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2 OPPOSANTS DE L’OMC SONT TOUJOURS DERRIÈRE LES BARREAUX !

Publie le vendredi 1er août 2003 par Open-Publishing

MONTREAL, jeudi le 31 juillet 2003. Alors que la
conférence ministérielle de l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) est maintenant chose du passée, deux
des quelques 240 personnes arrêtées lors de la vaste
chasse aux manifestantEs lancés par les groupes
d’intervention du Service de police de la ville de
Montréal (SPVM) sont toujours emprisonnés.

Le premier des deux prisonniers politiques s’appelle
Jonathan, qui en est à a troisième interpellation pour
sa participation à des activités politiques pour ce
seul mois de juillet 2003 ! [Voir l’article " 2
PRISONNIERS POLITIQUES DE TENT CITY PLAIDENT
COUPABLES ! " du 15 juillet 2003 sur le site du COBP]

Jonathan a été de nouveau arrêté en avant-midi, le 29
juillet 2003, au parc Lafontaine, qui est devenu la
seconde zone verte des opposantEs à l’OMC suite à
l’arrestation de masse survenu la veille. De toute
évidence, cette nouvelle zone verte était aussi peu
sécuritaire que la précédente puisque c’est là qu’un
commando de policiers en civil ont capturé Jonathan et
deux autres de ses compagnons, qui ont toutefois été
relâché sans aucune accusation.

Cette arrestation avait d’ailleurs davantage l’allure
d’un kidnapping, selon le compte-rendu d’un témoin
oculaire qui a été traduit de l’anglais au français
avant d’être mis en ligne sur le site du CMAQ [Voir
l’article " Témoignage oculaire de l’enlèvement ", du
mardi 29 juillet 2003]. Rappelons que suite à son
arrestation à l’action de Tent city du 5 juillet 2003,
Jonathan avait été interdit de séjour sur l’île de
Montréal, en plus d’être soumis à une série de
conditions qui s’ajoutent à son ordonnance de
probation.

Le lendemain de cette nouvelle arrestation, Jonathan a
choisit de plaider coupable aux multiples accusations
de " bris de condition " et de " bris de probation "
qui ont été portées contre lui. Le juge l’a condamné à
une peine de 30 journées d’emprisonnement, qu’il a
commencé à purger hier. Tout ça, parce que Jonathan a
décidé d’aller à Montréal !

Quant au deuxième prisonnier politique de l’OMC, il
s’agit de Vaugh Barnett, un résident du
Nouveau-Brunswick venu se joindre aux manifestations
anti-OMC de cette semaine et qui se représente
lui-même en cour. Arrêté au Sommet des Amériques à
Québec il y a deux ans, Vaugh avait passé 42 journées
en prison parce qu’il contestait à la fois la légalité
de son arrestation et l’ensemble du processus
judiciaire qui s’en est suivi.

Vaugh a comparu détenu pour une première fois devant
le juge-président de la cour municipale, M. Pierre
Mondor, le mardi 29 juillet, où on l’a inculpé de
participation à un " attroupement illégal " sur le
boulevard Saint-Laurent. Etudiant en droit qui n’a pas
froid aux yeux, Vaugh a été le seul des détenus à qui
le juge Mondor a permis qu’on lui remette ses
lunettes, qui lui avait été confisquées par le
personnel policier du centre opérationnel où il avait
été détenu suite à son interpellation. Non pas sans
une chaude lutte.

En effet, lors de sa comparution, Vaugh s’était vu
offrir par le juge Mondor une paire de lunettes en
plastique comme on en trouve dans les pharmacies.
Mondor avait alors dit qu’il ferait une exception, et
une seule, en autorisant Vaugh a porté des lunettes
lors de sa comparution. Cependant, Vaugh a refusé
d’accepter les lunettes de plastique offerte par le
juge Mondor et c’est au prix d’une certaine insistance
que les policiers ont dû se résoudre à retourner au
centre opérationnel pour aller chercher les lunettes
de Vaugh et les ramener à la cour municipale de
Montréal. Tout cet exercice a prit 45 minutes.

Fidèle à ses convictions, Vaugh avait alors refusé les
neuf conditions de remise en liberté que voulait lui
imposer la poursuite, suite à quoi il reprit le chemin
des cellules en attendant son enquête-caution prévu
pour le lendemain. Des quelques 160 opposantEs détenus
qui ont défilés devant la cour municipale le 29
juillet, Vaugh est le seul qui a maintenu coûte que
coûte son refus catégorique d’accepter les neuf
conditions de la poursuite, qui sont :

1) demeurer à la même adresse ; 2) aviser la cour de
tout changement d’adresse 48 heures avant le
changement ; 3) ne pas se trouver dans le quadrilatère
délimité par les rues Sherbrooke, au Nord,
Saint-Jacques, au Sud, Bleury, à l’Est, et Guy, à
l’Ouest, jusqu’au 31 juillet ; 4) ne pas manifester
sur une propriété privée sans le consentement du
propriétaire ; 5) ne pas prendre part à aucune
manifestation sur le domaine public à moins qu’elle ne
soit paisible et légale ; 6) si en prenant part à une
manifestation qui, à son origine, est paisible et
légale, et que celle-ci deviennent non-paisible et
non-légale, de quitter les lieux sans délais ; 7) ne
pas manifester en portant un masque ; 8) ne pas
manifester en ayant sur soi toute arme ou imitation
d’arme ; 9) et un dépôt de 200$.

Lorsqu’il a comparu détenu à nouveau, le 30 juillet,
la poursuite a déclaré à la cour qu’elle ne s’opposait
pas à la remise en liberté de Vaugh moyennant son
acceptation des neuf conditions. Le hic, c’est que
Vaugh a signifié à la cour qu’il n’a jamais eu
l’intention d’accepter aucune condition que ce soit.
Selon lui, le tribunal n’a pas le pouvoir de lui
imposer de telles conditions. Et ce, même si le
montant de 200$ réclamé par la cour avait déjà payé à
son attention. Prise au dépourvu, la poursuite n’avait
aucun argument à offrir à la cour.

Vaugh est donc demeuré détenu et c’est à partir de sa
cellule du centre de détention provincial de
Rivières-des-Prairies qu’il va continuer sa bataille
juridique afin de retrouver sa liberté
inconditionnelle. Il devrait vraisemblablement
adresser une requête devant la cour supérieure d’ici
les prochains ou les prochaines semaines. C’est donc à
suivre !

Soulignons que la lutte contre les conditions de
remise en liberté abusives est d’une grande importance
stratégique pour les militantEs des mouvements
dissidents radicaux, qui se retrouvent davantage
judiciarisés de manifs en manifs et de sommets en
sommets. La situation de Jonathan en est d’ailleurs
une illustration éloquente.

D’ailleurs, ce que beaucoup de gens ignorent c’est que
plusieurs des manifestantEs qui ont été libérés par
promesse de comparaître dans la nuit du lundi 28
juillet au mardi 29 juillet, ont signé des conditions
de remise en liberté d’une plus grande portée que
celles qui ont été imposés aux personnes qui ont
comparu détenus à la cour municipale.

En effet, certaines personnes se sont vus privés du
droit de participer à toutes manifestations que ce
soit, une condition qui est devenu illégale depuis le
fameux jugement du juge Greenberg de la cour
supérieure du Québec, en décembre 1997, dans la cause
du commando-bouffe du Queen Elizabeth. D’autres se
sont vus imposer un quadrilatère encore plus grand (de
Sherbrooke à Saint-Jacques et de Papineau à Atwater)
pour une durée indéterminée, dans certains cas. Enfin,
ces conditions devraient être contestées lors des
comparutions qui auront lieu la semaine prochaine, le
6 août 2003, à la cour municipale, pour les
manifestantEs libérés par promesse de comparaître.

SALUONS LE COURAGE ET LA VOLONTE D’INSOUMISSION
DES DEUX DERNIERS PRISONNIERS POLITIQUES
DES JOURNEES D’ACTION CONTRE L’OMC !