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CHANTIERS NAVALS DE SAINT-NAZAIRE : TRAVAILLEURS POLONAIS EN LUTTE

Publie le mercredi 27 juillet 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

Comme cela avait déjà été le cas en 2003 lors de la construction du Queen-Mary 2 avec des travailleurs Indiens, Grecs, Portugais et Roumains, des salariés Polonais sont entrés en lutte pour obtenir le paiement de leurs salaires.
_Comme précédemment, c’est auprès de la CGT (avec son syndicat des Chantiers de l’Atlantique, son Union Syndicale Multi-professionnelle et son Union Locale) que les travailleurs en grève ont trouvé soutien et aide.

LES RAISONS DE LA COLERE
Depuis 2 mois, les ouvriers-serruriers Polonais de la société KLIPER ne touchaient plus aucun salaire. Leurs patrons se sont maintenant volatilisés, après avoir raflé tous les documents qui se trouvaient dans les logements des salariés (contrats de travail, relevés des heures effectuées par les ouvriers, etc...) ainsi qu’un des véhicules permettant le transport des ouvriers, et en continuant d’envoyer par téléphone des menaces physiques à l’encontre des grévistes.
_Malgré ces pratiques, qui ne peuvent être qualifiées autrement que par le mot « maffieux », les grévistes restent déterminés à obtenir le paiement du travail effectué et le respect de leur dignité.

UNE LUTTE DETERMINEE
Leur mouvement de grève, depuis jeudi 21 juillet, a permis de mettre face à leurs responsabilités :

 leur donneur d’ordre direct, la société Gestal qui a recruté cette entreprise polonaise pour sous-traiter une partie des travaux sur le paquebot Q32,
 la direction des Chantiers de l’Atlantique qui chapeaute l’ensemble de la sous-traitance sur le site et qui a mis en place le fameux plan « Montage Exotique »,

 les Pouvoirs publics (Direction du travail et de l’Emploi, Sous-Préfecture),

 les services de police et de la Justice.

Tous ces responsables, qui déclarent aujourd’hui « compatir à titre humanitaire » à la situation intolérable faite à ces travailleurs, se déclarent surpris qu’une telle situation puisse exister aux Chantiers de l’Atlantique.
_Cela revient tout simplement à ignorer non seulement ce que chaque travailleur du site connaît mais aussi les luttes qui se sont multipliées ces dernières années pour les mêmes motifs ainsi que les nombreuses interventions de la CGT auprès de ces mêmes responsables économiques, administratifs et politiques.

UN 1er RECUL DU DONNEUR D’ORDRE...
Organisée par la CGT, la lutte des travailleurs de KLIPER a contraint la société GESTAL, au bout de deux jours de grève, à commencer à payer une partie des salaires.
_Comme cela avait été le cas lors des conflits de 2003, le donneur d’ordre a dû directement verser aux grévistes le restant des sommes qu’il avait encore à régler à leurs patrons déclarés « défaillants ».
_Ces sommes ont permis à chaque gréviste de toucher environ 30% de leurs arriérés de salaire, ce qui est évidemment bienvenu pour des personnes travaillant jusqu’à plus de 200 heures par mois et dépourvus depuis 2 mois de toutes ressources.

...QUI NE REGLE QU’UNE PETITE PARTIE DU PROBLEME !
Ce premier pas en attend d’autres, qui devront rapidement permettre le paiement de la totalité des salaires dûs.
_Mais des mesures strictes devront aussi empêcher que de telles situations se renouvellent et pour que les conditions de travail et de salaires cessent de se dégrader sur le site des Chantiers de l’Atlantique comme ailleurs.
Pour se défendre, Alstom-Chantiers de l’Atlantique tente de se présenter comme victime d’entreprises sous-traitantes ayant des « pratiques sociales illégales ».

Quelle mauvaise blague !

Les Chantiers de l’Atlantique savent se montrer très exigeants sur le respect de la qualité, des délais et des coûts de production. Des garanties sont prises a priori, des contrôles sont effectués en permanence, des sanctions sont prises régulièrement contre les sous-traitants contrevenants.
_Mais rien de tout cela en ce qui concerne le respect du Droit du travail. Les Chantiers considèrent que tout ce qui peut arriver aux salariés sous-traitants ne les concerne plus.
_Depuis 2003, les mesures annoncées dans le plan « Montage exotique » se sont encore approfondies !

Cette situation intolérable, ainsi que la « concurrence sociale » qu’elle entraîne et qui fait reculer la situation de l’emploi et des salaires sur l’ensemble du site, relève entièrement de la responsabilité des employeurs (et au premier chef les Chantiers de l’Atlantique).


"MONTAGE EXOTIQUE" QUAND LE PATRONAT DEVIENT CHERCHEUR D’ESCLAVES…

Saint-Nazaire, le 25 octobre 2001

Monsieur,

Comme vous le savez, notre politique de réduction des coûts nous pousse en permanence à trouver des axes de progrès.

Un de ces axes se nomme « Montage exotique », c’est-à-dire apport de main-d’œuvre en provenance de pays à faible coût.

Nous avons identifié quelques pays « Maroc, Ukraine, Portugal, Émirats Arabes, etc. » qui ont la possibilité de fournir une main-d’œuvre qualifiée utilisable par les co-réalisateurs : verriers, serruriers, soudeurs inox ou alu, …

Pour poursuivre sérieusement notre étude et définir l’aide que nous souhaitons vous apporter, nous vous demandons de répondre aux questions suivantes :

1. Pour quels métiers souhaitez-vous faire appel à la main-d’œuvre étrangère ?

2. Quel effectif vous serait nécessaire, sur quelle période, sur quel navire (sur G32, par exemple) ?

3. Quel type de contrat peut-on envisager ?

4. A partir de quel taux horaire ou journalier cette action est-elle intéressante ?

Ce questionnaire n’a pas d’autre but que de définir le besoin.

Merci de nous répondre avant le 7 novembre au plus tard.

Votre présence est requise pour une discussion commune CAT-co-réalisateurs programmée le 14 novembre 2001 en nos locaux.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.

Messages

  • Les 13 polonais sont enchainés en grève de la faim sur le parvis de la mairie de St nazaire depuis jeudi 28 au soir.
    GG


  • Original Message -----
    From : Gérard Gueniffey
    To : "Undisclosed-Recipient : ;"@wanadoo.fr
    Sent : Saturday, July 30, 2005 9:07 PM
    Subject : [stnazenlutte] Fw : com presse polonais

    Communiqué de presse

    Saint-Nazaire, le 30 juillet 2005

    2ème jour de grève de la faim des salariés polonais

    Le conflit des 13 salariés polonais de la société KLIPER détachés sur le site des Chantiers de l’Atlantique entre dans sa deuxième semaine de grève.

    La grève de la faim qu’ils ont décidé de lancer hier matin se poursuit.

    Ce matin, le consul général de Pologne en France s’est déplacé sur Saint-Nazaire pour rencontrer les grévistes. Une réunion s’est tenue avec lui en Mairie avec la présence d’une représentation des salariés et de la CGT ainsi que du secrétaire de la municipalité.

    Au cours de celle-ci, il nous a fait savoir qu’il attend de la part de l’Etat français une résolution rapide de ce conflit. Le représentant de l’Etat polonais en France a indiqué que des démarches sont engagées auprès de la société KLIPER en Pologne mais, compte tenu des circonstances, il assure ne pouvoir apporter des garanties sur une issue positive.

    A 16 heures, sous l’égide du représentant du Préfet de Région s’est déroulée une réunion en Sous-Préfecture entre le Directeur Départemental du Travail de Loire-Atlantique, les représentants des salariés et la CGT et le Consul Général de Pologne en France.

    Une nouvelle fois, la réunion s’est tenue avec l’absence remarquée des principaux responsables, c’est-à-dire les donneurs d’ordres : Chantiers de l’Atlantique et GESTAL.

    Lors de cette rencontre, les services de l’Etat ont continué à prétendre que la solution se trouve en Pologne et non sur le sol français et que dans ce sens une démarche juridique auprès de la Justice, sans garantie d’aboutir, a été envisagée.

    Pour les salariés en lutte et la CGT, seule une solution digne et sérieuse dans les plus brefs délais, donc sur le sol français, doit être retenue.

    Les exemples passés concernant les conflits des salariés grecs d’IPPOKAMPOS et roumains de KLAS IMPEX, victimes faciles du banditisme patronal n’ont donné à ce jour aucune solution judiciaire. Deux ans après leur départ, les droits et les salaires de ces salariés ne sont toujours pas réglés.

    Par conséquent, les sommes dues ainsi que la continuité des contrats de travail doivent être assumées par les donneurs d’ordre.

    Ceux-ci sont responsables des agissements mafieux qui existent sur le site des Chantiers de l’Atlantique.

    La CGT met en garde les services de l’Etat contre toute tentation d’utilisation de la force publique qui pourrait être envisagée contre les grévistes.

    Les 100 jours que le Premier Ministre, Monsieur VILLEPIN, s’est donné comme délai pour montrer ce dont son gouvernement est capable dans le domaine de l’emploi risquent de se terminer par un véritable Waterloo.

    La CGT dénonce le double discours tenu par le Ministre délégué du Travail Gérard LARCHER :

     Au sein de la Commission contre le Travail Illégal il évoque la responsabilité des donneurs d’ordres dans ce genre de situation alors que ses services refusent de s’engager sur le problème concret vécu aux Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire.

    La CGT prend les mesures de sécurité nécessaires pour garantir les conditions sanitaires des grévistes de la faim.

    La Confédération CGT maintien la pression envers le Ministre du Travail afin que celui-ci assume ses responsabilités.


    Original Message -----
    From : USM
    To : "Undisclosed-Recipient : ;"@wanadoo.fr
    Sent : Saturday, July 30, 2005 8:53 PM
    Subject : com presse polonais

  • Je voudrais vous faire part de mon expèrience d’aide comptable dans une grande entreprise de construction pendant 10 ans en Belgique.
    Les scandale de sous-traitants (souvent des loueurs d’hommes) qui disparaissaient au delà de la frontière, avec la dernière paye de leurs ouvriers et des dettes envers la sécu non payées, se multipliaient toujours plus..................jusqu’au jour où en Belgique, sous le coup des scandales à répétition,une loi a rendu les maîtres-d’oeuvre responsables de leurs sous-traitants (c’était il y a 20 ou 25 ans).
    Le jour où les maîtres d’oeuvres ont appris qu’ils seraient dorénavent financièrement responsables à la place de leurs sous-traitants en cas de faillite frauduleuse ou de fuite au delà de la frontière, ils se sont mis à choisir des sous-traitants plus fiables et le nombre de scandales de ce genre à été divisé par dix du jour au lendemain.
    C’est la seule mesure qui peut éviter la reproduction en cascade de ce genre de scandale. Ne croyez pas que cela n’arrive qu’avec des sociétés utilisant du personnel étranger. Si on laisse faire, cela arrivera aussi avec de la main d’oeuvre locale.
    Une seule solution, rendre les maîtres d’oeuvres responsables des sous-traitants qu’ils chosissent.
    André Depouille