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Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt
Publie le mercredi 17 juin 2015 par Open-Publishing13 commentaires
À Versailles, ils sont tenus d’être indulgents dans la correction de l’épreuve d’histoire, pour les copies sans plan ou sans problématique.
Le ton du message est comminatoire. Les professeurs d’histoire pas assez indulgents lors de la correction du bac 2015 « engageront (leur) responsabilité personnelle, encourant recours et sanctions ». Ce communiqué, publié sur le site de l’académie de Versailles le 14 juin - puis opportunément modifié mardi soir - par vingt inspecteurs pédagogiques régionaux, concerne l’évaluation de la nouvelle épreuve d’histoire-géographie des élèves de terminale scientifique. Puisque les heures de cette discipline sont plus faibles en section scientifique qu’en section littéraire, les correcteurs ne doivent pas être trop exigeants sur un plan méthodologique, expliquent-ils. Tant pis s’il n’y a pas de plan, pas de problématique ou pas de recul critique…
Ainsi, pour la « composition d’histoire », une introduction est attendue, mais « elle ne comporte ni problématique ni annonce de plan ». Une organisation de la démonstration en paragraphes suffit. Pour l’autre épreuve, « l’analyse de document », aucune introduction n’est nécessaire. « La présentation du document, d’essence universitaire, n’est pas demandée. » Là encore, « aucun plan n’est attendu. Le candidat peut, s’il le souhaite, analyser un texte de façon linéaire. » Enfin, nul besoin de « recul critique, si la consigne n’y appelle pas explicitement », indiquent les inspecteurs de Versailles.
« Une infinie maladresse »
« La volonté d’améliorer les résultats du bac à tout prix mène à ce genre de dérapages »
— Bruno Modica, président d’une association de professeurs d’histoire
Pour Bruno Modica, président des Clionautes, une association de professeurs d’histoire dont les membres sont « indignés » par ces consignes, « c’est du jamais-vu en trente-trois ans de carrière » : « Ces inspecteurs au ton caporaliste sont d’une infinie maladresse. Il s’agit de dire aux professeurs, soyez bienveillants, faites un effort. La volonté d’améliorer les résultats du bac à tout prix mène à ce genre de dérapages », estime-t-il. Quant aux élèves, « on les prend pour des imbéciles, tout juste capables de faire une récitation, d’ânonner une quelconque fiche prépa-bac. Si le bac ne sert plus à évaluer un minimum de compétences, comme la capacité à argumenter, raisonner et rédiger une problématique, ça pose la question de son intérêt. Il faut arrêter le gâchis. Ce n’est pas ainsi que l’on prépare à l’enseignement supérieur. »
Du Mans à Toulouse, en passant par Orléans ou Sceaux, les professeurs sympathisants de son association dénoncent un « texte suintant le mépris » surtout « à l’égard d’élèves chez qui nous nous efforçons, vaille que vaille, et avec des succès forcément mitigés, de produire un peu d’intelligence des faits historiques et géographiques ». Une enseignante s’insurge : « Quel intérêt de continuer avec ce type d’épreuve ? Un QCM ferait visiblement très bien l’affaire ! » « Versailles n’est pas la France. Il n’y a pas eu de séparatisme pendant le règne de Louis XIV. Ce texte ne vaut rien. La seule chose qui compte c’est le bulletin officiel du ministère, lequel est bien plus exigeant », expliquent les Clionautes, qui craignent que les jeunes enseignants se laissent impressionner par les menaces de sanction.
D’où viennent ces consignes ? Les élèves de l’académie de Versailles sont en partie corrigés par des professeurs parisiens, réputés comme étant particulièrement sévères. « Les inspecteurs anticipent un risque de sous-notation », analyse Bruno Modica. De fait, les académies craignent de se situer sous la moyenne nationale en termes de résultats, ce qui, l’année suivante, peut entraîner un accroissement des redoublements en terminale. Versailles, avec 90,2 % de lauréats du bac général, n’atteignait que la 22 e place l’an dernier, loin derrière la Corse, Rennes, Nantes et Grenoble, qui oscillaient entre 93,5 et 95,5 % de succès. Les consignes similaires à celles de Versailles sont récurrentes.
En 2013, un barème distribué aux professeurs de français d’Orléans-Tours, leur demandait de noter l’épreuve du bac sur 24 points et non sur 20, pour améliorer les résultats par rapport à l’édition précédente. Dans l’est de la France, les professeurs de philosophie avaient été réprimandés il y a quelques années, accusés de faire fuir leurs élèves des filières littéraires en raison de leur manque de mansuétude : « Nous avions l’une des trois moyennes les plus faibles de France en philosophie. L’année suivante nous avions augmenté notre moyenne de deux ou trois points », témoigne l’un d’eux.
Messages
1. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 17 juin 2015, 19:37
A l’AEFE aussi. L’Inspecteur en Histoire et géographie, Héron, exige 12/20 des correcteurs !
Les gosses de riches ne doivent pas être embêtés, voyez-vous.
1. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 17 juin 2015, 20:10
Ne pas confondre la Ville de Versailles et l’Académie de Versailles si on veut être un minimum crédible...
2. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 18 juin 2015, 09:03
Ce ne sont pas les gosses de riches qui sont visés. Eux, on leur enseigne tout ce qu’ils doivent savoir pour être des chefs.
Au contraire.
La bourgeoisie ne commet pas l’erreur commise par l’église au 18ème siècle, qui avait appris à lire à la moitié des paysans. Au moment de rédiger les cahiers de doléances, les curés n’ont pas pu écrire ce qu’ils voulaient, et la révolte a viré à la révolution.
Pas de danger de nos jours !
Imagine-toi si les jeunes de novembre 2005 avaient été capables de lire un éditorial ou de rédiger un tract. qui sait si la révolte n’aurait pas pu déboucher sur une révolution ? On ne le saura jamais car de toute façon, ils en étaient incapables.
Et l’un des meilleurs moyens pour qu’ils le restent, c’est de leur faire cadeau d’un diplôme sans valeur qui les mènera à l’échec dans le supérieur, puis au chômage et en fera enfin des aigris prêts à se mettre au service de certaines blondes.
Brecht disait aux prolos : "Saisis-toi du livre, c’est une arme."
Mais il n’a pas été écouté.
3. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 18 juin 2015, 09:29
Brecht fut "écouté. C’était avant les années 80, où Chevènement, alors Ministre de l’EN, décrétait lui-même le taux d’admis au bac ! Depuis, l il est très difficile d’enseigner, notamment en collège. le redoublement a été supprimé, le diplôme est devenu un droit...pour-le-bien-des-nenfants, bien sûr.
4. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 18 juin 2015, 10:32
En effet, je disais à l’époque aux collègues que Chevènement nous fixait un plan comme ceux auxquels les Soviétiques étaient en train de renoncer.
Globalement, il faut quand même reconnaître que, à l’Education Nationale, il a été excellent... comme futur ministre des armées et de la police.
Quand il a décidé de changer le nom de son mouvement, le CERES, j’ai proposé en salle des profs qu’il se contente d’enlever les voyelles. Certains collègues étiquetés à gauche l’ont mal pris.
Et tout ça en se posant comme chef de file de l’aile gauche du PS.
Si les frondeurs d’aujourd’hui s’étonnent de ne pas être pris au sérieux, c’est peut-être la faute à de vieux doctrinaires comme moi qui ont encore un peu de mémoire.
5. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 18 juin 2015, 18:54
l’EN c’est pour élevage national. Le but n’est pas d’instruire mais d’éviter que la vermine ne soit dans la rue ou les stats de polemploi. Après, la volaille fait ce qu’elle peut. La véritable instruction et les liens se font dans 4 lycées : Louis le Grand, HenryIV, Janson de Sailly et Charlemagne.
2. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 19 juin 2015, 15:54
Eh ben...et les grandes orgas, elles n’auraient pas un petit communiqué à faire, non ? Dire que c’est pas bien, peut-être. ;..
Je me demande vraiment à quoi servent les syndicats à l’EN...
1. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 20 juin 2015, 19:53
Pourquoi, dès qu’on parle éducation sur Bellacio, on a l’impression de lire Le Figaro ? Le discours réactionnaire sur l’école, il faudra bien en parler un jour loin des caricatures du POI...
2. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 21 juin 2015, 07:32
Il s’agit d’un article du Figaro. Il faudrait le censurer pour cela ? Ne serait-il pas plus intelligent d’essayer de comprendre comment l’administration intimide, harcèle, et sanctionne les personnels, et pour quelle finalité ?
3. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 21 juin 2015, 09:31, par NOCTURNE
Ma fille est prof , et il est de plus en plus difficile d’enseigner pour un tas de raisons
Vue l’importance de l’enseignement pour nos générations a venir, il serait temps de ce bouger, et pas que les enseignants sur ce grave problème . .
4. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 21 juin 2015, 10:40
Mais attention car l’irruption dans l’Ecole des "parents d’élèves" qui souvent savent mieux enseigner que les enseignants, qui très souvent refusent d’admettre que leur progéniture n’est pas exemplaire en toute circonstance, qui fréquemment exige de bonnes notes pour celle-ci, est un très grave problème. Surtout quand un professeur fait valoir ses droits, les lettres de dénonciation parentales anonymes sont pieusement collectées contre lui par les petits chefs d’étable, avec brimades et sanctions. Au contraire, les personnels serviles, disant amen à la réunionite et autres pseudo-projets sont bien notés.
5. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 21 juin 2015, 20:30
Oui, il est plus "révolutionnaire" de se venger sur les élèves, c’est certain... Pour un beau discours radical sur la correction du Bac je vous mets le lien vers le billet de Brighelli, le défenseur des thèses éducative du FN :
http://blog.causeur.fr/bonnetdane/une-bonne-correction-00777.html
là c’est du vrai réac-radical comme il faut ! (comme il FO ?)
6. Bac : les correcteurs sévères pointés du doigt, 21 juin 2015, 21:04
Je crains que vous ne compreniez pas le sens de l’article.
Il ’s’agit ici d’une menace écrite de la part d’une hiérarchie contre des personnels qu’elle méprise. Elle le fait d’autant plus vivement qu’avec les trahisons du syndicat majoritaires, e l’attitude servile s’est répandue dans une très large mesure désormais, à l’EN. Là où l’article est intéressant, (et la question qui mérite d’être posée, c’est aussi de savoir pourquoi les médias dits de gauche sont mutiques sur ce type de menaces)quand bien même il viendrait du Figaro, c’est que les ptits chefs menacent partout, au moment du bac, mais n’ont pas en général la stupidité de laisser des traces écrites. Si vengeance il y a, elle s’exerce sous la forme de représailles de ladite hiérarchie contre les professeurs. Vous êtes très manifestement hors-sujet, d’autant plus que ces menaces portent leurs fruits, puisque le taux de réussite au bac bat chaque année de nouveau record. On a le niveau des scores qu’atteignait Ben Ali. Sauf qu’à la différence de la partie bien-pensante de la société française, qui croit toujours, ou plus vraisemblablement feint de croire, que l’Ecole fonctionne comme dans les années 1960, le peuple tunisien en a eu marre d’être mené en bateau.