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CGT : lutte de classes ou syndicalisme rassemblé ?
par ROUGE-MIDI relayé par A.C
Publie le jeudi 4 avril 2013 par ROUGE-MIDI relayé par A.C - Open-Publishing6 commentaires
Je mets en ligne ce papiedans le débat post Congrès de laCGT
.
En quote italique les remarques de R.M concernant ce papier dont le Journal électronique des Rouges VIFS précise :
Nous ne partageons pas tout de cet article mais c’est le propre de cette Tribune de permettre des expressions diverses. Le mérite de l’auteur est de tenter de répondre à une question qui a été au coeur du congrès de la CGT...quitte à émettre ce qui nous semble être quelques contresens historiques auxquels nous répondons par des notes de la rédaction (NDR) dans les encadrés
ref :
http://www.rougemidi.org/spip.php?article7738
CGT : lutte de classes ou syndicalisme rassemblé ?
de Gilles Mercier
Syndicaliste CGT Recherche
Le document d’orientation présenté par la Direction confédérale de la CGT pour son 50e congrès fait du syndicalisme rassemblé l’alpha et l’oméga de sa stratégie. Mais, le bilan de 15 ans de syndicalisme rassemblé ne plaide pas pour sa poursuite. Le texte reconnait d’ailleurs que l’unité syndicale contre la réforme Fillon des retraites n’a porté que sur le rejet du projet de réforme et non sur les propositions alternatives. Et pour cause, les autres confédérations partageaient peu ou prou la logique du plan Fillon.
La Direction confédérale reconnait de plus que les autres organisations syndicales ont une conception différente du dialogue social et de la négociation qui les conduisent à signer des accords avec le patronat que ne signe pas la CGT.
Le dernier exemple est celui sur « la sécurisation de l’emploi » qui bouleverse le code du travail approuvé par la CFDT, la CGC et la CFTC. Leur signature était prévisible puisqu’elles avaient signé avec le MEDEF, la CGPME et l’UPA un document commun en janvier 2012 sur la compétitivité des entreprises et le coût du travail.
La Direction confédérale a jusqu’ici justifié la stratégie du syndicalisme rassemblé par la faiblesse de la syndicalisation et la division syndicale. La faiblesse de la syndicalisation et la division syndicale sont liées à l’histoire du syndicalisme français. Histoire que la direction confédérale réécrit à sa façon, en affirmant dans le document d’orientation au 1.68 que la CGT est née de la prise de conscience … que les salarié-e-s au delà de leur différence devaient être organisés dans un seul syndicat porteur d’une conception solidaire et interprofessionnelle.
En 1895 au congrès de Limoge le débat ne s’est jamais posé en terme de syndicat unique mais surtout ce qu’occulte le texte confédéral, c’est que la CGT s’est créée sur une base de lutte, sur la conscience de l’affrontement de classe entre le capital et le travail. Le syndicat dans la conception de l’époque, explicitée par la Charte d’Amiens, devait émanciper le salariat de son exploitation. Il est évident que face à un syndicalisme qui contestait sa suprématie, la bourgeoisie n’allait pas rester inactive.
Adhérer à la CGT, c’était faire une croix sur sa carrière, être en butte à la répression. Cette dernière fut particulièrement féroce sous Clémenceau et Briand. Contrairement à la France, le syndicalisme en Angleterre et en Allemagne ne s’est pas constitué sur une base d’affrontement avec le capital. Il était plus un partenaire qu’un adversaire du patronat et du pouvoir politique. Y adhérer n’était pas synonyme de blocage de carrière et de répression.
RMidi : Depuis sa création la CGT s’est toujours prononcée pour la centrale unique des travailleurs et a donc combattu la division. La charte d’Amiens, écrite en 1906, à une époque où la CGT était le seul syndicat français ne pouvait pas aborder la question de la division syndicale.
Dire qu’à l’origine les syndicats anglais et allemands ne se sont pas constitués sur une base d’affrontement avec le capital est aller un peu vite en besogne. A leur naissance il y a eu des courants et des organisations de classe.R.M
n France, la multiplicité des confédérations est la conséquence de l’existence d’une CGT influente.
La CFTC fut créée en 1919 à l’initiative du Vatican pour développer un syndicalisme chrétien en opposition à la CGT.
La CGC s’est créée face à la montée du salariat chez les cadres et à une CGT sortie très renforcée des grèves de 1936.
Rouge-MIDI:Pas sûr que ce soit la montée du « salariat chez les cadres » qui suffise à expliquer la création de la CGC en 1944. Volonté de disputer à la CGT son hégémonie et de réhabiliter le partenariat avec un patronat décrédibilisé par la collaboration, l’expliquent tout autant
Compte tenu de son action dans la résistance, la CGT était toute puissante à la Libération. Mais toute une série de scissions allaient l’affaiblir qu’il faut placer dans le contexte de la violence des luttes de classes qui suivent la Libération et du commencement de la guerre froide.
C’est tout d’abord la scission de la CNT, puis celle de la FGAF (cheminot) puis celle de Force Ouvrière, celle de la FEN, et de syndicats qui allaient passer dans l’autonomie, certains se ré-affilieront par la suite à la CGT.
R.M :
Là c’est aller un peu vite ! FO c’est une création de la CIA dans le cadre du plan Marshall à une époque où 6 millions de salariés sont syndiqués à la CGT dans un pays où le PCF représente près de 30% des voix, et donc un danger pour le capitalisme international. C’est devant cette scission que des syndicats et fédérations choisiront de ne pas se diviser. C’est le choix des enseignants CGT qui resteront unis dans la FEN. C’est aussi le choix d’autre fédérations ou branches, livre, dockers qui resteront unies dans la CGT. (NDR)
1964 voit la déconfessionnalisation de la CFTC avec la naissance de la CFDT, porteuse d’un réformisme moderne qui va attirer beaucoup de couches nouvelles du salariat qui découvrent l’exploitation patronale.
En 1992, la FEN éjecte la tendance U&A à son congrès de Perpignan pour se saborder et créer l’UNSA avec 5 syndicats autonomes. Au lieu de rejoindre la CGT, U&A maintient les enseignants dans un syndicalisme ultra catégoriel en créant une FEN bis avec ses tendances, la FSU.
Là aussi les choses sont un peu plus compliquées que cela. Le dilemme posé aux exclus c’est celui de comment rester le plus unis (et donc le plus efficace) possible. Pour les enseignants de poursuivre dans ce but un syndicalisme de orporation. Cela n’empêche pas que depuis des rapprochements se sont faits justement avec la CGT (NDR)
Enfin, il reste Solidaires né en 1998 de l’association de syndicats autonomes, (le groupe des dix né en 1981), dont certains ont depuis rejoint l’UNSA, et de syndicats SUD dont plusieurs ont quitté la CFDT.
L’ensemble de ces organisations syndicales malgré leurs différences et leurs divergences ont un point commun, elles se définissent comme réformistes.
Vrai en ce qui concerne CFDT, FO, CFTC, CGC, UNSA, c’est faux en ce qui concerne Solidaire et la FSU où la situation n’est pas binaire, réformiste ou révolutionnaire, mais porteuse de débats (NDR)
C’est ce que refuse d’admettre le syndicalisme rassemblé. Pour elles[les organisations réformistes], les intérêts du salariat ne sont pas fondamentalement antagoniques de ceux du patronat, des aménagements sont possibles. Or, la mondialisation exacerbant la concurrence entre groupes capitalistes rend les besoins de financement de ces derniers infinis. Les richesses créées par les salariés doivent servir au maximum sinon en totalité à l’accumulation du capital et ne plus être socialisées ou le moins possible quitte à remettre en cause le renouvellement de la force de travail.
Chaque organisation syndicale au niveau de l’entreprise, de la branche professionnelle, de l’Etat se positionne face aux exigences du patronat et de l’Etat qui épaule en permanence le patronat.
C’est ce qui fait que la CGT est différente de toutes les autres organisations.
Elle n’a signé et ne signe aucun accord défavorable aux salariés.
Le syndicalisme rassemblé, sous entendu autour de la CGT, qui pour ses concepteurs est la première étape menant à l’unité organique [1] est un leurre.
Il n’y a pas d’un coté le patronat et de l’autre l’ensemble des organisations syndicales. Il y a d’un coté le patronat et le syndicalisme d’accompagnement et de l’autre le syndicalisme de lutte. Le syndicalisme d’accompagnement qui peut prendre des formes contestataires, ne remet pas en cause la domination du capital sur le travail.
C’est un leurre de croire que l’unité de sommet entre directions d’organisations syndicales est bénéfique aux salariés. Le syndicalisme rassemblé est une conception de sommet, d’états majors qui présente l’inconvénient majeur de taire les divergences et de ne pas tenir informés les salariés des options et orientations de chacun (ainsi la direction confédérale a été très discrète au sujet de l’accord patronat syndicats de janvier 2012 cité plus haut). Afin de ne pas rompre une unité établie sur le plus petit commun multiple, la CGT s’est interdit jusqu’ici de prendre seule des initiatives. Mais, elle y est contrainte par la violence de la politique du capital et du pouvoir, la position des organisations syndicales réformistes et la volonté de lutte de sa base.
Thierry Lepaon peux toujours essayer de tendre la main à la CFDT, cette dernière a une orientation dont elle ne déviera pas.
D’un syndicalisme sociétal des années 60 et 70 elle est passée progressivement et de plus en plus ouvertement à un syndicalisme d’accompagnement de la politique du capital.
Quant à FO, continuatrice de la vieille CGT confédérée de Léon Jouhaux et dont J Cl Mailly assume le réformisme [2], elle pratique le double langage. Elle condamne l’accord signé par le MEDEF, le CFDT et la CGC et la CFTC mais signe comme la CFDT et la CGC avec la Direction de Renault un accord qui n’est que la déclinaison de l’ANI ainsi que l’accord avec le MEDEF sur les retraites complémentaires.
La stratégie du syndicalisme rassemblé est un échec.
Elle se heurte à la nature réformiste des autres organisations syndicales. Vouloir la pérenniser met la Direction confédérale dans une position inconfortable. Soit elle continue de rechercher des accords sans principe avec des organisations syndicales qui refusent de se battre contre le patronat et se met à dos sa base, soit elle prend l’initiative des luttes et met le syndicalisme rassemblé à la poubelle de l’Histoire.
La CGT doit être porteuse d’une autre conception de l’unité, basée sur la lutte, et donc sur son autonomie d’expression et d’action, privilégiant l’unité des salariés appuyée sur une intense lutte des idées et de propositions réellement alternatives.
Messages
1. CGT : lutte de classes ou syndicalisme rassemblé ?, 4 avril 2013, 12:03, par EFX
est ce la peine de mettre cela en ligne pour donner du mou au patronat sans que les salariés ne savent de quoi il en retourne. Oeuvrons là ou c’est possible en proposant des luttes sur la base des revendications de base justes et légitimes. L’appareil est pourri comme la pourriture du fruit qui atteint le noyau pour en détruire le germe.
De toute façon un syndicat, auquel je suis adhérent depuis 32 ans, qui adhère à l’Europe est de fait condamné à être réformiste et à suivre les directives de la CES, non pas pour défendre les travailleurs mais pour offrir des postes aux opportunistes de l’aristocratie syndicale, et le patronat connaît le chant des sirènes pour les attirer.
La lutte de classes commence par la lutte de base qui s’élargit par la formation de cercles qui s’agrandissent, le reste n’est que spéculation qui n’a jamais été prouvée.
Un poisson pourrit toujours par sa tête, mais le mouvement se construit par le bas et par les côtés, voire en contrebande éloignée des cul assis du syndicalisme rassemblé qui n’est qu’une illusion, et nous le savons depuis des années, à la fin il ne plus que la CGT pour combattre, d’où les attaques contre la CGT menées par Laurent Berger d’une CFDT à la solde du capital, mais qui a été montrée comme combattante à Gandrange pour le vote TPE, depuis on ne parle plus d’eux...
1. CGT : lutte de classes ou syndicalisme rassemblé ?, 4 avril 2013, 12:48, par A.C
je comprends pas ta logique..
"du mou au patronat" ?
Pourquoi parce que nous relayons une opinion d’un syndiqué CGT qui en appelle au sursaut pour un syndicalisme de LUTTE DE CLASSE ?
Quant aux salariés..t’as qu’à imprimer et distribuer, ils sauront de quoi on parle, mon Camarade
sinon, toi, ta position c’estquoi ?
Le poisson étanten putrefaction, pourri par la tête, je cotise en fermant gueule pour que la pourriture atteigne la queue ?
Vraiment ta conception ne me semble pas DU TOUT coller avec DEMOCRATIE sans tabous, Lutte de classes Y compris dans la CGT ,
Mais peut-être que tu vas m’e xpliquer comment faire...
Rassure toi, je ne prends aucune "peine" de publier des articles
Même s’ils dérangent Le PAON , ou énervent parfois mes Amis..
Cordialement
A.C
2. CGT : lutte de classes ou syndicalisme rassemblé ?, 4 avril 2013, 13:26, par arnold
Pour illustrer ce papier :
http://img594.imageshack.us/img594/989/laluttedeclasses.jpg
1. CGT : lutte de classes ou syndicalisme rassemblé ?, 4 avril 2013, 14:23, par richard PALAO
En ce qui concerne le syndicalisme rassemblé, alors qu’aucun bilan de cette stratégie a été fait lors du 50 ème congrès de la CGT , la direction confédérale propose de poursuivre dans cette voie , or cette stratégie , non seulement n’a rien rapporté aux travailleurs , n ’a pas permis d’obtenir un quelconque progrès social ou une conquête sociale majeure, elle a au contraire contribué à abaisser le niveau des luttes et donc d’accumuler les reculs sociaux et les pertes d’acquis et permis à "la réforme" des retraites de passer :
alors que des millions de travailleurs ont participé aux manifestations , à aucun moment la CGT n’ a proposé de passer au niveau supérieur , la grève générale reconductible, PARCE QUE LA CFDT NE LE VOULAIT PAS !!!
A propos de la retraite , la position de la CGT est toujours aussi flou , certes elle propose le retour à la retraite à 60 ans , mais sans préciser le paramètre essentiel : La durée d’asurance , sur ce point le syndicalisme rassemblé fait des ravages et nous fait renoncer à nos positions puisque la CFDT est favorable à une retraite par points ou de compte notionnels qui supprimerait de fait la notion d ’âge de départ à la retraite ...
Au nom du syndicalisme rassemblé , quelle sera la position de la CGT lors des prochaines négociations , ou se situera le point de rupture qui à mon avis est déja atteint ?...
D’un syndicat d’actions, nous sommes devenus un syndicat de négociations qui préfère faire de la figuration dans des organisations officielles comme le COR, le conseil économique et social, la CES , or si cette compromission permet de payer et de valoriser quelques permanents , celà se fait sur le dos des travailleurs car ces institutions bourgeoises ont pour objectif de raboter les acquis et de justifier les remises en cause des droits sociaux par le pouvoir .
Depuis combien de temps la CGT n’a t-elle pas mené d’actions sur ses propres revendications pour contraindre le patronat à négogier ?
Les seules négociations auxquelles la CGT participe c’est sur convocation du MEDEF ou du pouvoir , et qui ont toutes le même objectif : faire payer la crise aux travailleurs .
La CGT doit rompre avec cette stratégie du syndicalisme rassemblé pour revenir à une pratique syndicale d’union dans l’action , sur le terrain , dans les entreprises , avec tous ceux qui veulent lutter contre l’austérité,pour le progrès social, et contraindre le pouvoir et le MEDEF à changer de politique .
POURSUIVRE DANS CETTE VOIE SERAIT UNE VERITABLE TRAHISON ENVERS LE MONDE DU TRAVAIL
La CGT ne doit pas se rendre aux négociations sur le retraite avant d ’avoir fait connaitre avec précision ses propositions aux syndiqués afin que celles-ci soient discutées dans les entreprises , les UL et UD et les observations, remarques et contre-propositions des adhérents devront remonter et être prises en compte .
NON A LA DELEGATION DE POUVOIR NON AU SYNDICALISME RASSEMBLE , OUI A LA DEMOCRATIE SYNDICALE
3. CGT : lutte de classes ou syndicalisme rassemblé ?, 4 avril 2013, 18:03, par sam 82
j’ai lu ce texte de Mercier il y a quelques jours sur un autre site , texte avec lequel je suis en total accord . malheureusement il y a trop peu de syndiqués conscients de l’échec du syndicalisme rassemblé . stratégie qui a marqué culturellement la CGT dans toutes ses composantes , stratégie qui au travers de l’adhésion a la CES est un des moteurs essentiel de la dérive réformiste de la CGT . au delà du constat , c’est d’abord aux syndiqués avec les travailleurs et les luttes de remettre la CGT sur les rails de la lutte des classes . c’est une bataille a mener au sein du syndicat a tous les niveaux en lien avec la sortie de la CES . tout reste a faire . sam 82 .
4. CGT : lutte de classes ou syndicalisme rassemblé ?, 5 avril 2013, 16:24
" Lutte de classe ou syndicalisme rassemblé ?"
Je préfère.....
Comment se rassembler sur des positions de classe ?
LR