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Bengladesh : derrière l’effondrement d’un bâtiment-usine, la violence du capital
par cocolib
Publie le dimanche 28 avril 2013 par cocolib - Open-Publishing1 commentaire
Un immeuble abritant cinq ateliers de confection s’effondre. A l’intérieur, plus de 3000 ouvriers. Plusieurs centaines d’entre eux et elles sont morts ou disparus, mille cinq cent sont blessés…
Dans ces ateliers qui fabriquent les vêtements que portent beaucoup de monde en Europe, en Amérique du Nord, des centaines de milliers d’ouvriers et d’ouvrières travaillent pour 26 ou 30 euros par mois, avec à chaque instant le risque d’y laisser sa peau, pour les petits profits de sous-traitants esclavagistes locaux et les très grands profits des grandes marques connues spécialisées dans le prêt-à-porter "made in Bangladesh" et les enseignes commerciales de la grande distribution.
Le château de cartes – L’effondrement du bâtiment à Savar
Vers 9 h, le mercredi 24 avril, un bâtiment de huit étages s’est effondré à Savar, une banlieue industrielle de Dacca. En deux minutes la structure du Rana Plaza est devenue une masse de gravats, de ferrailles tordues, de machines et de corps écrasés et emprisonnés. Le bâtiment abritait un centre commercial sur les étages inférieurs et cinq usines de confection situées sur entre le troisième et le huitième étage. Les personnes présentes dans le quartier décrivent l’effondrement comme un tremblement de terre assourdissant. L’horreur du désastre est apparue rapidement ; avec des milliers de travailleurs du textile, principalement des femmes à l’intérieur du bâtiment, les populations locales qui se sont précipitées sur place pouvaient voir des morceaux de corps écrasés au milieu des décombres et entendre les appels à l’aide provenant des ruines.
Les premiers arrivés sur les lieux étaient principalement des travailleurs locaux, des parents de ceux qui étaient piégés, des collègues des ouvriers de la confection des ateliers du voisinage ou d’autres secteurs, les conducteurs de rickshaws [cyclo-pousse à moteur], des travailleurs des magasins, etc. Rapidement ils ont commencé désespérément à essayer d’atteindre les survivants, en utilisant tous les outils disponibles et en formant des chaînes pour déplacer les décombres du mieux qu’ils pouvaient. Lorsque les services de secours sont arrivés, ils ont continué à contribuer aux efforts de secours car l’énormité de la catastrophe était devenue évidente.
On pense que plus de 3.120 travailleurs des cinq usines étaient présents dans le bâtiment quand il s’est effondré. Alors que beaucoup ont été sauvés, on compte environ 315 morts avec plus de 1500 blessés, dont beaucoup grièvement atteints, et ces chiffres vont certainement augmenter. Dans un pays qui a une longue histoire d’accidents similaires, l’effondrement de Rana est la pire tragédie industrielle jamais enregistrée dans le pays.
Pourquoi ?
Les raisons de ce massacre sont tristement prévisibles ; dans l’équation des coûts entre les pertes périodiques de vies de travailleurs et des mesures efficaces de sécurité et de santé au travail, l’option la moins chère l’emporte toujours. Pour les capitalistes concernés – les patrons des usines et les acheteurs internationaux pour les marques de vêtements occidentales – c’est tout-à-fait rationnel. Toutes les personnes impliquées savent que les décès sur les lieux de travail, dans des incendies d’usine et des effondrements de bâtiments, sont inévitables dans les conditions actuelles au Bangladesh – et que ces conditions contribuent grandement à la faiblesse des coûts salariaux, à la formation des prix et aux niveaux des profits. Le pays est le fournisseur de vêtements les moins chers au monde. Les détails de la catastrophe montrent le fonctionnement de cette logique à l’œuvre...
Messages
1. Bengladesh : derrière l’effondrement d’un bâtiment-usine, la violence du capital, 28 avril 2013, 20:32, par Copas
Un dossier fourni sur cette tragédie de taille mondiale pour la classe ouvrière .
Merci.