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Airbnb séduit la SNCF qui ne sait plus sur quel pied danser

par Thomas H

Publie le lundi 4 janvier 2016 par Thomas H - Open-Publishing
2 commentaires

Le partenariat mort-né entre Airbnb et Voyages-SNCF a été l’objet de nombreuses réactions dans les cercles économiques et politiques ces derniers jours. Face à la grogne des hôteliers, la SNCF a retiré une offre qui souligne certains paradoxes liés à l’émergence d’Airbnb. La plateforme américaine entend se normaliser avec des partenariats ronflants alors qu’elle se détourne dans le même temps des règles du jeu (certes complexes) de la concurrence fiscale en France.

Airbnb est bien la start-up du moment. Pas un jour sans que de nouveaux articles ne viennent donner les bons plans pour dormir dans des lieux féériques, se préparer à recevoir des « guests » ou comprendre les subtilités en cours concernant la taxation des revenus. Mais la dernière salve vient souligner les difficultés pour la start-up californienne de se doter d’un statut normal alors qu’elle refuse encore de se plier au fonctionnement de l’économie et des règles qui la régissent. Le débat entre les modernes et les anciens a peut-être ressurgi avec l’apparition de « l’économie du partage ». Quelle que soit l’école, les règles fiscales et éthiques s’adressent à tous.

Airbnb ne cesse de dire à ses détracteurs que l’économie du partage est l’avenir et que ses effets sont au moins aussi positifs que ceux liés au secteur de l’hôtellerie. Pourtant, si le site revendique la création d’emplois, sa tendance à se détourner des règles fiscales fait monter la tension avec les professionnels d’un secteur de l’hôtellerie soumis à une imposition très forte et à des normes de sécurité que ne connaît pas Airbnb. Le seul geste de bonne volonté de la part d’Airbnb au cours des derniers mois est la collecte de la taxe de séjour pour les utilisateurs du site à Paris. Les autres villes n’étant pas concernées pour le moment.

La plateforme américaine s’impose malgré les réticences des municipalités et des hôteliers et ose même un partenariat avec la SNCF. Entreprise publique bien connue des Français, pourquoi la SNCF a-t-elle incité ses utilisateurs à mettre à disposition leur logement sur Airbnb et à pouvoir gagner un billet gratuit ? Est-ce le rôle d’une entreprise publique française de faire le jeu d’une multinationale étrangère qui fait tout pour échapper à l’impôt ? C’est le sens de la réflexion de Serge Cachan, vice-président de l’Ahtop, association représentative des acteurs de l’hébergement et du tourisme professionnels en France : « Avec Airbnb, on est dans l’économie collaborative, dans l’ère du temps, donc. Mais attention : la SNCF est une entreprise d’Etat qui appartient à chacun d’entre nous. Est-ce qu’elle a le droit de faire cadeau d’un billet à un citoyen français au seul motif qu’il utilise Airbnb ? Je ne suis pas sûr ».

Le partenariat n’aura finalement pas tenu plus de 48 heures, mais le message passé par la SNCF à cette occasion risque de faire polémique encore un long moment. Tous les partenariats ne sont pas bons à faire ; au-delà retombées pécuniaires, l’image compte. Et à l’heure où la France ne sort pas de la nasse sur le plan économique, voir une entreprise publique s’afficher avec un groupe qui ne crée presque aucun emploi et qui échappe en grande partie au fisc ne plaît pas à tout le monde. Car si d’ici quelques semaines, les particuliers qui bénéficient d’un revenu supérieur à 5 000 euros par an grâce à Airbnb seront taxés, les revenus de l’entreprise sont eux rapatriés vers d’autres cieux. Une pilule difficile à avaler en ces temps de crise. Un mot que la SNCF semble avoir sous-évalué.

Messages

  • La SNCF, entreprise "millénaire" (en économie branchouille, le temps passe très vite) fait la promo et essaye de se faire un lifting avec une jeunette sans vergogne.
    Il y a un télescopage entre les milliards investis de l’Etat Français et les quelques picaillons glanés par des milliers d’hôteliers opportunistes et privés. Les fondements de l’économie réelle sont sapés de partout par une économie numérique "virtuelle".
    Il y a un moment où à force de trop vouloir gagner, nous allons toutes et tous perdre énormément. On peut vendre un rein et continuer de vivre, vendre son sang et continuer de vivre, idem pour tout ce que l’on a en double. Mais si l’évolution l’a fait en double c’est probablement pour une bonne raison. Mais attention en cas de coup dur : c’est du sans filet et la sanction est sans appel.

  • Rien de nouveau sous le soleil : lorsqu’un FranceTélécom, il y une dizaine d’années, faisait main basse sur tout un tas de "Start-up’s " du web sous prétexte qu’il "fallait remplir les tuyaux"...dont l’exemple le plus significatif à citer est allapage.com, un libraire en ligne..qui a dispuru des serveurs DNS...pour laisser le champ défriché à un certain amazon.com...
    Un type, un jour, a dit que nous avions, en France, le patronat le plus bête du monde. Chaque jour qui passe en fait la criante démonstration !