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72e au classement de Reporters sans frontières, Djibouti célèbre la "liberté de la presse"…

Publie le lundi 27 juin 2016 par Open-Publishing
5 commentaires

La réélection d’Ismaël Omar Guelleh à la présidence de Djibouti n’augure aucune avancée démocratique dans ce pays sur lequel il règne depuis 1999. Le musèlement de l’opposition et de la presse y demeure monnaie courante, faute de réaction de la communauté internationale.

À Djibouti, 172e pays sur 180 au dernier classement sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières, la Journée mondiale de la presse a forcément sonné creux, jeudi 5 mai, au cours de la conférence organisée par le Syndicat de la presse et de l’audiovisuel de Djibouti (SPAD). Une conférence où le piètre classement du pays n’a bien évidemment pas été évoqué une seule fois. Le « code de conduite » adopté à cette occasion sur l’accès à l’information et aux libertés fondamentales n’a laissé personne dupe, tant le contrôle de toute forme d’expression est solidement verrouillé par le pouvoir en place. Il ne fait d’ailleurs aucun doute que le SPAD n’est rien d’autre qu’un organe de l’Etat, syndicat fantoche destiné à duper les instances internationales, et se désolidarisant dès que l’occasion lui en est donnée des journalistes engagés.

Ainsi, le 8 août 2014, le journaliste de la Voix de Djibouti Mohamed Ibrahim Waiss est violemment arrêté alors qu’il couvre une manifestation de l’opposition. Maintenu en détention 15 jours sans autre forme de procès, sans accès à un avocat ni à un médecin, il ne sera pas soutenu par le SPAD, qui se fend d’un communiqué hallucinant signé de sa présidente, Aicha Ahmed Youssouf : « Suite à la récente publication d’un communiqué concernant l’arrestation de Mohamed Ibrahim Waiss, disant être journaliste, le syndicat de la presse et de l’audio-visuel de Djibouti ne peut rester sans réagir à propos de cet usage faux de la casquette de journaliste. En effet Mohamed ibrahim Waiss ne peut être considéré comme journaliste car il ne détient pas la carte de presse que le syndicat délivre pour les professionnels de la presse exerçant leur métier à Djibouti. Il est regrettable que des jeunes équipés de Smartphone se réclament d’être journaliste. » Autrement dit, Mohamed Ibrahim Waiss n’ayant pas obtenu de carte de presse de la part du SPAD, qu’on ne s’étonne pas qu’il soit arrêté !

La dernière élection présidentielle est venue confirmer le degré de censure médiatique qui règne dans le pays. Après les affrontements du 27 décembre 2015 entre manifestants et forces de l’ordre, qui ont causé la mort de 9 à 34 civils en périphérie de Djibouti, deux journalistes de La Voix de Djibouti et du quotidien L’Aurore ont été arrêtés et détenus de manière abusive, pour avoir voulu relater leur version des faits, différente de la version officielle. Tandis que l’un s’en est sorti après une semaine de détention marquée par les coups, l’autre a écopé de deux mois de prison avec sursis et de la suspension de son journal pendant la même période. Pour Omar Ismaël Guelleh, qui a débuté le 9 avril son quatrième mandat rendu possible par une modification de la Constitution en 2010, rien ni personne ne devait mettre en péril sa réélection. À commencer par l’opposition, qui essuie régulièrement les violences du pouvoir.

Arrestations arbitraires, viols par centaines et mort suspecte

Aux manifestations réprimées dans le sang s’ajoutent les arrestations arbitraires de toute personne osant tenir un discours différent de celui du pouvoir. Le 17 janvier 2016, Omar Ali Ewado, fondateur de la Ligue djiboutienne des droits humains, a été condamné à trois mois d’emprisonnement pour avoir publié une liste de victimes de la manifestation du 27 décembre 2015 plus longue que le bilan officiel (29 morts contre 9 d’après le gouvernement). En août 2013, un autre militant djiboutien pour les droits de l’Homme, Mohamed Elmi Rayaleh, avait été retrouvé mort en prison à l’âge de 37 ans, les circonstances exactes de sa disparition demeurant troubles.

Pour faire taire toute forme d’opposition, les hommes de Guelleh ne reculent devant rien : fondé en 1993, le Comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l’impunité a recensé 249 viols de femmes par les soldats à Djibouti. Après plusieurs années de combat depuis la France et la Belgique, le collectif a finalement obtenu, le 10 mai 2016, l’adoption par le Parlement européen d’une résolution demandant l’ouverture d’une enquête internationale sur ces actes. Si le lancement de cette investigation constitue une petite victoire pour les victimes, il n’efface pas le silence pesant de la communauté internationale, qui ferme les yeux depuis de nombreuses années.

Les superpuissances aveuglées par l’intérêt géopolitique

Situé en position stratégique dans une zone géographique sous haute tension, Djibouti abrite les bases militaires de plusieurs superpuissances mondiales, dont les États-Unis, le Japon, la France et bientôt la Chine. Souhaitant préserver la stabilité de ce véritable « porte-avion mondial », ces grandes nations font mine d’ignorer la situation catastrophique qui règne dans le pays.

Messages

  • La France classée 45ème par Reporters sans Frontières

    C’est en effet désolant pour Djibouti. 172 sur 180, c’est dur. Mais bon, c’est Djibouti, dont on connaît la situation exceptionnelle dans une région exceptionnelle. C’est facile de se moquer. Djibouti, c’est nous qui l’avons crée et qui en profitons...

    Mais comme je suis Français, j’ai eu la faiblesse ou l’impudence de me demander où est classé mon propre pays donneur de leçons par Reporters sans Frontières... Malheur, scandale, je découvre ainsi que nous sommes à une lamentable 45ème place, entre Trinidad et Malte, bien loin derrière l’Allemagne et la Belgique et surtout les pays scandinaves ! Comme quoi, il ne suffit pas de s’autoproclamer le "pays de la liberté d’expression" pour convaincre les professionnels de cette liberté, les (vrais) journalistes.

    Comme d’habitude chez nous, l’auteur de cet article a oublié de balayer devant notre porte ! Nous avons en France l’indignation facile face aux faiblesses des autres et une tolérance infinie pour les nôtres. C’est sans doute bien réconfortant, hélas ce n’est pas cette attitude qui nous sortira de la crise ! Certes, il ne s’agit pas de nous dézinguer nous-même dans un accès de "self-bashing", mais seul un constat honnête et bien informé peut nous révéler les vrais problèmes, faute de quoi on se condamne à ne trouver, comme de nos jours, que des mauvaises solutions.

    Djibouti, que je sache, ne s’est jamais autoproclamé "pays de la liberté d’expression" comme nous avons le culot de le claironner au monde entier. Avec une telle prétention, nous devrions être dans le peloton de tête, dans les 3 premiers, que sais-je, les dix premiers à la limite ... 45 èmes !!!

    Voilà pourquoi, chaque jour qui passe, nous perdons notre crédibilité et notre ancienne réputation dans le monde, et que nos journaleux sont la risée de leurs collègues étrangers.

    Du Brexit au terrorisme, de l’état du monde aux débats nationaux, aucune voix dissidente à la télévision, que ce soit le service public, les chaines de la TNT ou même la sélection de chaînes étrangères "acceptables" proposées par les "box" de tous les opérateurs...

    Le bon petit peuple n’a pas besoin de savoir ce qui se passe vraiment, servons-lui autant de "télé-réalité" et de foot qu’on veut, à saturation, et le système est sauvé. Pour l’instant. Et on peut dire la même chose de notre presse écrite et radio, avec quelques trop rares exceptions, vite dépistées et mises à taire.

    Mais la propagande n’est pas l’information, l’autocensure n’est pas la liberté, les djihadistes d’Al-Nosra ne sont pas de simples "rebelles modérés" et l’Angleterre ne vas pas sombrer dans l’Atlantique pour avoir osé claquer la porte d’une UE inutile, dispendieuse et illégitime.

    Il ne suffit pas de compiler des catalogues du conspirationnisme pour démontrer qu’il n’y a aucun coup fourré en haut lieu, alors que les élites dirigeantes sont les seules à avoir le pouvoir non seulement de comploter, mais aussi de mettre leurs complots à exécution. Et ce de tout temps ! Relisez Platon ou Machiavel...

    A moins de penser que César n’a été victime d’aucune conjuration, que le jeune Louis XIV n’a pas eu de soucis avec le complot de la Fronde ou que Ben Gourion n’était pas venu à Sèvres pour comploter le coup de Suez en 56 avec les diplomates français et britanniques. Avec le temps, tout finit par se savoir. J’en passe, de Lincoln à Kennedy et de Castro à Ben Laden ...

    Evidemment, avec une liberté d’expression en charpie, avec la 2ème guerre mondiale comme sujet central et omniprésent de nos documentaires historiques version télé, on n’a plus le temps de s’intéresser à tout le reste de l’Histoire avec un grand H et encore moins d’en tirer les leçons qu’elle pourrait nous donner à chacune de ses pages.

    Et ce n’est pas l’Education nationale qui sauvera nos jeunes esprits de cette banqueroute intellectuelle qu’est devenue la "culture" "française". Les guillemets aux deux mots étant de rigueur. Oui, il y a sans doute une exception française, et je n’y vois rien de quoi être fier !

  • Certains seraient bien inspiré de lire le Bouquin de Maxime Vivas consacré a cette officine de la CIA qu’est reporter sans frontière fondé par le très fasciste Robert Ménard et don le remplaçant ne vaut pas mieux

    Au fait l’officine de ménard s’interroge t’elle sur la haine anti CGT et anti salariés que braille comme un seul homme tous les média français ????
    Haine qui est a l’égal de ce que l’on pouvait lire dans les pire journaux collaborationniste entre 40 et 44...

    Que neni ma brave dame il ne vont pas attaqué la main qui les fait vivre contrarié Gattaz vous n’y pensez pas ..

    Il se foute comme de l’an 40 que seul la pensé medeffienne est le droit d’expression dans ce pays .

    Que tout les journaux a l’exception de Politis l’Huma et le Diplo , ;soient dans les mains du CAC 40 cela ils s’en tapent a RSF ...

    • C’est bien pour cela que je disais que leur classement est encore trop généreux pour la France, malheureusement. Et encore, on ne sait pas tout...

      Mais remettre en cause l’analyste ne suffit pas à contredire l’analyse.

      Tout à fait d’accord sur le dénigrement et la partialité des médias sur les syndicats, suffit de voir qui finance ces médias pour comprendre. Seuls sont épargnés les syndicats dits abusivement "réformistes" pour insinuer que les autres ne veulent aucun changement, alors qu’ils veulent juste éviter les changements qui aboutissent à empirer le sort des travailleurs et des plus modestes.