Accueil > Attac reste engluée dans son rôle d’éducateur populaire

Attac reste engluée dans son rôle d’éducateur populaire

Publie le samedi 28 août 2004 par Open-Publishing
1 commentaire

Climat morose lors de l’université d’été du mouvement à Arles.

de Michel HENRY

Certains militants d’Attac ont le blues. Ils l’ont dit, hier, à l’université d’été, à Arles. François Dufour (Confédération paysanne) exprime un pessimisme inquiétant : « Je crains que notre mouvement stagne et lasse. Et je ne suis pas le seul. Je fais partie des gens qui prennent en pleine figure les effets de la mondialisation libérale : baisse de mes revenus et disparition massive de mes collègues. Puis mon tour viendra. Nous sommes désabusés. » Attac fonctionne bien comme « mouvement d’éducation populaire », mais pêche dans son volet « actions » : « On est en panne », avoue Dufour. Le président Jacques Nikonoff le sait : « Attac ou le mouvement altermondialiste, nous patinons. »

Attac revendiquait, en 2003, 31 000 adhérents. Pour 2004, Nikonoff se félicite du « taux de renouvellement le plus élevé qu’Attac a connu », mais reconnaît, au 15 août, « 3 000 nouvelles adhésions de moins que l’an dernier ». La faute à moins d’événements qu’en 2003. Président du conseil scientifique, Dominique Plihon évoque un climat « morose » : « Le mouvement social a pris des coups importants. » Mais Attac est jeune, à peine 6 ans. « On a réussi à ouvrir une brèche, constate Pierre Khalfa, syndicaliste. Mais on n’a pas réussi à peser sur les politiques néolibérales. »

Et il y a l’affaire des listes électorales avortées « 100 % altermondialistes », en juin. Certains y ont vu la patte d’une partie de la direction d’Attac, tentée par l’entrée en politique, en contradiction avec les statuts de l’association. « On s’est sentis piégés », dit un militant arlésien. Nikonoff se défend : « La direction a été claire tout de suite. Elle a reconnu que cette situation portait tort à l’association. Cette affaire est terminée. » Il ne convainc pas.

Malaise, aussi, sur un manque de démocratie dénoncé. Bernard Cassen, président honoraire, s’en offusque : « Je ne connais aucune organisation aussi démocratique qu’Attac. » Il évoque « la transparence » des décisions. Mais la vice-présidente Susan George le contredit : « L’affaire des listes a été mal vécue, car l’info n’a pas bien circulé. Ceux qui étaient au courant n’avaient pas informé les autres. Ça a créé un embrouillamini. Nous éviterons à l’avenir ces pratiques secrètes. »

Un militant réclame de « simplifier l’organigramme, sinon on va se retrouver avec une usine à gaz ». Khalfa dénonce « un style de direction du passé ». Cassen loue au contraire les décisions prises au consensus. « Comme à l’OMC ? », raille un militant. Une des responsables d’Attac, Michelle Dessenne, relativise : « Nous sommes d’une exigence absolue vis-à-vis de nous-mêmes, en perpétuelle critique et autocritique. Mais notre véritable adversaire n’est pas ici, entre nous. Il est dehors. Si, un jour, il y a une faillite d’Attac, elle sera collective et globale, pas le fait d’un président. » Fin des débats dimanche.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=234092