Accueil > Affaire Areva : le parquet aux ordres ?
C’est une drôle d’affaire qui devrait se tenir dans les semaines qui viennent au tribunal de Paris. Une entreprise suisse est en effet poursuivie, par l’intermédiaire de son dirigeant Mario Brero, pour « violation du secret professionnel ». Explications.
Chargé par Areva d’enquêter sur les conditions troubles de l’acquisition d’Uramin par Anne Lauvergeon, Mario Brero est un enquêteur renommé est respecté. Dans le contexte complexe du départ de Mme Lauvergeon, lui et ses équipes entament une enquête minutieuse sur l’ensemble des parties impliquées. Il remet ses rapports régulièrement à son client, responsable du secteur minier chez Areva. Avertie de cette enquête, Anne Lauvergeon porte plainte.
A la suite de cela, d’autres enquêtes sont lancées sur les mêmes faits par la commission d’enquête de l’assemblée nationale, par la Cour des comptes et par le parquet financier. Mais au lieu de solliciter Mario Brero pour qu’il partage les éléments de son enquête, la justice le cite à comparaître pour… « violation du secret professionnel ».
Comment, dans ce contexte, est-il possible de considérer que les éventuels agissements de Mme Lauvergeon, laquelle est tout de même soupçonnée par le parquet d’avoir détourné près de 1,5 milliards d’euros au détriment d’Areva, seraient couverts par le secret professionnel ? Est-ce que les analystes qui ont dévoilé les actions de Bernard Madoff ont été accusés de la sorte ? Et les révélations de Mediapart sur Jérôme Cahuzac, étaient-elles encore justiciables d’une telle accusation ?
Devant l’absurdité de la situation, force est de constater que des questions s’élèvent. Au premier rang desquels l’hypothèse d’une affaire d’Etat, dévoilée par le Monde, concernant l’Afrique du sud et des financements politiques occultes. Une affaire d’Etat qui justifie que l’on cloue au pilori celui qui l’a révélée ?