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AGRESSION DES ENSEIGNANT(e)S PAR LES PARENTS / LA FSU MINIMISE

Publie le mercredi 7 mai 2014 par Open-Publishing
7 commentaires

C’est dans une tribune de l’Humanité que S. Sihr, secrétaire national du SNUIPP a mis en cause l’enqûête de l’Observatoire International de la Violence Scolaire, indiquant que 49% des directeurs d’école avaient subi une agression dans l’année 2012-2013.

En tant que syndicaliste, et en bon connaisseur des pratiques administratives, il aurait pu, au contraire, se féliciter que, pour une fois, l’administration renonçait à se réfugier lâchement dans son attitude consistant à dissimuler les problèmes et la violence générés par les politiques éducatives de droite comme de "gauche".

S. Sihr : "le "sondage" n’a pas vraiment fait dans la nuance, ne précisant pas la hauteur ni la nature de l’agression".
Le sondage aurait but, selon Sihr, de "diaboliser l’école".
 CE N’EST PAS UN SONDAGE MAIS UNE ENQUETE.
 L’ENQUETE PRECISE, CONTRAIREMENT A CE QU’AFFIRME SIHR : HARCELEMENT, INSULTES, MENACES, ET... COUPS SONT QUANTIFIES.
 QUANTIFIER LES PHENOMENES DE VIOLENCE ENTRE PARENTS ET ENSEIGNANT(e)S, CE SERAIT DIABOLISER L’ECOLE ?

S. Sihr parle ensuite de regard "bienveillant" à poser sur les familles. La bienveillance, c’est aussi le mot à la mode, le langage de l’administration, qui supprime des postes et ferme des écoles, avec "bienveillance" pour les parents.
La FCPE, de son côte, considère avec "bienveillance" que les enseignant(e)s doivent un service aux élèves, comme les caissières aux clients.

Sébastien Sihr a toutes les qualités requises pour évoluer vers un poste de chargé de mission au ministère. Cela allégera le syndicat d’un fardeau.

Au delà du cas de ce triste sire, il est permis de se demander si le SNUIPP, qui a affiché sa connivence avec le parti "socialiste" en soutenant Peillon et maintenant encore Hamon dans le projet de démantèlement du service public mal nommé "refondation de l’école", est encore un syndicat d’enseignant(e)s ?

Messages

  • L’Humanité du 7 mai 2014 :

    Une tribune de quatre "personnalités" qui permet une confrontation de points de vue où le pluralisme est vertigineux : les quatre intervenants sont en fait d’accord pour étouffer l’affaire.

    Le chef syndicaliste explique, en effet, qu’il ne faudrait pas diaboliser l’école, et qu’il ne faut "jamais" que l’école délégitime les parents dans le rôle d’éducateurs. Si de telles idées avaient toujours eu cours (on est prié d’oublier Condorcet, selon Sihr car les parents ne se trompent "jamais" en tant qu’éducateurs) on n’aurait tout simplement jamais eu d’école laïque en France, et on continue à réciter la prière à l’école comme aux Etats-Unis.
    => Lourde faute pour le chef syndicaliste du SNUIPP.

    Vient ensuite une universitaire plutôt insignifiante, qui explique que les catégories populaires ont des aspirations scolaires. Il s’agit pour les enfants de "s’en sortir".
    S’en sortir de quoi ? l’universitaire ne le dit pas. Mais il est clair que selon elle, les parents prolétaires refusent que leurs enfants soient prolétaires : s’en sortir, c’est cela, mais ce n’est pas la révolution anticapitaliste qui abolirait le salariat, plutôt l’hyperindividualisme borné, loin, très loin d’une pensée politique progessiste

    Ensuite, un sociologue, qui récite la thèse de Bourdieu des années 60, comme si l’école n’avait pas été bouleversée depuis 50 ans par la massification et le "management public" austéritaire : la violence des parents ne ferait que répondre à la violence de l’institution scolaire envers les classes populaires.
    Pas d’explication, toutefois lorsque la violence parentale ne vient pas des milieux populaires, mais de la petite bourgeoisie...
    Le sociologue évoque de manière fort confuse pour un "intellectuel’, l’idéologie "fasciste", qui, selon lui, imprégnerait désormais le monde enseignant.
    Le message est passé : les prolétaires peuvent donc agresser les enseignant(s) puisque ce n’est qu’une juste riposte...

    Le plus tordu, C’est Raoult le chef de la FCPE : on lui explique que certains parents agressent les enseignant(e)s, et il répond qu’il vaut mieux venir à deux parents pour contrer l’enseignant(e). ...Digne de l’histoire de l’assimilation du métier d’enseignant(e) à celui de caissière : normal, c’est de lui, il est comme ça, Raoult ; il parle d’abord, et réfléchit ensuite.

  • Mais ce n’est pas nouveau.Les syndicats enseignants ont toujours tout fait pour minimiser les violences dans l’école que ce soit contre le personnel éducatif ou contre les élèves eux-mêmes.Quelles actions ont été entreprises dans les années 68-77 pour les plus de 50 enseignants de classes pratiques qui ont été poussés au suicide ?Contre les violences qui se sont multipliées depuis les années 80 avec le souci constant des administrations(des collègues pour les syndicats)et des syndicats d’étouffer ces faits et toute protestation.Durant l’année scolaire 91-92,j’ai appris par une jeune collègue dont le père travaillait dans ce collège technique de Rouen ou sa banlieue qu’un de ses collègues,prof d’atelier,avait été assassiné.La presse nationale n’en a pas soufflé mot.Pareil toute violence en IdF ne dépassait pas la page départementale du Parisien.
    A comparer avec l’attitude à la RATP ou à la SNCF des employés et des syndicats !

    • Je ne comprends pas bien le sens de ces interventions, dans la lutte des classes, les parents sont-ils les ennemis des enseignants ?

    • Personne n’exprime de manière caricaturale que "les parents" sont les ennemis des enseignants.

      La plupart des parents sont des travailleurs, comme les enseignants : tous ont leur employeur comme ennemi, soit parce qu’il s’approprie la plus value sur le travail (privé), soit parce il organise la dégradation des conditions de travail (public).

      Etre parent n’est pas une mince affaire, dans une société capitaliste qui n’a rien à offrir à la jeunesse, et enseigner est devenu presque impossible face à cette jeunesse désabusée...désabusée mais aussi, hélas, fortement dépolitisée à l’image de l’ensemble de la société.

      Les enseignants de France sont parmi les plus mal payés des pays de l’OCDE, les plus mal payés des fonctionnaires de catégorie A en France malgré un recutement sur concours à bac +5, et la reconnaissance sociale dont ils bénéficiaient encore voici vingt s’est affaissée à la suite d’un feu continu de puissantes campagnes médiatiques de dénigrement.
      La profession est aussi celle où l’on se suicide le plus : contrairement à ce que laisent croire les médias et les politiciens, les enseignants, le plus souvent, sur-investissent leur activité professionnelle, et le climat dans les classes, l’impossibilité de transmettre des connaissances et la lacheté de la hiérarchie administrative, les conduident parfois à de profondes dépressions.

      Les associations qui se disent représentatives de "parents" posent problème : chaque prise de position sur les questions scolaires est une déclaration de guerre contre la qualification des enseignants, contre le statut de la Fonction Publique.
      En particulier, l’association dite "de gauche" est un soutien actif de la politique éducative du parti qui se dit "socialiste", politique dont le but ultime est le démantèlement du service public, et la casse du statut de la Fonction Publique, en soumssion totale au dogme UE de la mise en place du "marché de l’Education".

      Un autre problème est posé par certains syndicats : les jaunes CFDT et l’UNSA, qui portent toutes les régressions sociales que le MEDEF peut envisager sur l’école, mais aussi la FSU, qui, contre ses propres adhérents est beaucoup trop liée, elle aussi au parti qui se dit "socialiste". Ce syndicat, aujourd’hui encore majoritaire, est en train de préparer sa chute, car c’est l’un de ces syndicats qui, plutôt que de soutenir ses adhérents et collègues, préfère se poser en interlocuteur "responsable" d’une l’administration dont la mission est de plus en plus clairement de liquider le service public, sous divers paravents pédagogiques ou "chronobiologiques", toujours sous le prétexte de l’intérêt de l’enfant.

    • Les enquêtes de l’INSERM ne sont pas annuelles.
      Dans la plus récente, la profession la plus touchée par le suicide est bien celle des enseignants
      .

      Le taux de suicide chez les enseignants est de 39 pour 100 000 par an selon l’INSERM. En théorie, 331 enseignants seraient donc concernés chaque année.
      La France est un pays où le taux de suicide est parmi les plus élevés au monde. En 2008, le taux de suicide sur l’ensemble de la population (tout âge) était de 16,2 pour 100 000 habitants, avec selon l’OMS, un taux de 26,4 pour les hommes et de 7,2 pour les femmes en 2009. Selon l’Institut de Veille Sanitaire, le taux de mortalité par suicide est trois fois plus élevé chez les employés et les ouvriers que chez les cadres. Ce taux varie également selon les domaines d’activité. Les chiffres les plus élevés concernent le secteur de la santé et de l’action sociale (34,3/100 000) puis viennent ensuite les secteurs de l’administration publique (en dehors de la fonction publique d’État). Selon Le Figaro, le taux de suicide des policiers s’élève à 35 pour 100 000, celui des agriculteurs s’élève à 32 pour 100 000, contre 28 pour 100 000 chez les ouvriers et 8 pour 100 000 pour les professions intellectuelles supérieures. Le taux moyen serait de 16.2 pour 100 000 en France d’après l’Inserm. Le taux de mortalité est particulièrement élevé (58,1/100000) lorsqu’il n’existe pas d’activité salariée connue (chômage). Les enseignants, eux, se démarquent par un taux de 39 pour 100 000 d’après une étude de l’Inserm en 2002.

    • La preuve que la profession attire, est correctement rémunérée, que les relations avec les parents sont harmonieuses :

      RESULTATS DU DERNIER CONCOURS NATIONAL DE RECRUTEMENT
      875 postes sont non pourvus à l’issue des épreuves d’admission, soit 10 % des postes ouverts au concours.

      Un signe qui ne trompe pas en période de chômage record !