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Accident de Brétigny : haro sur les lampisptes ?
par Le Rail déchaîné
Publie le samedi 3 décembre 2016 par Le Rail déchaîné - Open-Publishing2 commentaires
Le 7ème congrès de la fédération SUD-Rail s’est déroulé du 26 au 30 septembre[1] à Najac dans le sud de l’Aveyron. L’occasion de faire un bilan de l’activité de la fédération depuis le congrès de 2012 et de faire un état des lieux des forces et faiblesses du « syndicalisme de transformation sociale » à l’heure où la libéralisation totale du secteur ferroviaire se précise.
Alors qu’un très grand nombre d’équipes SUD-Rail ont joué un rôle déterminant dans la construction et l’animation de la grève reconductible des mois de mai et juin dernier, que la fédération SUD-Rail continue à se développer en terme d’adhérents et d’adhérentes[2] et que son audience au sein de la SNCF[3] et dans plusieurs des très nombreuses entreprises privées du secteur ferroviaire est significative, cette fédération est à la recherche d’un nouveau souffle.
Confrontées à un fort renouvellement générationnel des équipes militantes et à la place de plus en plus importante des entreprises privées, toutes les organisations syndicales du secteur doivent prendre à bras le corps ces nouvelles donnes.
SUD-Rail, qui a toujours défendu un fonctionnement favorisant la rotation des mandats et une prise en charge de l’ensemble des travailleurs et travailleuses du rail, devrait être armée face à ces défis. Cela suppose pourtant une politique de formation ambitieuse et une ligne stratégique lisible afin de continuer à construire cet outil syndical. Force est de constater que ce congrès n’a pas été à la hauteur des enjeux. Sur le premier point, des intentions sont affichées, renouant pour partie avec ce qui fut quelque peu abandonné ces dernières années ; il faudra voir comment cela se concrétise, comment le lien est fait entre les formations « fonctionnelles » (CHSCT, DP, CE…) et l’apport idéologique indispensable à un syndicalisme de transformation sociale (qui passe notamment par les liens interprofessionnels et internationaux).
L’ensemble des syndicats avait encore en mémoire le congrès de 2012, le pire qu’ait connu notre fédération ; le seul en vérité à s’être tenu dans un contexte délétère. La fédération en était sortie divisée après l’élection d’un Bureau Fédéral (BF) affaibli. Ce congrès a marqué la volonté collective de tirer un trait sur cet épisode peu glorieux afin de repartir sur des bases plus saines.
Indéniablement, cela a nui à la qualité des débats, la quasi-totalité des syndicats souhaitant éviter les sujets qui pourraient fâcher. Autant la recherche du consensus plutôt qu’une succession de votes nous parait le plus efficace pour construire une organisation syndicale, autant transformer cela en un alignement de prises de position parfois contradictoires est sans nul doute une erreur. Il est clair que la persistance d’un fonctionnement de ce genre ne serait pas un gage d’efficacité pour une organisation syndicale qui souhaite construire la grève générale et transformer radicalement la société…
La composition du nouveau BF pose question pour une fédération qui se veut comme un syndicat des travailleurs et travailleuses du rail. Il n’est composé que d’une seule femme pour quatorze membres ce qui est inquiétant, mais en cohérence avec le nombre de femmes présentes à ce congrès. Il est composé d’une très forte majorité de « roulants » et notamment de conducteurs ; 12 membres sur 14 sont salariés de SNCF Mobilité, l’établissement public assurant le transport ferroviaire, 2 seulement de SNCF Réseau, l’établissement public gérant de l’infrastructure. De plus ce nouveau BF est composé en grande partie de membres issus des syndicats parisiens. Un recul important : pour la première fois depuis plus de 15 ans, il n’y a aucun salarié du privé parmi les membres du BF.
Un autre sujet d’inquiétude est le repli corporatiste de certains syndicats qui présentent, à leurs adhérents et adhérentes, Solidaires comme une organisation extérieure à la fédération. Caricature de ce point de vue là : la conception de celles et ceux qui affichent ouvertement leur refus de participer au développement du syndicalisme interprofessionnel … Ce qui ne les empêchent pas de réclamer la grève générale et de reprocher au Secrétariat national Solidaires de ne pas l’avoir construite. Ils et elles sont minoritaires, mais la fausse vision du consensus dont nous faisons état plus avant leur permet de bloquer ou du moins retarder des prises de décisions.
Le silence de plusieurs syndicats durant tout le congrès illustre sans doute le niveau de préparation collective et la vie démocratique ; problème qui n’est pas circonscrit à ces structures.
De nombreuses délégations internationales étaient présentes, insistant, dans le contexte du capitalisme mondialisé et des attaques autoritaires et fascistes, sur la nécessité de renforcer concrètement les solidarités internationales et le syndicalisme de lutte des classes. Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes, et pour ce secteur le Réseau Rail Sans Frontière font partie des outils utiles et nécessaires.
Ce congrès, même s’il n’est pas à marquer d’une pierre blanche, aura eu le mérite de voir réaffirmer par les syndicats SUD Rail la volonté de continuer à construire et renforcer ce syndicalisme de transformation sociale cher aux militants et militantes communistes libertaires que nous sommes … et à beaucoup d’autres. Les débats autour de la structuration de la fédération et des syndicats, devront trouver un prolongement au sein des collectifs militants et lors des prochains Conseils Fédéraux .
Les restructurations que connaissent la SNCF et le monde du ferroviaire plus généralement, mettent en question les modes de fonctionnement des organisations syndicales. Au sein de SUD-Rail, la volonté affichée par l’ensemble des syndicats est de refuser un mode d’organisation calqué sur celui de SNCF ; dans la réalité, les choses sont assez différentes. L’autre sujet d’importance pour la fédération SUD-Rail dans les années à venir est le développement dans le secteur privé afin de mieux coordonner les luttes de tous et toutes les salarié-es de la branche ferroviaire, afin que slogan « un même travail, un même statut » ne tienne pas que du témoignage. La fédération SUD-Rail a, sur ce point, une expérience important dans plusieurs secteurs, il est sans doute nécessaire que les équipes militantes se la réapproprient et s’enrichissent de ce que d’autres font (CNT-SO, CGT dans plusieurs secteurs).
Le Rail déchaîné.
[1] Initialement prévu au printemps, le congrès a été reporté en raison de la mobilisation interprofessionnelle et de la construction de la grève reconductible dans le secteur ferroviaire.
[2] 11019 mandats étaient représentés au congrès 2016 contre 10105 mandats lors du congrès de 2012
[3] SUD-Rail a recueilli 16,83% des voix aux élections CE de la SNCF en novembre 2015
SNCF : on se résigne ou on se révolte ?
Congrès de la fédération des syndicats SUD-Rail.
Messages
1. Accident de Brétigny : haro sur les lamisptes ?, 3 décembre 2016, 20:19
Comment cette pièce en acier d’environ 10 kilos qui n’offre aucune prise au courant d’air provoqué par la vitesse du train, même si aucun boulon ne la retient, a pu se déplacer et aller se loger dans le coeur d’aiguille ?
1. Accident de Brétigny : haro sur les lamisptes ?, 4 décembre 2016, 09:51, par Gwern
Ce serait un peu long à expliquer mais c’est possible : rail cassé ou plutôt fissuré + défaut d’entretien par manque de personnel + phénomène de "danse " (bien connu par les cheminots de l’équipement) de plus situé dans un coeur d’aiguillage traversée double jonction !