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Attac aux urnes ?

Publie le dimanche 30 mai 2004 par Open-Publishing

par François Koch

Présenter ou non des candidats au scrutin du 13 juin : les altermondialistes se déchirent

Quelle engueulade ! Avec prise de bec et noms d’oiseaux ! Le lancement des listes « 100% altermondialistes » pour les élections européennes divise très profondément Attac, forte de 23 000 adhérents. Fait sans précédent, huit dirigeants de l’association, dont les trois vice-présidents, François Dufour, Susan George et Gus Massiah, accusent le président d’honneur, Bernard Cassen, et le président, Jacques Nikonoff, de « prendre le risque de provoquer une crise majeure » : si « on est obligé de se présenter aux élections pour faire vivre les idées d’Attac, c’est remettre en question le fondement de notre identité ». En retour, il est reproché aux frondeurs de ne défendre au sein d’Attac que les intérêts de la Confédération paysanne, de la CGT, de la FSU et du G 10.

Une polémique qui laissera des traces

Le doigt a été mis là où cela fait mal. Attac s’est toujours enorgueilli de produire « du politique » au sens noble du terme, en participant aux débats politiques, économiques, sociaux ou sociétaux, avec une ligne anti-libérale. Mais les fondateurs d’Attac s’étaient engagés à inciter les partis à piller leurs idées sans les concurrencer au cœur de l’arène électorale. Pourquoi ne plus se contenter du pouvoir d’influence ? Le PS, le PCF, les Verts et la LCR se servent, en effet, copieusement dans l’incubateur d’idées altermondialistes qu’est Attac. « Les futurs candidats des listes « 100% alter’’ sont loin de se satisfaire de l’offre politique », assène Bernard Cassen, qui les soutient « à titre personnel ». Il a cru pouvoir convaincre José Bové de prendre la présidence du comité de soutien. « C’était mal le connaître », observe François Dufour. D’autant plus qu’à la Confédération paysanne le nouveau porte-parole, Jean-Emile Sanchez, n’apprécie pas que les futurs candidats tentent de surfer sur la popularité de l’organisation paysanne à des fins électorales.

Pour présenter quatre listes, en Ile-de-France, dans le Nord, le Sud-Est et le Sud-Ouest, le collectif 100% alter doit réunir 2 millions d’euros à travers une souscription. Quel que soit son succès, cette entreprise politique laissera des traces au sein d’Attac. « C’est plus grave qu’une tempête dans un dé à coudre, mais ce n’est pas une crise, assure Cassen. Les contestataires sont toujours minoritaires. » Pour longtemps ?

http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/regionales/dossier.asp?ida=427628