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Avec Barroso, Goldman Sachs continue à tisser sa toile au cœur du pouvoir
par Benoît Zagdoun
Publie le mercredi 13 juillet 2016 par Benoît Zagdoun - Open-Publishing1 commentaire
La banque d’affaires américaine a recruté l’ancien président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pour l’aider à faire face au Brexit. C’est la dernière illustration en date de son efficace stratégie de réseau d’influence.
Je ne suis qu’un banquier faisant le travail de Dieu", s’est un jour amusé à déclarer le tout-puissant patron de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, au détour d’une interview. Un trait d’esprit qui en dit long. Mais pour "faire le travail de Dieu", encore faut-il avoir de bons apôtres.
En la matière, la très discrète banque d’affaires américaine excelle, comme le montre son dernier recrutement controversé : celui de l’ancien président de la Commission européenne et ex-Premier ministre portugais, José Manuel Barroso, embauché par la firme pour gérer au mieux de ses intérêts les conséquences économiques d’un Brexit et donc une sortie de l’incontournable place financière londonienne de l’Union européenne.
Les "ouvreurs de portes" de Goldman Sachs
Et pourtant… "Pour faire des articles sur les perspectives et les scénarios de l’après-Brexit, Goldman Sachs n’a pas vraiment besoin de monsieur Barroso", raille Philippe Moreau Defarges, ancien diplomate et chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri) dans L’Express.
Goldman Sachs l’a recruté pour son carnet d’adresses.
Philippe Moreau Defarges, ancien diplomate et chercheur à l’Ifri
L’Express
A la tête de la Commission européenne, José Manuel Barroso a vu passer sur son bureau tous les dossiers, connaît tous les rouages de la machine et a conversé dans les sommets avec les dirigeants de toutes les puissances de l’UE. Goldman Sachs mise sur ses connaissances et son entregent. Il est ce qu’on appelle un "ouvreur de portes".
"Bien introduits, ces ’ex’ bavardent de choses et d’autres avec leurs interlocuteurs. Les langues se délient devant des personnages d’une telle trempe. Ils ’sentent le vent’ comme on dit familièrement. Les informations exclusives circulent ensuite dans les salles de marché de la banque", explique Marc Roche, auteur de livres et d’un documentaire sur Goldman Sachs, au Monde.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors d’une conférence de presse, le 29 octobre 2014 à Bruxelles (Belgique).
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors d’une conférence de presse, le 29 octobre 2014 à Bruxelles (Belgique). (DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / AFP)
La banque d’affaires escompte tirer de ces informations de première main un avantage concurrentiel. "En tant que banque américaine, travaillant à l’international et donc sur le marché européen, Goldman Sachs a absolument besoin de savoir ce qui se trame dans les coulisses de Bruxelles", ajoute Marc Roche, contacté par francetv info. "Elle veut savoir avant tout le monde ce qui se prépare en terme de réglementations dans ses domaines d’activité, mais aussi de taux d’intérêt et en général pour toutes les décisions macro-économiques, puisque ces politiques vont influencer ses activités de crédit : la vache à lait de ses profits."
Goldman Sachs n’est pas la seule grande banque à s’assurer les services d’anciens responsables de premier plan. "L’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, est conseiller de J.P. Morgan, son successeur, Gordon Brown, travaille pour Pimco, et l’ex-ministre des Finances, Alistair Darling, pour Morgan Stanley", rappelle Marc Roche. "Mais la caractéristique de Goldman Sachs, c’est qu’à l’inverse de la majorité des autres grandes banques, elle ne recrute jamais d’anciens hommes politiques ou d’anciens diplomates. Elle ne s’intéresse qu’aux commissaires européens et aux gouverneurs de banques centrales." A travers eux, la banque cible le cœur du pouvoir décisionnaire de l’Union européenne.
L’Extrait
Messages
1. Avec Barroso, Goldman Sachs continue à tisser sa toile au cœur du pouvoir, 13 juillet 2016, 20:31, par JO
Où l’on découvre les agissements secrets de "magouilles et Cie" . Mais le commun des mortels n’en saura rien : médiatique aux ordres et services du capitalisme veille au grain , en toute démocratie, pour les citoyens qui y croient encore "aux petits Jesu" capitalistes ! Ah ! Si seulement ce site pouvait couvrir un audio-visuel de grande écoute ! Il y a tant de besoin à s’instruire dans ce pays !