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A la Gare de Lyon : entre dépit et colère

Publie le jeudi 15 novembre 2007 par Open-Publishing

SNCF . Syndiqué ou non, les agents de cette grande gare parisienne sont décidés à mener « un combat juste ».

de Frédéric Durand

On se pressait, hier, en début d’après midi au stand d’accueil de la gare de Lyon, pour s’informer de la circulation des trains du lendemain. Cette passagère qui a échangé son billet pour partir le jour même dit « comprendre les revendications des grévistes » mais admet que « cela lui pose pas mal de problèmes d’organisation ».

Pour Cédric Robert, secrétaire général CGT du site, qui compte plus de 3 500 cheminots, les syndicats « ont conscience de la gêne prévisible occasionnée par le mouvement, mais c’est le gouvernement qui fait le choix du conflit ». « Sinon, pourquoi avoir refusé la rencontre tripartite, entre direction, gouvernement et syndicats, que nous lui proposons depuis une semaine ? » interroge le syndicaliste.

D’autant que le bras de fer engagé par le gouvernement avec les cheminots, concernant leurs retraites, risque, cette fois, de paralyser pour plus de vingt-quatre heures le trafic SNCF, sept des huit organisations syndicales que compte la profession ayant appelé à une grève reconductible.

Thomas, agent d’accueil, ne fait lui partie d’aucun syndicat, mais, après plus de trente ans de service à la SNCF, il se sent trahi. « J’ai fait beaucoup de sacrifice, j’ai cotisé plus, c’est normal, c’était dans mon contrat, mais aujourd’hui il n’est plus respecté. Si à chaque changement de gouvernement les règles changent, ça ne veut plus rien dire. » Un mélange de dépit et de colère agite une majorité d’agents du site.

Beaucoup pensent qu’on veut à tout prix rendre impopulaire un combat qu’ils jugent pourtant juste. « L’affichage politique que l’on veut donner au conflit est évident », remarque Cédric Robert, « mais il ne faut pas s’en tenir, comme semble le faire le gouvernement, aux seuls sondages d’opinion.

Ce matin encore nous avons informé les usagers des raisons précises de nos désaccords en leur distribuant des tracts, l’accueil n’était pas glacial du tout », ajoute-t-il. Populaire ou pas, les cheminots du site n’entendent de toute façon pas se laisser faire. « Les gens vont vite voir que, derrière notre régime, c’est le régime général qui va être touché, passant à 41 puis 42 annuités de travail, et ça va commencer dans quelque mois seulement si nous laissons faire », conclut le responsable syndical.

Dès 9 h 30 ce matin, une première réunion fera le point sur la situation, suivie d’assemblées générales pour chaque corps de métier. À 14 heures, les cheminots de la gare de Lyon rejoindront la manifestation qui partira de la gare Montparnasse pour se rendre à la gare d’Austerlitz. La détermination qui règne ici ne laisse guère de doute sur la vigueur du conflit qui se prépare.

http://www.humanite.fr/2007-11-14_P...