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Banalisation nucléaire

Publie le jeudi 12 octobre 2006 par Open-Publishing

La Corée du Nord a confirmé, lundi 9 octobre, avoir procédé, avec succès, à un essai nucléaire souterrain. Les services de renseignement sud-coréens ont observé une secousse sismique de magnitude 3,58, depuis la province de Hamgyong, dans le nord de la Corée du Nord, à 10 h 36. L’aboutissement logique d’un feuilleton de 14 années.

En 1992, la Corée du Nord déclarait que les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) étaient aux ordres des services de renseignement américains et annonçait son retrait du Traité de Non Prolifération nucléaire (TNP).

En mai 1994, ce même pays déchargeait du réacteur de Yongbyon 8 000 barres de combustible irradié contenant assez de plutonium pour fabriquer cinq ou six bombes atomiques. Fin juin 1994, à la demande de Bill Clinton, l’ancien président James Carter s’envolait pour Pyongyang, où il obtenait de Kim Il-sung l’engagement, formalisé par un accord-cadre d’octobre 1994, d’un gel total du complexe de Yongbyon. Les USA proposèrent alors une aide économique en échange du gel du programme nucléaire allant jusqu’à racheter des missiles à la Corée du Nord.

Marché de dupes. En 2002, Les USA entrent en possession de preuves d’une reprise du programme nucléaire nord-coréen. Dans l’intervalle un échange de technologie a eut lieu avec le Pakistan censé leur permettre de fabriquer une bombe atomique sur le modèle de celle du Pakistan. Le 10 janvier 2003, la République populaire et Démocratique de Corée annonçait son nouveau retrait du TNP et que toute sanction prise à son encontre par le Conseil de sécurité de l’ONU serait considérée comme une « déclaration de guerre ».

La crise Irakienne, voulue par G. Bush, allait cependant offrir un répit opportun à la Corée dont on sait aujourd’hui de quelle façon il a été exploité.

La solution à la crise actuelle viendra peut être cependant non pas des USA mais de la Chine, qui permet la survie d’un régime Nord Coréen exsangue et qui pour la première fois a condamné l’essai nord coréen. Une survie nécessaire aux yeux de Pékin encerclée de fait par des Etats disposant de l’arme atomique (Inde, Pakistan, Russie), et qui ne veut pas des Etats-Unis à sa porte en cas de changement de régime.

Pourtant, dans cette banalisation atomique, les Occidentaux au sens large portent une lourde responsabilité. Les termes du Traité de non-prolifération nucléaire n’ont jamais été appliqués. Les occidentaux n’ont pas réalisé le désarmement nucléaire promis en échange de l’abandon par les non-nucléarisés de la quête à l’arme atomique. A l’inverse, prisonniers sans doute de leurs lobby militaro-industriel, ils se sont engagés dans une course à la miniaturisation de l’arme nucléaire et à sa banalisation dans la panoplie militaire conventionnelle.

Un retour en arrière ou même un simple gel de la situation actuelle paraissent malheureusement aujourd’hui bien utopiques.

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