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Batasuna demande à Jacques Chirac de prendre contact avec l’ETA

Publie le mercredi 2 mars 2005 par Open-Publishing

de Martine Silber

Dans une lettre ouverte adressée le 25 février à Jacques Chirac, le parti nationaliste radical basque, Batasuna, lui "suggère" de demander à son gouvernement "qu’il prenne contact avec l’ETA", l’organisation terroriste qui a fait plus 800 victimes depuis 1968, parce que la France doit "faire partie d’un scénario de paix au Pays basque". Dans sa lettre, Batasuna estime que "dans la mesure où l’Etat français est un des acteurs du conflit, un vrai processus de solution définitive à ce conflit ne peut être envisagé sans sa participation."

Selon Batasuna, "une discussion entre l’ETA et les gouvernements espagnol et français" concernant "la démilitarisation, la libération des prisonniers politiques" et la prise en considération "de toutes les victimes du conflit" est nécessaire pour mettre en marche "une dynamique globale de solution du conflit."

REPRÉSENTATION LÉGALE

Bras politique de l’ETA, Batasuna a été interdite en Espagne, en mars 2003, et figure sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne et des Etats-Unis. Mais en France, Batasuna a une représentation légale avec un statut d’association de loi de 1901.

Pour tous les nationalistes basques, trois provinces basques sont situées en territoire français, le Labour, la Soulte et la Basse Navarre. Batasuna déplore que la position de la France se caractérise par "un refus de toute reconnaissance" du pays basque, que ce soit via la création d’un département basque, la reconnaissance de la langue ou la création d’une Chambre d’agriculture du Pays basque. Batasuna dénonce également la "politique répressive de la France" et les "144 prisonniers politiques" détenus dans les prisons françaises, estimant que cela conduit le Pays basque "à une impasse".

Il y a quelques semaines, des rumeurs ont couru sur de possibles négociations entre le gouvernement espagnol du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero et l’ETA. M. Zapatero avait reçu une lettre du porte-parole de Batasuna, Arnaldo Otegi, lui demandant de devenir le "Tony Blair espagnol" (en allusion aux négociations sur le désarmement l’Armée républicaine irlandaise), et de négocier avec l’ETA, une "démilitarisation multilatérale."

En novembre, Arnaldo Otegi, avait proposé de trouver une solution "au conflit basque" par des voies politiques. Début janvier, l’ETA avait annoncé qu’était venu "le temps de la parole." M. Zapatero a répondu qu’il était prêt à écouter les représentants de Batasuna mais qu’il fallait qu’auparavant que "cesse le bruit des bombes et des armes". Or, les attentats de l’ETA se sont poursuivis. Le dernier qui s’est produit à Madrid le 9 février a fait 42 blessés légers.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-399915,0.html