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2014 Moins nombreux, plus heureux

Publie le dimanche 25 mai 2014 par Open-Publishing
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2014 Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) livre collectif, coordinateur Michel Sourrouille

Je ne vous le cache pas, cet article est réellement long mais aborde un problème très actuel : la disparition des ressources sur la planète face à l’augmentation de la population, un livre écrit par plusieurs auteurs, le bal étant mené par Michel Sourrouille :

The-Georgia-Guidestones_photo_mediumLes « Georgia Guidestones », référence de certains pour la réduction de la population

Éditions Sang de la Terre, 178 pages

Malthus était un écologiste avant la lettre. A la fin du XIXe siècle il mettait en évidence une constante historique : la population humaine avait tendance à augmenter plus vite que les ressources pour la nourrir. La littérature récente a pourtant choisi de ne parler presque exclusivement que d’agriculture : « Nourrir l’humanité », « Entre faim de terres et appétit d’espace », « La fin des terres, comment mangerons-nous demain », « Et si l’agriculture sauvait l’Afrique ? », « Vers l’autonomie alimentaire », etc. Certains pensent même qu’il nous faut oublier Malthus tellement son analyse est dénigrée.

Dans le contexte de la littérature francophone, il est donc courageux d’aborder l’autre tenant de la relation population/alimentation, à savoir la maîtrise de notre croissance naturelle et migratoire. C’est ce qu’ont fait treize personnes dans ce livre collectif « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) ». Leur constat est simple : une population moins nombreuse faciliterait l’organisation sociale, le partage de l’espace, et donc l’émergence possible de relations apaisées entre humains et avec la nature. Ils ont aussi considéré que nous n’avons pas le choix, la crise à la fois socio-économique et écologique nous impose de réguler l’augmentation de la population. Il leur semble intenable que l’espèce humaine augmente de un milliard de personnes tous les douze ans environ sur une petite planète dont nous avons déjà dépassé les limites.

Le plus intéressant, c’est la conclusion de l’article qui propose des solutions plutôt radicales pour régler le problème, elles elles se montrent assez radicales :

« Quel type de monde voulons-nous ? » est la question finale souvent posée à l’issue d’un débat autour d’un grand problème. En tant qu’homme politique, je devrais être conduit à dresser un constat et à esquisser une solution. Le constat ? Tous les écologues qui ont travaillé la question des relations démographie/environnement parviennent plus ou moins à la même conclusion : si nous souhaitons que l’immense majorité de la population mondiale bénéficie d’un style de vie comparable à celui d’un Européen moyen de 2010, le nombre de cette population se situerait autour d’un milliard. A la condition supplémentaire que ce style de vie devienne rapidement beaucoup plus économe en consommation d’énergie et de matières premières, et beaucoup plus fondé sur les énergies renouvelables et le recyclage. La solution ? Qu’une extraordinaire mobilisation internationale soit décidée et mise en oeuvre dans un sommet onusien avec ce double objectif : réduire massivement la population mondiale par un programme d’information et de formation au planning familial (comme le fait avec succès le Brésil depuis dix ans) et réaliser une transition énergétique drastique par la sobriété, l’efficacité et les énergies renouvelables. Cependant, si l’on observe que le sommet climatique de Copenhague (décembre 2009) détruisit le mince espoir que représentait le Protocole de Kyoto, et que le sommet de la Terre, dit « Rio+20 » (juin 2012), n’a pas abordé la question démographique, on ne peut qu’être sceptique sur la plausibilité de cette « solution ».

Néanmoins, cette « solution » a été proposée par des ONG à la Conférence internationale de Leeds (UK) en juin 2010. Lucidement, ces ONG ont constaté que « la croissance démographique indéfinie étant physiquement impossible, elle doit s’arrêter à un moment donné : soit tôt par la réduction du nombre de naissances via la contraception et une politique démographique humaine ; soit plus tard par plus de morts par la famine, la maladie, la guerre et l’effondrement de l’environnement ; ou par une combinaison de ces deux perspectives ». Et elles proposent de :

« - Soutenir, financer ou assurer l’accès universel à l’information et aux services de planning familial dans le monde entier, comme convenu lors de la Conférence du Caire de 1994 et dans l’objectif 5 du Millénaire pour 2012,

- Soutenir, financer ou assurer l’éducation et l’autonomisation des femmes, en leur permettant de contrôler leur propre fécondité,

- Adopter des politiques non coercitives cherchant à stabiliser ou à réduire les populations à des niveaux soutenables, y compris la planification d’une population vieillissante,

- Prendre des mesures fermes, surtout dans les pays industrialisés, afin de promouvoir la réduction de l’épuisement des ressources par habitant et la dégradation de l’environnement ».

Vive cette démographie responsable !

Article complet sur Biosphere.ouvaton.org via Fortune

Il est choquant de constater que les espoirs de certains s’appuient sur « plus de morts par la famine, la maladie, la guerre et l’effondrement de l’environnement ; ou par une combinaison de ces deux perspectives » » pour que la planète puisse être sauvée, entre autres solutions envisagées…

Messages

  • Malthus est un économiste de droite qui n’a jamais songé au bonheur de tous, mais seulement à celui d’une minorité de riches. Par ailleurs, il a, comme tous les économistes non critiques, donné dans le panneau qu’il existe un ordre, une "main invisible" qui, d’ailleurs, ne peut pas grand’chose en réalité, à part "punir" ses transgresseurs : dieu, nature, valeur intrinsèque aux choses, pouvoir de la marchandise. S’aligner sur ce genre de pensée pour une émancipation a toujours été un ratage total.

    On peut parfaitement critiquer le natalisme, le familisme, la doctrine des sexes complémentaires et autres formes sociales du même genre particulièrement attachées à ce même capitalisme que défendait Malthus, sans recourir à une "raison" qui nous serait extérieure et imposée. En finir avec le patriarcat, le masculinisme et les idéologies qui en découlent trouve ses raisons dans nos vies, tout simplement (enfin surtout les nanas, évidemment).

    Par ailleurs, la notion sociale de bonheur (voir le fameux préambule de la constitution des States), clairement liée à l’appropriation individuelle et à la réalisation des formes sociales présentées comme désirs individuels, est aussi quelque chose de tout à fait daté. Pour parler clair, le bonheur est une idée de droite.

    • La moindre population ou son contraire n’a pas d’effet causal sur la justice sociale, la redistribution des richesses !

      En régime redistributif de base on pourra nourrir bop plus, alors qu’en régime prédateur d’austérité généralisée avec accumulation pour une petite minorité il y aura toujours des pauvres et de fortes inégalités.

      Que des ONG signent un tel texte en dit long sur les dérives idéologiques du moment ou sur la force des groupes de pression !

    • Oui - aussi. D’ailleurs, quand on parle de "responsable" ou de "durable", cela veut surtout dire "comment protéger le système économique". Cela fait longtemps que l’écologie, qui comme toute religion, de dieu à l’économicisme, croit dans une raison extérieure, transcendante, et accessoirement que les humains sont "de trop" (enfin surtout les pauvres, les pas rentables), bref que l’écologie a fait la preuve qu’elle est aux côtés de tout ce qui essaie de défendre l’ordre des choses.

  • L’écologie est une science, l’écologisme est une idéologie ; cet article distille une idéologie qui se présente comme science.