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ATHÈNES 2004 - La gloire n’a pas de prix

Publie le lundi 23 août 2004 par Open-Publishing

Les Jeux en sont à la moitié et déjà les organisateurs pavoisent en parlant de grand succès. Mais à quel prix ! se lamente la presse grecque. Le pays va devoir payer l’addition pendant plusieurs générations...

de Alexia Kefalas

Une semaine après l’ouverture des Jeux olympiques d’Athènes, le gouvernement grec tire déjà les premiers bilans. Les stades commencent enfin à se remplir, la chasse aux médailles bat son plein, la sécurité est toujours aussi présente, les affaires de dopage éclatent à tour de rôle et le marketing des produits "Athènes 2004" se porte bien.

Le coût de ces Jeux est tout aussi pimenté, car il "dépasserait les 7 milliards d’euros", titre To Vima, qui reprend les déclarations du ministre de l’Economie, Giorgos Alagoskoufis, et qui s’inquiète de la note que les Grecs devront payer "dès le 1er octobre". "C’est 3 milliards de plus que le budget initialement prévu", s’étonne le quotidien. "Les Grecs mettront plus de vingt-cinq ans à rembourser cette dette colossale !"

On savait qu’il s’agissait des Jeux les plus coûteux de l’histoire de l’olympisme, mais même ainsi l’addition est salée. Cela s’explique, entre autres, "par les 1,5 milliard d’euros dépensés dans la sécurité", reconnaît To Vima. "Le retard dans les chantiers a aussi coûté cher, il a fallu se rattraper en employant deux fois plus de main-d’œuvre, pour travailler jour et nuit. Résultat, tout est parfait, mais comme dans un restaurant il faut payer la note avant de commencer à digérer." Une digestion qui s’annonce difficile alors que le repas n’est même pas terminé.

Car, en cette période olympique, la situation économique délicate de la Grèce a été presque mise de côté. Cette annonce de 7 milliards d’euros de coût fait donc "l ‘effet d’une bombe", selon Eleftherotypia. D’autant que "le compte à rebours a commencé pour le gouvernement, qui devra soumettre, le 5 novembre prochain, un rapport détaillé à la Commission européenne sur les mesures qu’il s’engage à adopter afin de réduire le déficit public". "Le conseil ECOFIN a déjà entamé une procédure contre la Grèce pour son déficit budgétaire excessif. Le coût des Jeux ne va pas arranger la situation", précise le quotidien.

Reste à savoir si "la réussite de ces Jeux sera source d’idées", note Eleftherotypia. En effet, pour anticiper la crise "post-olympique qui approche", le gouvernement "envisage d’amener des particuliers à participer à la gestion des installations" après la clôture de la compétition. Il s’agit là de "mesures flexibles", selon le quotidien, "qui sont surtout un appel à une utilisation ingénieuse des sites et autres installations olympiques".

Mais, pour Ta Nea, cette idée "d’attirer les particuliers est encore loin d’aboutir". "Malgré les victoires de l’équipe grecque en base-ball [grâce aux joueurs de la diaspora, notamment américaine], il est difficile d’imaginer que les Grecs se mettront à jouer au base-ball après les Jeux", ironise le quotidien. "Et alors, que faire du terrain ?" "Le village olympique servira d’habitation pour les plus défavorisés, mais que va-t-on faire des autres sites ?", s’interroge Ta Nea, qui s’étonne de voir que "personne n’y a pensé avant".

Au final, l’organisation de Jeux "surdimensionnés, avec de toutes nouvelles installations pleines de modernisme, est exceptionnelle pour le pays, mais encore faut-il pouvoir les utiliser au-delà des quinze jours que durent ces Jeux", souligne Ta Nea. Et, pour To Ethnos, c’est sûr, les Grecs se souviendront de ces Jeux : "Ce sont surtout nos portefeuilles, nos enfants et nos petits-enfants qui n’oublieront pas l’année 2004."

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=25638&provenance=accueil&bloc=04