À cause des écolos, bientôt les chiens boufferont les hommes

Esprit du Sud 32 ! Comme le dit La Dépêche du 11 dec 2016 « l’opération est un succès ».

Certainement préparé de longue date par toutes les forces les plus réactionnaires du département, en tête, Bernard Henri Cartier de La chambre d’agriculture et qui s’est distingué à maintes reprises dans notre rubrique « La Gasconnerie de la semaine », André Viard, connu pour ses propos scandaleux comparant les défenseurs de la cause animale aux nazis, Michel Gabas, vice-président de l’association des villes taurines de France et maire d’Eauze et Filloniste notoire, Marcel Garzelli, ancien président du club taurin de Vic-Fezensac.

Très fort à la manoeuvre, c’était au mois d’août dernier déjà que le conseil départemental avait adhéré officiellement à l’association Esprit du Sud 32 pour le plus grand bonheur du Vice Président du mouvement, Marcel Garzelli. Et Philippe Martin d’expliquer en les brossant dans le sens du poil, « Eux (en parlant des intolérants, des minoritaires, des anti-touts) sont anti, nous, nous sommes pour », lui répond M. Martin, qui préfère mettre en avant la « promotion des valeurs que porte le département du Gers ». « J’espère que la manifestation de samedi sera un moment de partage pour célébrer les traditions, la gastronomie et les langues régionales avec pour fil rouge la notion de vivre ensemble ».

Pari apparemment réussi puisque pour faire bon voisinage et ajouter à la confusion des genres entre la défense des traditions, de la ruralité, tout en étant contre l’écologie et les partisans d’une agriculture paysanne, il y avait aussi toujours selon La Dépêche « la gauche jacobiniste des mélanchonistes, tractant en bon voisinage avec les témoins de Jehovah en bas des marches de l’escalier menant à la place de la Libération, aux barons de la droite vicoise, en passant par les occitanistes de Bastir !, il ne manque quasiment rien de tout ce qui se fait de républicain dans le Gers. »
Serait-on à la veille d’une Union Nationale où les riches et les pauvres, les nationalistes franchouillards et les occitanistes communieraient ensemble dans un même élan de fraternité arrosée à l’armagnac, en pensant à Vichy ?

MD

À cause des écolos, bientôt les chiens boufferont les hommes

Un Grand rassemblement pour faire vivre « L’esprit du Sud » avait lieu aujourd’hui à Auch (Gers). Avec pour slogan : « Notre culture résistera », « Appel au peuple de Gascogne », et pour devise : « tolérance, légalité, solidarité ».

Jusque là, pas de quoi casser trois pattes à un canard.

Sauf que certains conférenciers, défenseurs des chasseurs et de la tauromachie, n’ont pas fait dans la dentelle : ils ont accusé la ville de maltraiter le monde rural, et se sont plaints que les les chasseurs n’aient pas leur place dans la République. Leur vie et leur culture sont menacées : foie gras, corrida, palombes… Le gouvernement soutient dans les Landes les écolos et, à Notre-Dame-des-Landes, les casseurs.

« Le ministre de la culture méprise nos traditions », « la porte est fermée aux humanistes que nous sommes« et »écologiste égale terroriste ». Les écologistes veulent faire rétrograder l’homme et « nous ramener au rang de l’animal ». Bientôt « il ne sera plus possible de tuer les animaux et toutes les espèces seront en liberté : les chiens sauvages pourront bouffer les hommes, mais eux ne pourront pas les chasser ». Après cette tirade incroyable, on a eu droit à du Cyrano : « qu’on cesse enfin de se moquer de nous ». « Ils se préoccupent qu’il n’y ait pas trop de bordel dans les banlieues, mais ils se foutent des campagnes ». « Non à la société végane qu’on nous prépare ».

Puis André Daguin, plus modéré, remercie le maire socialiste qui a fourni l’emplacement (applaudissements nourris) et le président socialiste du conseil départemental qui a adhéré à « L’esprit du Sud » (quelques sifflets, applaudissements mitigés).

L’ancien restaurateur célèbre glisse tout de même que « certaines minorités commencent à nous les briser menues », avec une ironie sur le fait que les écolos actifs seraient grassement rémunérés pour mener leurs combats (!). Il vante la « gascognomie », convivialité « sans être obligé d’insulter qui que ce soit ». Manifestement, ses prédécesseurs à la tribune, ovationnés par une foule nombreuse d’un millier de personnes, manquaient de gascognomie.

Des élus de droite, ceints de leur écharpe tricolore, buvaient du petit lait. Une manifestation sur la culture et les produits locaux s’était soudain transformée en une séance de propagande électorale anti-écologiste. On peut aimer le foie-gras et ne pas se retrouver dans cette profession de foi, quelque peu grasse. D’ailleurs certains producteurs locaux n’ont pas vraiment apprécié un tel dérapage.
Yves Faucoup
texte et photos

http://www.npa32.fr/spip/spip.php?article2803