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Bassin d’Arcachon : l’union locale CGT face à l’isolement du salariat
par David Patsouris
Publie le jeudi 6 février 2014 par David Patsouris - Open-PublishingLes militants de l’union locale CGT du Bassin et du Val de l’Eyre se tournent vers le salariat précarisé et isolé du secteur de la santé privé, du commerce et de l’hôtellerie.
Dans la petite permanence de l’union locale CGT de la rue du port à Biganos, les militants ont laissé la porte ouverte. Ce mardi après-midi, c’est la permanence hebdomadaire. Des salariés viennent de sortir. Leur boîte a été reprise et ils n’arrivent même pas à savoir qui est leur patron. Ici, on entend des tas de choses incroyables, des histoires si tordues qu’on se demande si le code du travail existe encore.
Le nouveau bureau de l’union locale organise une conférence de presse pour mobiliser autour de la journée interprofessionnelle du 6 février contre la politique gouvernementale et contre l’offensive menée par le Medef et « exiger une juste utilisation et répartition des richesses et une autre politique économique et sociale » (1).
Mais les nouveaux responsables de l’union locale parlent des salariés du Bassin. Il y a bien sûr les grandes entreprises et les structures publiques où le combat syndical est bien organisé (chez Smurfit ou à l’hôpital par exemple), mais il y a aussi tout le reste, les salariés du commerce, de la restauration, de l’hôtellerie, de l’aide à domicile ou des services.
« En dehors du secteur public ou de Smurfit, nous avons environ 200 personnes syndiquées de manière individuelle », assure Éric Porchet. « Toutes les professions sont représentées et organisées au sein de la CGT départementale, renchérit Nicole Ruiz, mais notre orientation est de se tourner vers les très petites entreprises. Et c’est compliqué. Enfin, ça l’est surtout pour les salariés de ces boîtes. »
Or les entreprises de moins de 50 salariés représentent plus de 50 % des emplois sur le Bassin et 8 % à 10 % des nouveaux adhérents à la CGT appartiennent aux très petites entreprises, explique la CGT.
Alors qu’entend-on derrière la porte de l’union locale ? L’histoire de ces deux femmes qui sont venues séparément ici raconter leurs conditions de travail déplorables dans cette grosse entreprise d’aide à domicile, le salaire à temps partiel à moins de 1 000 euros par mois, l’obligation de travailler avec sa propre voiture sans que le patron ne participe aux frais d’assurances. « Et ces deux femmes ne se connaissaient pas, s’exclame Nicole Ruiz. Elles travaillent dans la même boîte. On constate l’éclatement du salariat, l’isolement des gens parce que les salariés ne se rencontrent plus ou n’ont plus le temps de parler. C’est caractéristique de ce secteur de l’aide à la personne. D’ailleurs nous voyons une féminisation et un rajeunissement des adhésions à la CGT. »
Une autre histoire ? « Une femme, encore une, qui a pris huit jours de congé sans solde et qui, sur demande de son patron, lui a fait un chèque de 300 euros pour le dédommager ! » Une dernière ? « Un ambulancier qui pousse la porte de l’union pour nous demander si c’est bien légal qu’il en soit à son vingt-neuvième jour de travail sans jour de congé. Souvent, les gens qui viennent ici sont soit déjà mis à la porte ou alors pris dans une situation professionnelle insupportable. »
Le travail de l’union locale consiste donc d’abord à informer les salariés de leurs droits et ensuite de les aider à s’organiser pour se défendre. « Se syndiquer, c’est ne plus être seul », avance Claude Laffitte. « Mais c’est la rencontre avec le salarié qui est difficile, précise Yan Priour, le nouveau secrétaire général de l’union locale. Après, une fois que le contact est établi, les choses sont plus simples. »
Mais pénétrer le monde des petites entreprises n’a rien de facile. Quand ont eu lieu en 2012 les élections professionnelles dans ces petites entreprises, les militants CGT en ont vu des très vertes et des pas mûres du tout : « Soit le patron nous laissait entrer et nous donnions des tracts à des salariés apeurés qui ne savaient pas quoi faire ou alors le patron nous mettait dehors, alors qu’il n’en a pas le droit. » L’objectif de l’union locale est pourtant bien celui de tenter de fédérer ces salariés.
(1) Un déplacement en autocar au départ d’Arcachon avec un ramassage dans toutes les gares jusqu’à Marcheprime est organisé demain jeudi 6 février pour rejoindre la manifestation à Bordeaux. Participation : 5 euros. Contact au 06 83 62 42 43 ou par mail ul.cgt.bassin Tok gmail.com
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