaga, parce que là, c’est toi qui te retrouves en garde à vue...
    Il faut ramper pour être en mesure de payer une somme prohibitive pour une bibine souvent infecte ou trafiquée, dont on sait que l’on ne pourra s’en payer une seconde de toute façon...

    Les noctambules sont souvent trop stupides pour imaginer autre chose que sortir en boîte le samedi soir, où ils font semblant de s’"éclater".... Pourtant, au vu de ce que cela leur coûte, ils pourraient en construire des soirées, et de beaucoup moins nazes...

    L’aventure se solde de plus en plus souvent par un contrôle d’alcoolémie où la volaille en embuscade se fait un point d’honneur de te sucrer ton permis...