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Attilio Maggiuli Fait divers ou intérêt général ?
par Syndicat Français des artistes interpètes
Publie le mardi 14 janvier 2014 par Syndicat Français des artistes interpètes - Open-PublishingAttilio Maggiuli, directeur de la Comédie Italienne, a volontairement percuté les grilles de l’Élysée avec sa voiture le 26 décembre, à la suite de quoi il a été emmené à l’hôpital psychiatrique Sainte- Anne...
Derrière cette information se cache une réalité qui ne se réduit pas à un simple fait divers. Il ne nous appartient pas de porter un jugement sur le geste d’Attilio Maggiuli. C’est la situation dramatique dans laquelle se trouve le théâtre qu’il dirige qui l’a poussé à cet acte.
De tels gestes, à l’issue souvent tragique, sont malheureusement fréquents. Au-delà du drame que vit l’homme, nous voulons attirer l’attention sur la question sociale et culturelle qui est en jeu.
Le Théâtre de la Comédie italienne est un lieu de création dramatique qui, comme beaucoup de petits lieux, mène avec modestie une activité culturelle tout à fait nécessaire. Celle-ci génère de nombreux emplois artistiques, techniques et administratifs. Le rognage constant d’année en année et finalement la suppression « en douceur » des aides et subventions plus ou moins maigres précarisent ces petits théâtres, les entraînant inexorablement à l’asphyxie. Au final, c’est toute une activité artistique de proximité qui risque de disparaître si nous laissons faire. Et c’est grave.
Monsieur le ministre du redressement productif devrait utilement se préoccuper de ces théâtres, de ces lieux de spectacle menacés de fermeture en raison du désengagement des tutelles. Le Théâtre de la Comédie italienne n’est qu’un exemple que le geste de son directeur a tenté de mettre en lumière. Mais combien d’autres disparaissent ou risquent de le faire dans le silence. Le Théâtre de Poitiers, par exemple, dont la désaffectation est actuellement examinée, est sous le coup d’être transformé en galerie commerciale, bureaux et appartements de luxe !!! Comment le Président de la République peut-il laisser porter de telles atteintes aux outils culturels, lui qui déclarait : « La crise ne rend pas la culture moins nécessaire, elle la rend plus indispensable. »
Avant de redresser l’appareil productif, ne serait-il plus urgent d’empêcher sa destruction et retenir les gestes qui le sabordent sans vergogne.