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Après les Espagnols, à qui le tour de mourir au Liban ?

Publie le mardi 3 juillet 2007 par Open-Publishing

de Robert Fisk

Quel sera le prochain contingent des Nations-Unies à être touché au Sud-Liban ? Après l’attaque à la voiture piégée qui a tué dimanche soir six soldats espagnols, sur les 13.000 hommes que compte l’armée internationale, poser une telle question est à la fois terrible et macabre. Mais cette question, les officiers de la Force Intérimaire des Nations-Unies — la Finul — la posent lors de leurs réunions de renseignements. Parce qu’il est clair que cette armée de l’Onu, issue de 30 pays et sous le commandement de quatre généraux de l’Otan — les Espagnols y ont apporté 1.100 soldats —, sera de nouveau attaquée. Le ton habituel de détermination des dirigeants occidentaux "qui ne partiront pas sous la pression" — ce qui fait tellement penser à la guerre d’Irak — n’y changera rien.

Les prochains seront-ils les Français, qui semblent avoir les plus hauts murs de protection autour de leur base ? Ou les Italiens, avec leurs blindés — faible protection, semble-t-il, après qu’une bombe a envoyé en l’air, dimanche dernier, l’un des blindés espagnols ? Ou l’un des plus petits et plus vulnérables contingents ? La Qatar a une petite unité là-bas. Ainsi que la Chine. Les poseurs de bombes libanais oseraient-ils toucher à l’Armée Populaire ? Même le QG de l’Onu à Beyrouth est désormais entouré d’un mur haut de quatre mètres.

D’une façon ou d’une autre, l’Onu — et des milliers de soldats occidentaux — sont à présent dans la ligne de mire d’un autre pays arabe et l’appel du gouvernement libanais qu’on ne le laisse pas seul pour combattre ses ennemis reflète l’inquiétude du gouvernement fracturé de Fouad Siniora selon laquelle il pourrait être abandonné alors que la violence continue de croître en intensité et à s’étendre géographiquement.

Les combats de dimanche à Tripoli entre l’armée libanaise et les militants islamistes qui ont investi un immeuble dans la ville a clairement prouvé que le combat brutal de la guérilla autour de la ville n’a cessé en aucune façon. L’armée, sans fournir de preuve, a prétendu que parmi les morts il y avait trois Saoudiens, deux Libanais et un Tchétchène. Et maintenant, il paraîtrait qu’une femme faisait partie de ceux qui ont été tués par l’armée — apparemment la femme d’un milicien, Bassem el-Sayyed, qui détiendrait la nationalité australienne.

Ce qui est incontestable, c’est que parmi les morts innocents il y avait un policier libanais, Khaled Khodr, qui vivait dans l’immeuble du quartier d’Abou Samra, ainsi que ses deux filles — de 4 et 8 ans — et son beau-père. Les voisins ont soutenu qu’ils ont servi de boucliers humains par les hommes en armes et qu’ils ont été froidement exécutés tandis que l’armée se rapprochait de l’immeuble. On a dit que ces hommes armés étaient des membres du Fatah al-Islam — le même groupe qui combat l’armée libanaise dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared au nord — ou d’un groupe qui s’appelle Ahl al-Hadith, dont le chef, Nabil Rahim, est en fuite.

A l’ONU, tous les suspects habituels sont pris en considération pour l’attaque contre les soldats espagnols : les Syriens, dont le ministre des affaires étrangères a condamné vigoureusement l’attaque à la bombe, ou le Hezbollah, qui a essayé de protéger le personnel de l’Onu des combattants du type al-Qaïda ou al-Qaïda elle-même, dont les supporters au Liban ont été encouragés à la "résistance" contre l’armée de l’Onu par le numéro 2 d’al-Qaïda en personne, Ayman al-Zawahiri. L’ONU a fait remarquer que le Fatah al-Islam ne soutient que depuis quelques jours que c’est l’ONU qui a pilonné ses combattants à Nahr el-Bared, depuis la mer. L’Onu a des bâtiments de guerre allemands qui patrouillent la côte — sur la supposition ridicule que la Syrie pourrait approvisionner le Hezbollah en armes par la mer — mais l’armée libanaise a déjà montré des enregistrements vidéo de ses propres canonnières antiques de construction britannique tirant sur le camp.

La sensibilité du refus actuel de la France de parler avec la Syrie a été mise en évidence lorsque la femme du président Nicolas Sarkozy, Cécilia, a nié dans un journal libanais le contenu d’un rapport français selon lequel elle avait rencontré la sœur du Président Bashar al-Assad, Bouchra — dont le mari, Assef Chawkat, se trouve justement être le chef des services de renseignements syriens.

Traduction : JFG/QuestionsCritiques

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