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Appel d’un collectif de femmes algériennes

Publie le vendredi 8 octobre 2004 par Open-Publishing
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Nous, femmes algériennes, nous adressons à Monsieur le Président de la
République et à Monsieur le Ministre de l’intérieur pour demander notre
régularisation. En effet nos demandes d’asile ont été refusées, et nous
sommes sans papiers. Nous demandons à nouveau aux autorités françaises de
reconnaître notre droit au séjour en tant que femmes persécutées.

Nous vous appelons à vous joindre à cet appel si vous êtes vous aussi une
femme algérienne déboutée de sa demande d’asile.

Nous appelons toutes les personnes en accord avec notre appel à signer un
message de soutien.

Nous voulons informer la presse de notre situation et de notre revendication

Vous trouverez ci-joint notre lettre à Monsieur le Président de la
République et à Monsieur le Ministre de l’intérieur, ainsi que la lettre de
soutien écrite par des associations de femmes.

Pour nous contacter :

Adresse postale :
Collectif des femmes algériennes, c/o Maison des femmes, 163 rue de
Charenton 75012.

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Appel du Collectif des femmes algériennes

Monsieur le Président,

Nous, femmes algériennes, nous avons quitté l¹Algérie et demandé l¹asile en
France. Nos demandes ont été refusées et tous nos recours aussi, nous
n¹avons pas eu le droit au séjour. Nous sommes donc sans papiers.

Nous sommes arrivées après 1998 et jusqu¹en 2002. Certaines d¹entre nous
voulaient venir avant, mais les visas étaient délivrés au compte goutte, ou
bien il fallait renouveler notre passeport et c¹était difficile quand les
pouvoirs locaux étaient aux mains des intégristes. Nous étions des
femmes actives, beaucoup d¹entre nous étaient engagées dans des activités
militantes, particulièrement pour les droits des femmes et la démocratie.
Nous voulions vivre librement, travailler, ne pas porter le voile. Parmi
nous, des femmes enseignantes, journalistes, coiffeuses, fonctionnaires,
ingénieures, techniciennes, des femmes de ménage ; des femmes célibataires,
divorcées ou veuves qui vivaient de façon indépendante.

Nous avons été menacées parce que nous avons transgressé les normes
dominantes de la société soutenues par le pouvoir et refusé le diktat des
intégristes. Nous étions considérées comme des femmes de mauvaises vie,
rejetées par nos fils et nos frères. Nous étions harcelées au travail, nous
avons subi des entraves à notre carrière et à nos activités
professionnelles. L¹une de nous qui tenait un cinéma voyait les affiches
des films déchirées quand il y avait des images de femmes. Les intégristes
ont fait sortir de la salle un couple non marié. Il y a eu des alertes à la
bombe et un attentat qui a détruit le cinéma. Notre vie quotidienne était
devenue un cauchemar, nous avions peur d¹être agressées, tout simplement
assassinées. Une femme divorcée, vivant seule avec son fils, a été brûlée,
Un minibus qui transportait des femmes de ménage à la sortie du travail a
été brûlé.

On ne quitte pas son pays sans raison. Les unes l¹ont fait avec tristesse
et déchirement, d¹autres avec le c¦ur dur et la volonté de ne plus regarder
derrière. Après les violences et les persécutions que nous avons subies
là-bas, ne pas nous reconnaître ici comme réfugiées est une violence
morale, c¹est donc une double violence.

A partir de la fin des années 90, alors même que la loi française a prévu en
1998 l¹asile territorial, la majorité des demandes a été refusée. Les
autorités algériennes assurent que tout est tranquille, et les autorités
françaises ont adopté ce point de vue. Or, ce n¹est pas vrai. La peur, les
intégristes, les mentalités sexistes sont toujours là. Il n¹y a toujours
pas de loi ni de volonté politique en Algérie pour protéger les femmes
contre les violences. Le Code de la Famille n¹a pas encore été abrogé.

Nous sommes forcées de rester ici. Nous ne pouvons pas repartir là-bas. Si
nous restons ici même sans papiers et dans les difficultés où nous sommes,
c¹est qu¹il y a des motifs très sérieux. Nous préférons vivre ici sans
papiers que de perdre notre dignité. Nous avons tout perdu là-bas, et avoir
vécu seules en France, sans être mariées, librement fait que nous serions
très mal vues, marginalisées, ce serait la honte, même nos proches parfois
ne nous accepteraient pas. En cas de reconduite à la frontière, nous
serions réceptionnées par la police en Algérie. En étant régularisées, nous
pourrons enfin réaliser nos projets, travailler, vivre normalement, nous
prendre en charge avec des projets professionnels et des activités
associatives de solidarité entre l¹Algérie et la France. Nous nous sentons
libres ici. De toute façon, nous n¹avons pas le choix, nous demandons à
nouveau aux autorités françaises de reconnaître notre droit au séjour en
tant que femmes persécutées.

Monsieur le Président, nous vous écrivons pour que vous souteniez notre
demande de régularisation auprès de Monsieur le Ministre de l¹intérieur, et
nous vous remercions par avance de votre action.

Le 7 octobre 2004

Adresse postale : Collectif des femmes algériennes c/o Maison des femmes
163 rue de Charenton 75012 Paris

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Monsieur le Ministre de l¹Intérieur
Place Beauvau 75008 Paris

Paris, le 7 octobre 2004

Monsieur le Ministre,

Nos associations, qui depuis de nombreuses années sont engagées auprès des
femmes algériennes pour la défense de leurs droits, de leur liberté et
parfois de leur vie, appuient la demande de régularisation qui vous est
présentée par un groupe de femmes algériennes vivant en France et s¹étant
vu refuser leur demande d¹asile.

Ces femmes ont cherché refuge en France, pays avec lequel elles ont des
liens de langue et de culture et aux valeurs duquel elles adhèrent :
l¹égalité des femmes et des hommes, la liberté, la laïcité, la démocratie.
Malgré le refus d¹asile et de titre de séjour, elles n¹ont pu envisager de
repartir en Algérie. Au cours des années, c¹est en France qu¹elles ont
reconstruit leur vie, c¹est là qu¹est leur avenir. Une reconduite à la
frontière briserait toutes leurs perspectives de vie et les mettrait en
danger ; un maintien en situation irrégulière les prive des possibilités
de travailler ou de faire des études légalement, de se loger, de vivre
dignement et librement.

C¹est pourquoi, nous vous demandons, Monsieur le Ministre, d¹accepter leur
demande et d¹intervenir auprès des services préfectoraux pour qu¹un titre
de séjour leur soit délivré.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l¹expression de nos salutations
respectueuses

Signatures : APEL - Association pour l¹égalité devant la loi ASFAD -
Association de solidarité avec les femmes algériennes démocrates Femmes ici
et là-bas ­ Association de culture berbère Pluri¹elles Algérie RAJFIRE -
Réseau pour l¹autonomie des femmes immigrées et réfugiées

Messages

  • bonjour j’ai été vraiment tres touchee par votre lettre adressee au president de la republique française moi je suis algeriennes comme vous je suis en belgique depuis une annee et jai entamé meme procedure que vous ici’persecutions familiales et religieuse’ vanant d’un petit village jai ete hotesse de l air arbitre de football gardienne de but de l’equipe nationale feminine de football
    jai reçu un ordre de quitter le territoire belge et maintenent mon avocat est entrain de faire un recours
    au conseil d’etat et pour cela je vous demande de bien vouloir m’envoyer un temoignage des conditions de vie que vous etes entrain de subir la bas en france sans papiers et pourquoi vous ne voulez pas retourner en algerie
    votre lettre sera precieuse pour mon dossier parcequ’ en belgique ils ne connaissent pas vraiment les conditions de vie que menent les femmes en algerie
    dans l attente d’une reponse a ma requette je vous prie d’accepter mes sinceres salutations et je vous dis vous etes des femmes battantes surtout rester courageuse je suis de tout coeur avec vous mon adresse email est refugee33@hotmail.com