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Après la CFDT, la carrière est juteuse

par Robert Mascarell

Publie le mardi 12 juillet 2016 par Robert Mascarell - Open-Publishing
7 commentaires

« Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse : renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement. » « La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat ! » H. Krasucki


Article paru le 2 février 2013

Depuis quelques semaines, la CFDT se signale à l’attention de l’opinion publique, par :

 le départ de son secrétaire général François Chérèque et sa transformation immédiate en agent prébendé de l’Etat,

 sa signature d’un accord national minoritaire, dit de sécurisation de l’emploi, avec le MEDEF,

 la déclaration de son nouveau secrétaire général, Laurent Berger, accusant la CGT d’être coresponsable, avec l’employeur, du projet de fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens.

Tant d’actualité aussi négative pour les salariés, à mes yeux, m’a incité à aller voir ce qui pouvait expliquer que cette centrale syndicale signe régulièrement des accords dans le dos des salariés et se livre de plus en plus à des attaques frontales contre la CGT.

Pour ce faire, j’ai cherché à savoir quel avait été le parcours des secrétaires généraux des organisations syndicales représentatives (CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO) depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui, après qu’ils aient quitté leurs fonctions à la tête de leur centrale syndicale.

Là, je suis allé de stupeur en stupeur.

Hormis ceux de la CFDT, tous les ex-secrétaires généraux ou présidents des autres confédérations syndicales sont restés dans leur organisation ou dans des associations qui leur sont proches. Bref, ils n’ont pas fait carrière.

A l’inverse, tous les ex-dirigeants de la CFDT, à l’exception d’Eugène Descamps, qui fut secrétaire général de la CFDT jusqu’en 1971, se sont retrouvés à la tête d’entreprises privées ou ont été nommés à des postes de hautes responsabilités dans des organismes publics.

A noter qu’Eugène Descamps a été, et de loin, le secrétaire général de la CFDT le plus unitaire. Il n’y a donc pas de hasard à ce que cet homme soit demeuré fidèle à ses engagements syndicaux, une fois déchargé de responsabilité.

Mais, voyons quel fut le parcours de ses successeurs, dans les mêmes circonstances.

Commençons par le premier, Edmond Maire. Il fut secrétaire général de la CFDT de 1971 à 1988. Par la suite, il a été président de Villages Vacances Familles, devenu Belambra Clubs après avoir été privatisé en juillet 2006, puis président de la société d’investissement solidaire France Active (association d’insertion et d’aide à la création d’entreprise).

Edmond Maire a été remplacé, de 1988 jusqu’en 1992, par Jean Kaspar.

De 1993 à 1996, celui-ci a été conseiller social à l’ambassade de France à Washington. Il est, depuis 10 ans, consultant en stratégies sociales et gérant de « J.K consultant » à Paris. Il est par ailleurs vice-président de l’Observatoire social international et lié à Entreprise et Personnel, un club RH (ressources humaines) regroupant plusieurs grandes entreprises françaises. Il est aussi intervenant expert pour Entreprise & Personnel, APM (Association Progrès du Management) et GERME (Groupes d’Entraînement et de Réflexion au Management des Entreprises). Il est conseiller de la Fondation pour l’innovation politique. La Fondapol est un cercle de réflexion libéral, fondé par l’UMP, dirigé par Dominique Reynié (un des habitués de l’émission de la 5 « C dans l’air »). Jean Kaspar a aussi été membre de la Commission Attali mise en place par Nicolas Sarkozy. Le 19 mars 2012, il a été nommé président de la Commission du Grand Dialogue de La Poste par Jean-Paul Bailly, le P D-G.

J’en arrive maintenant à Nicole Notat. Elle fut secrétaire générale de la CFDT de 1992 à 2002.

Dès 2002, elle a été portée à la tête de Vigeo, société européenne d’évaluation des performances sociales et environnementales des entreprises. Parmi les actionnaires on y trouve toutes les grandes banques françaises, de grandes sociétés, des fonds de pension.

Depuis le 1er janvier 2011, elle préside le célèbre club Le Siècle, dont font partie tous les dirigeants des grandes sociétés françaises. Elle est membre du groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe, nommée par le Conseil européen. Elle est membre du conseil d’administration de la Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) et du conseil de surveillance du Monde SA. Bref, tout va bien pour elle. Et, il ne s’agit-là que d’un résumé de ses fonctions.

Passons maintenant au petit dernier, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT jusqu’en décembre 2012.

Rassurez-vous, ça commence bien pour lui. Le 3 janvier 2013, il a été nommé inspecteur général des Affaires sociales. Il est également président du think-tank social-libéral Terra Nova. N’en doutons pas, ce n’est qu’un début. Le jeune homme ira bien plus haut et plus loin. Comme ses prédécesseurs, il a bien préparé le terrain, du temps où il était secrétaire général de la CFDT.

M’est avis que son successeur, Laurent Berger, a bien compris la leçon. Je dirais même plus, il l’a vite apprise.

En l’espace d’un mois, il a trouvé le moyen d’accepter de signer un accord scélérat dans le dos des salariés, alors qu’il sait parfaitement que son organisation, même avec l’apport de la CFTC et de la CGC, ne représentent que 38,70 % des voix des salariés, alors que les deux syndicats non signataires, la CGT et FO, pèsent 49,79 %. Et que si on y ajoute les voix des syndicats Sud-Solidaires et FSU, non conviés à la négociation, mais résolument contre l’accord, nous arrivons à 55,67 % des voix des salariés contre.

A la CFDT, on appelle ça, respecter la démocratie.

Mais Laurent Berger ne s’en n’est pas tenu là. Cette semaine, il a donné un coup de poignard dans le dos de la CGT, l’accusant d’être coresponsable, avec l’employeur, de la décision de fermeture de l’entreprise Goodyear à Amiens.

On ne m’ôtera pas de l’idée que, alors qu’ils sont en poste à la tête de leur confédération, les secrétaires généraux, depuis Edmond Maire, mais surtout depuis Jean Kaspar, pensent à la meilleure manière d’atterrir lorsqu’ils ne le seront plus. Il s’agit, pour eux, de donner des gages à leurs futurs employeurs. Ce sont des carriéristes. C’est la raison pour laquelle, systématiquement et de plus en plus, la CFDT accepte de signer l’inacceptable, sans tenir compte de l’avis de la majorité des salariés.

Ainsi va la démocratie.

https://blogs.mediapart.fr/robertmascarell3gmailcom/blog/020213/apres-la-cfdt-la-carriere-est-juteuse

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Messages

  • Valls a relevé que son refus de ne pas toucher à l’article 2 du projet de loi a été inspiré par Laurent Berger.Ainsi Berger a resté le premier conseil de Valls dans l’élaboration de cette loi réactionnaire et du 19 ième siècle .

    Depuis longtemps on savait les dirigeants de la CFDT de connivence avec le MEDEF et le patronat, le PS et le capital .Mais trahir aussi ouvertement les salariés , c’est une autre histoire !

  • Bien sûr l’ami, la corruption ou ses tentatives est une des mamelles sacrées du régime capitaliste ! Pour les travailleurs encore encartés à cette formation, il leur manque les preuves de cette attitude de leurs dirigeants . Bien que il ne doivent pas être sans savoir que les prédécesseurs ne sont pas chômeurs mais assis dans un fauteuil confortable ! J’ai vu aussi dans ma carrières des élus syndicaux dans certaines entreprises changé d’attitudes en connivence avec un chef ou le patron ! Leur fric n’a pas d’odeur ! Autant le patronat est avare avec l’ensemble des travailleurs, autant il est prêt à débourser quelque peu pour acheter certains individus si cela sert ses intérêts et lui rapporteront plus que le risque d’une grève ! Par exemple Sarko. patron de l’Etat saucissonna chez les travailleurs du rail pour n’augmenter que les roulants ! Et se vanta ensuite d’avoir brisé dans l’oeuf les grèves du rail ! La corruption c’est la mentalité du régime une bonne part de leur dogmatique toute axée pour se perdurer autant que possible en se basant à fond sur la division des travailleurs ! Et ça pour le capitalisme ça n’a pas de prix ! Sa loi du profit n’est pas entamée ! L’Union fait la force , sans elle pas d’avancée ! Marx en fit la préface de son livre "Le capital" par "Prolétaires de tous les pays Unissez-vous !" Le régime capitaliste sait très bien cette maxime , comme l’épée de Damoclès suspendue au-dessus du régime ! Problème ! La prise conscience des travailleurs que ce régime est maudit !

  • que j’ai quittée suite à la TRAHISON de NOTAT avec JUPPE !

  • Mon message a été expédié tout seul mais seulement la dernière ligne !

    Il serait bon de revenir sur les suites des "reconversions de la CGT" en parlant de LEPAON, aux "dépenses somptueuses" payées par la CGT : appartement de fonction à Vincennes refait avec des sommes inimaginables "rupture conventionnelle" lorsqu’il est passé de SG de Région à la Confédération, "réfection outrancière du Bureau Confédéral (ce qui m’a fait quitter la CGT) et il est toujours à la CGT avec 4000€/mois, en cours de "reclassement" par le Gouvernement soit au Conseil Economique et Social, soir à l’agence de lutte contre l’illétrisme !

    Ce qui manque à l’article.

    Il y a aussi Bernard THIBAULT, reclassé à l’Organisation Internationale du Travail (OIT) à Genève) ancien SG de la Confédération CGT.

    J’étais à la CFDT jusqu’en 1995 que j’ai quitté suite à la "TRAHISON" de NOTAT avec JUPPE (dossier Retraites) pour créer Sud Rail.

    Je pense que l’article de Robert MASCARELL pourrait être complété (à mon avis !).

  • La cfdt qui négocie le poids des chaines !!!!!!!!!!!!!!momo11

  • Le film "Les nouveaux chiens de garde" nous apprend que la plupart des chroniqueurs des médias de masse sont membres du club "Le siècle".
    Parmi ses membres (ou anciens membres) on y retrouve Fillon, Fabius, Denis Kessler, et Nicole Notat ancienne secrétaire générale de la CFDT.

    On comprend mieux pourquoi la CFDT signe plus vite que son stylo les réformes à remonter le temps, pourquoi elle a soutenu la loi anti travail d’El Khomry et Pourquoi elle a divisé le mouvement social .

  • La cfdt n’est elle pas historiquement une émanation "laïque"de la cftc ? Que dire du profil d’un de ses fondateurs si ce n’est qu’il fut à la tête de la cee puis de l’UE et qu’il est à l’origine du bourbier idéologique européen actuel... Petit indice il fut un des pontes du P.S... Alors, ça nous étonne encore de voir les dirigeants de la cfdt se retrouver à des postes liés à l’oligarchie ? Connerie Facilitatrice De Trahison...