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Besancenot : "Si Mélenchon va à Matignon, son balai se transformera en plumeau"
par Antoine (Montpellier)
Publie le vendredi 3 mai 2013 par Antoine (Montpellier) - Open-Publishing8 commentaires
INTERVIEW DE LA SEMAINE - Dimanche, Olivier Besancenot répondra présent à la marche organisée à Paris par Jean-Luc Mélenchon, à l’occasion du premier anniversaire de la présidence Hollande. Mais l’ancien candidat à la présidentielle n’est pas pour autant sur la même ligne que le leader du Front de gauche, dont il dénonce "l’ambiguïté". "Il faut arrêter de bégayer lorsque la question d’être ou de ne pas être dans l’opposition est posée", juge Olivier Besancenot. Quant à François Hollande, il estime qu’il est "en train de faire" ce que "Nicolas Sarkozy a promis".
Vous irez manifester dimanche. Comment vous démarquer du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon ?
On n’y va pas pour se démarquer de qui que ce soit mais pour apporter nos propres revendications. Dès qu’il y a eu l’affaire Cahuzac, on a expliqué qu’il fallait une initiative unitaire de toute la gauche non gouvernementale sur ces questions-là. Même si sur la forme et le fond, il y a en effet des motifs de désaccords avec le Front de gauche, on pense qu’il faut frapper ensemble. On revendique aisément qu’en mobilisant un maximum, on peut transformer cette marche en première grosse manifestation de la gauche anti-gouvernementale.
Vous semblez sceptique quant à l’idée de Jean-Luc Mélenchon de donner un "coup de balai". Pourquoi ?
La VIe République conçue par Jean-Luc Mélenchon, ça n’est pas notre tasse de thé. Un "coup de balai" reviendrait à remplacer le personnel politique, mettre des bons à la place des mauvais, remplacer les uns par les autres. Et puis finalement, le changement de numéro de République, à bien écouter Jean-Luc Mélenchon, ça pourrait presque se réduire à un changement de Premier ministre.
Considérez-vous Jean-Luc Mélenchon comme un tribun populiste ?
Ça n’est pas mon sujet. Il est dans son domaine, avec ses ambitions, ses objectifs politiques. Moi je ne roule pas pour lui, je roule pour Philippe Poutou. Depuis le début, la direction du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon compris, explique qu’ils ne sont ni au gouvernement ni dans l’opposition. Il faut arrêter de bégayer lorsque la question d’être ou de ne pas être dans l’opposition est posée. A l’épreuve des faits, il faudra donner une perspective politique commune.
« Le Front de gauche n’assume pas son statut d’opposant »
Trouvez-vous la position du Front de gauche ambiguë ?
Ils n’assument pas leurs statuts d’opposants. A la fois, Jean-Luc Mélenchon cartonne François Hollande et réclame d’être son Premier ministre. C’est en effet une ambigüité politique qui ne peut pas résister aux faits. Si on assumait de dire que tous ceux qui sont en colère à gauche, révoltés contre le gouvernement, viennent manifester avec nous dimanche, ça nous aiderait. Notre perspective politique est de trouver une voix à la fois unitaire et radicale.
Et si Jean-Luc Mélenchon était à Matignon, comme il le souhaite, cela changerait-il la donne ?
S’il va à Matignon, son balai sera transformé en plumeau et il nettoiera le mobilier. Qu’est-ce que ça changera ? L’option du changement de personnel, je n’y crois pas. C’est du relooking, même pas extrême. A partir du moment où les casseroles de gauche s’accumulent aux casseroles de droite, toute la cuisine est bousillée.
Vous parlez d’un "réveil du mouvement social de la gauche". Mais certains syndicats ont pourtant signé l’accord sur l’emploi soutenu par le gouvernement…
A chaque fois que le PS est au pouvoir, il y a une partie des organisations syndicales qui jouent le jeu du gouvernement. Du coup, le mouvement syndical est fracturé. On l’a vu sur l’accord compétitivité-emploi, qui est une machine à remonter le temps. C’est revenir sur 140 ans qui ont été arrachés sur la législation collective du travail. Il faut assumer pour ceux qui ne signent pas ce type d’accord d’aller au carton contre le gouvernement.
Qu’entendez-vous concrètement par "aller au carton" ?
Assumer le bras de fer. Oui, il faut manifester. Oui, il faut faire grève. Oui, il faut la convergence des luttes. On est tous des travailleurs de PSA ou d’ArcelorMittal et quand ils perdent, on perd. Quand vous regardez partout ce qu’il se passe en Europe, tous les ingrédients qui existent dans les autres pays vont s’inviter d’une manière ou d’une autre dans la situation française. En France, on est dans l’œil du cyclone, c’est le calme avant la tempête.
« Ce que Sarkozy a promis, Hollande est en train de le faire »
Lors du défilé du 1er-Mai, beaucoup de manifestants scandaient "Hollande et Sarkozy, c’est la même chose". Est-ce aussi votre point de vue ?
C’est la grande continuité. Sur les questions économiques et sociales principalement. L’accord de compétitivité-emploi était une promesse de Sarkozy pendant la campagne. Ce que Sarkozy a promis, Hollande est en train de le faire. Sans parler de ce qui est déjà programmé sur la réforme des retraites. Le PS était contre quand il était dans l’opposition, il est pour au gouvernement. C’est une mascarade.
Vous attendiez-vous à ce que François Hollande mène cette politique ?
On a mis un bulletin dans l’urne pour mettre une grande claque à Nicolas Sarkozy, je ne le regrette pas. On a expliqué à tous qu’avec le PS, on n’obtiendrait rien. Quand on n’avait pas d’espérance, on n’a pas de désillusions. On savait qu’il serait rattrapé par la réalité.
Soutenez-vous les ministres Arnaud Montebourg, Cécile Duflot et Benoît Hamon qui ont mis en garde contre les politiques d’austérité en Europe ?
Je ne vais pas individualiser les postes et les ministres. Je prends le gouvernement dans sa cohérence et toute sa globalité. Donc tous ceux qui sont au gouvernement assument le bilan du gouvernement sur les questions économiques, sociales, de société, ou même sur les questions d’amnistie sociale. Je me souviens parfaitement que Benoît Hamon et Cécile Duflot avaient tenu des propos très forts sur la question. Mais quand on rentre au gouvernement, on avale la politique du gouvernement et toutes ses couleuvres. C’est toujours la même histoire. Avant d’y rentrer, on me dit dans les yeux : "Promis, juré, Olivier : si je n’ai pas ça, je me barre !" Ça fait trente ans que j’entends ça. C’est l’effet "KissCool", l’effet magique du pouvoir. Dans l’opposition, vous êtes chaud-bouillant comme la braise et quand vous arrivez au pouvoir, vous faites "coin-coin".
Le gouvernement considère qu’il doit "avoir une seule réponse, le respect de la loi républicaine pour tous"…
Je m’en bats les reins ! C’est du flan. Il faut comprendre pourquoi les gens luttent et résistent ! On parle de gens qui perdent leur boulot ! Qu’ont-ils fait ? Ils étaient simplement aux avants postes du combat contre Sarkozy.
« Ce gouvernement n’est pas capable de prendre des mesures sociales »
Les députés socialistes ont déposé mardi un projet de loi pour favoriser la reprise des sites industriels rentables. Est-ce selon vous un premier pas ?
C’est plutôt un pas en arrière par rapport au premier pas qu’ils avaient annoncé. Ça arrive beaucoup trop tard, par rapport notamment aux salariés du site ArcelorMittal de Florange. Ce sont des effets d’annonces qui ne vont rien régler pour ceux qui sont dans les usines.
Arnaud Montebourg a pourtant mené différentes batailles contre des plans sociaux, allant jusqu’à évoquer des nationalisations temporaires...
Sa menace n’a fait peur à personne. Quelles nationalisations temporaires ont eu lieu ? Ce ne sont pas les mots qui m’intéressent, mais les actes. Ce gouvernement ne nationalisera rien. Il n’est pas capable de prendre des mesures sociales, même "ultra-lights".
Qu’avez-vous pensé des mesures sur la moralisation de la vie publique annoncées après l’affaire Cahuzac ?
Sur les paradis fiscaux, c’est du Sarkozy dans le texte. Au final, rien n’est fait. Quant à la publication du patrimoine des élus, ça ne règle rien en soit. C’est juste l’occasion de se rendre compte que la classe politique n’est pas à l’image de 80% de la population. Dans le mouvement altermondialiste, on appelait cela "l’effet Dracula" : vous projetez de la lumière en espérant que ça puisse culpabiliser les gens et ainsi que ça s’arrête tout seul. Mais les patrons du CAC 40 sont riches, tout le monde le sait et ils ne culpabilisent pas pour autant.
L’affaire Cahuzac discrédite-t-elle l’ensemble de la classe politique, la gauche radicale comprise ?
Moi, je ne suis pas un homme politique, mais un militant. Au NPA, nous n’avons pas de retombées négatives de ce point de vue.
« A gauche du Front de gauche, il y a encore un espace politique »
Cette affaire nourrit toutefois le discours de "politiques, tous pourris"...
Ce ne sont pas "les politiques" qui sont "tous pourris", mais le système dans son ensemble. Moi, je ne suis pas populiste, je ne fustige pas les individus. Je suis un internationaliste, un anticapitaliste qui propose des solutions alternatives au système. C’est pourquoi j’attends un sursaut, un réveil démocratique "du bas", de la base de la société.
Le NPA, porté par Philippe Poutou, n’a fait que 1,15% à la dernière élection présidentielle. Auriez-vous envie de vous représenter en 2017 ?
Chez nous, ça tourne. Nous avons plusieurs visages et aucun d’entre nous ne cherche à s’accrocher à son poste. Nous nous obligeons à ça.
Quel avenir imaginez-vous pour le NPA ?
Nous avons vécu des moments difficiles sur lesquelles nous n’avons rien à cacher. Mais, depuis un an, le milieu ouvrier se retourne vers nous. Ces gens ne partagent pas toutes nos idées mais pensent que nous pouvons être utiles. A gauche du Front de gauche, il y a encore un espace politique, plus petit mais réel.
Vidéo Besancenot vu par Olivier : cliquer ici
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A lire aussi : Mélenchon premier ministre de Hollande, une "simple" boutade ?
Messages
1. Besancenot : "Si Mélenchon va à Matignon, son balai se transformera en plumeau", 4 mai 2013, 08:01
C’est vrai, mais incomplet : le même scénario a lieu quand c’est l’UMP qui occupe le fauteuil.
Exemple : les retraites en 2003, réforme Fillon très vite soutenue par la CFDT, après quelques guignoleries pour donner le change.
C’est peut-être à la base qu’il y a une différence : les positions des syndicats qui collaborent passent moins bien quand la droite est au pouvoir, il y a un sentiment plus grand de trahison.
Chico
2. Besancenot : "Si Mélenchon va à Matignon, son balai se transformera en plumeau", 4 mai 2013, 10:18, par Gérald
Bon interview dans l’ensemble avec des bémols...
Quand Olivier parle "d’ambiguïté" concernant Mélenchon, il y a aussi ambiguïté du NPA qui ,tout en voulant de démarquer, servira dimanche la soupe à Mélenchon dont la presse bourgeoise fera les choux gras le soir !
Le NPA, qui sera totalement inaudible, n’aurait jamais du participer à cette marche qui n’est là que pour dorer l’image de Mélenchon...
Deuxième chose, Olivier dit "qu’il roule pour Philippe POUTOU".... Même si Philippe a été un excellent candidat à la présidentielle, le NPA ne doit pas "rouler" pour une personne mais pour le renversement du capitalisme...
1. Besancenot : "Si Mélenchon va à Matignon, son balai se transformera en plumeau", 4 mai 2013, 13:31, par philippe
Olivier dit "qu’il roule pour Philippe POUTOU"....
Moi pareil ! Mais qu’est-ce que çà veut dire ? Qu’il va encore se présenter ? Qu’on n’aura jamais une femmes candidate ? Lapsus, j’espere !
2. Besancenot : "Si Mélenchon va à Matignon, son balai se transformera en plumeau", 4 mai 2013, 16:13
"""Vous attendiez-vous à ce que François Hollande mène cette politique ?
On a mis un bulletin dans l’urne pour mettre une grande claque à Nicolas Sarkozy, je ne le regrette pas. On a expliqué à tous qu’avec le PS, on n’obtiendrait rien. Quand on n’avait pas d’espérance, on n’a pas de désillusions. On savait qu’il serait rattrapé par la réalité.
""
Pas d’accord là dessus,Hollande ,le PS ne sont pas rattrapés par la réalite,ils connaissaient fort bien l’état des lieux,ils en sont même responsable aussi,et sont au service du capital.
je ne comprends pas du tout ce que veut dire Olivier,et cette phrase est malheureuse,elle laisse penser que la crise "s’impose" à tous !
Alors que la crise est crée par la politique de cadeaux fiscaux faits par le PS et l’UMP depuis plus de 30 ans.
3. Besancenot : "Si Mélenchon va à Matignon, son balai se transformera en plumeau", 4 mai 2013, 19:51, par antoine (Montpellier)
On peut toujours trouver que telle ou telle expression ne convient pas mais il faut tenir compte de l’économie générale de l’entrevue. De ce point de vue-là, on ne peut pas dire que ce passage de l’entrevue "laisse penser que la crise s’impose à tous". Toute l’entrevue, et ce passage participe de cette problématique, est un appel à refuser la fatalité d’une crise qui n’est pas la crise mais "leur" crise, celle des capitalistes. Donc rien d’autre ne s’impose, selon O Besancenot, que de lutter contre ladite crise !
Quant au PS, il s’agit de dire qu’il est rattrapé par sa propre logique, sa propre réalité de parti de l’ordre capitaliste : la politique de Hollande est et surtout apparaît à beaucoup comme en retrait par rapport à sa campagne électorale. Le profil antisarkozyen de cette campagne camouflant l’absence de mesures antisystème, apparaît aujourd’hui comme lui-même un leurre pour nombre de ses électeurs. Ceux-ci découvrent "la réalité" : l’antisarkozysme de campagne ne résiste pas à la continuité de Hollande avec Sarko ! L’important n’est pas ce que nous, les convaincus, pensions dès le départ (le PS est le volet gauche de la défense du capital), c’est ce que les "gens" pensaient et pensent désormais. Cela ne résout pas tout (la déception ne politise pas nécessairement), mais c’est un élément à prendre en considération.
3. Besancenot : "Si Mélenchon va à Matignon, son balai se transformera en plumeau", 4 mai 2013, 17:26
Critique du front de gauche par le npa ? = proche du niveau de la mer. Nullissime
1. Besancenot : "Si Mélenchon va à Matignon, son balai se transformera en plumeau", 4 mai 2013, 17:35
""Critique du front de gauche par le npa ? = proche du niveau de la mer. Nullissime""
par exemple ?
qu’on soit enfin convaincu,te géne pas ,je demande juste un exemple de ce niveau zéro.
Un salarié Privatisé sous Mélenchon .
2. Besancenot : "Si Mélenchon va à Matignon, son balai se transformera en plumeau", 5 mai 2013, 07:42
Hé hé hé ! Il va falloir créer un prix. Le prix de celui qui se vautre dans ce qu’il dénonce (dans ce cas, une supposée "nullicimité").
Récemment il y a eu un candidat qui a traité LL de sectaire (ici) sans le moindre contre-argument, en se vautrant dans le sectarisme. Commentaire du jury :
Nouveau candidat ici : la critique du NPA contre le FdG serait nullissime.
Pourquoi pas...
Examinons les contre-arguments opposés à ceux de Besancenot :
C’est tout ? Ben on dirait...
Si la critique du FdG par Besancenot est proche du niveau de la mer, l’auteur de ce commentaire est un sacré apnéiste.
Chico