Affaire Areva : on commence à y voir plus clair

En juin 2011, lorsqu’elle quitte Areva, Anne Lauvergeon laissait dans ses cartons une affaire dont se serait bien passé son successeur. En effet, Luc Oursel (qui reprenait alors la tête du géant français du nucléaire) dut annoncer au marché qu’Uramin, la dernière acquisition opérée par Mme Lauvergeon à prix d’or s’avérait une catastrophe financière. Résultat, une perte de près de 2 milliards d’euros, et une Anne Lauvergeon mettant tout cela sur le compte de Fukushima…

Bien entendu, le groupe Areva entretenait des doutes, dus notamment au fait que le propre époux de Mme Lauvergeon, Olivier Fric, expert dans le secteur, pouvait être concerné par cette transaction à une époque où il était proche de nombre de ses acteurs.

Alp Services, une société d’intelligence économique suisse était même mandatée pour essayer de tirer l’affaire au clair. C’est alors qu’Anne Lauvergeon eut l’idée de génie de contre-attaquer, non pas sur le fonds, mais en se plaignant sur la forme de ce que cette enquête extérieure (pourtant indépendante) était une sorte « d’espionnage » à son insu.

Elle inventait ainsi la défense dite « à la Cahuzac », consistant à faire un procès à Médiapart pour atteinte à la vie privée plutôt que répondre sur les agissements mis en cause. Avec succès d’ailleurs, puisque la Justice française préférait, jusqu’à aujourd’hui, ratiociner pour savoir si une dirigeante d’entreprise peut faire l’objet d’une enquête informelle de la part de son entreprise, plutôt que d’examiner le fond.

Mais on apprend désormais qu’une enquête sur le fond était bien en cours au sein de plusieurs services de police français. Il faut dire qu’un casse de 2 milliards d’euros ne passe pas inaperçu. Et force est d’imaginer que le Président de la république est tenu informé de la gravité de ces accusations et des avancées de l’enquête, lui qui en s’abstenant de nommer Mme Lauvergeon au sein de son gouvernement, viens de s’éviter un méga-couac…