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Ca se passe aujourd’hui en France : Immigration droits de l’homme

Publie le dimanche 25 novembre 2007 par Open-Publishing

Jeudi 4 octobre : une petite fille de 3 ans et sa mère sans papier ont été arrêtées et placées au Centre de Rétention Administrative de Lyon-Saint-Exupéry.

Jeudi 4 octobre : une jeune femme enceinte sans papier a été arrêtée et placée au CRA de Cayenne-Rochambeau en Guyane. Après avoir été transférée en urgence à l’hôpital, elle a accouché d’un foetus mort.

Jeudi 4 octobre : une petite fille de 15 mois et sa mère, enceinte, sans papiers, ont été arrêtées et placées au CRA de Toulouse-Cornebarrieu. La mère perdra ses jumeaux le lendemain.

Mercredi 10 octobre : un enfant handicapé moteur et mental et ses parents sans papiers ont été arrêtés et placés au CRA de Toulouse-Cornebarrieu.

Jeudi 18 octobre : un bébé de 3 semaines et ses parents sans papiers ont été arrêtés et placés au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Rennes-Saint-Jacques-de-la-Lande.

Vendredi 26 octobre à Sens (Yonne), une mère sans papiers est arrêtée avec ses enfants de 4 mois, 22 mois et 8 ans. Le bébé et sa mère sont séparés pendant la nuit, entraînant un sevrage brutal. Les enfants ont été confiés à l’ASE, le plus grand a été emmené dans un foyer à Sens et les deux plus petit à la Croix Rouge à 40 km de leur domicile.

Des enfants sont arrêtés dans les écoles : pour s’emparer d’Armen, 7 ans, les policiers ont raconté au directeur que ses parents avaient eu un accident. Marseda, sa soeur agée de 8 ans a été violemment arrachée à ses parents, et ces deux enfants ont été placés en foyer par l’aide sociale à l’enfance.

Certaines défenestrations ont été médiatisées : celle d’une chinoise qui, effrayée par l’arrivée de la police, a tenté de s’enfuir par la fenêtre et s’est tuée boulevard de la Villette, à Paris. La télévision vous a aussi parlé d’Ivan, 12 ans, qui est tombé du quatrième étage en voulant fuir la police avec son père, à Amiens. Cet enfant en gardera de très graves séquelles.

Il y avait déjà eu des défenestrations : début 2007, un jeune Algérien avait sauté par la fenêtre du quatrième étage à l’arrivée des gendarmes, en plein centre de Grenoble. Grièvement blessé, il se trouve toujours en rééducation. Le 4 août, un jeune Congolais s’est jeté, lors de son interrogatoire, à Lyon, du deuxième étage des locaux de la police de l’air et des frontières. Il a été interné d’office par les médecins qui redoutaient une conduite suicidaire. Le 12 septembre, un jeune Tunisien, raccompagné chez sa belle-sœur par les gendarmes, s’est jeté du 4ème étage, par la fenêtre d’un appartement sans balcon, et sans aucune possibilité de fuite, à Roussillon (Isère). Il a été hospitalisé à Lyon, victime de fractures de la jambe, du bras, et du bassin, le thorax et la colonne vertébrale sont touchés. Le 6 novembre dernier un sans papiers de 37 ans s’est jeté mardi du troisième étage d’un foyer Sonacotra de Marseille pour échapper à la police : deux jambes fracturées.

 L’OFPRA n’accorde que très rarement l’asile :

Viktor BREL a vu sa demande d’asile rejetée par l’Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides (l’OFPRA), puis par la Commission de Recours des Réfugiés (CRR). De nationalité biélorusse, il est un opposant connu au régime, il a été menacé et très gravement agressé à de multiples reprises et a été condamné en 2004 pour « traîtrise envers la Patrie ». Il a été détenu15 jours au CRA de Lesquin. Le 4 octobre dernier il a été emmené à Roissy pour être expulsé. C’est à l’aéroport qu’une intervention de la Cour européenne des droits de l’homme a réussi, in extremis, à arrêter le processus d’expulsion.

David ASSOEV, un jeune Géorgien appartenant à la minorité Yéside, âgé de 23 ans avait quitté un pays où sa mère a été assassinée en 2003, et où son père est en prison à la suite d’un simulacre de procès. Des rapports de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme décrivent les persécutions dont sont victimes les Yésides de Géorgie. David ASSOEV a été arrêté à Lille, et expulsé le 26 octobre dernier. Il est actuellement en prison à Tbilissi.

Récemment le parquet de Limoges, pour tenter de démontrer l’état de majeure de deux jeunes filles et ainsi pouvoir les expulser, a demandé à un médecin de réaliser sur elles un « examen de puberté » pour fournir un rapport comprenant la description du système pileux et du sexe.

Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a interpellé la France sur les conditions d’accueil des enfants étrangers isolés. Dans un communiqué le Comité des Experts réuni à Genève s’est dit « particulièrement préoccupé par les méthodes avec lesquelles sont traités les mineurs demandeurs d’asile et les enfants non accompagnés dans les zones d’attente des aéroports ». Le Comité demande instamment à la France non seulement de mettre en place une procédure permettant de contester une décision de placement en zone d’attente, mais aussi de prendre les mesures afin que l’exigence légale de désignation d’un administrateur ad hoc soit systématiquement respectée. Les mineurs sans papiers qui arrivent seuls sur notre territoire sont souvent expulsés avant que la procédure légale de nomination d’un administrateur ad hoc ait abouti. Le rôle de cet administrateur serait de prendre en compte l’intérêt de l’enfant.

De nombreuses associations dénoncent cette situation et s’y opposent. Vous trouverez ici les liens renvoyant sur les sites de la CIMADE et de RESF.

La Cimade est une association issue du protestantisme (110 permanents et 1000 bénévoles) actuellement dirigée par Patrick Peugeot, polytechnicien, énarque, et conseiller à la Cour des Comptes.

La Cimade demande que cesse le placement en rétention des enfants et de leurs familles. La Cimade souhaite que les pouvoirs publics rappellent aux fonctionnaires leur devoir de respect de l’intégrité des personnes.

La Cimade n’a cessé - avec d’autres - d’alerter les autorités et l’opinion publique sur les dérives inhérentes au principe même d’une politique du chiffre en matière d’expulsion des personnes, notamment à l’occasion de la sortie du rapport annuel sur les centres et locaux de rétention administrative pour l’année 2006.

La Cimade dénonce, "l’industrialisation de la rétention" qui transforme les Centres de Rétention Administrative en "de véritables camps où règnent l’anonymat, le désespoir et où la tension est permanente". Le 17 octobre quatre étrangers sans papiers ont tenté de se suicider au centre de rétention administrative du Canet, à Marseille. En 2006 un sans papier turc de 22 ans s’était suicidé dans ce même centre.

« Ces dernières semaines, la nette aggravation des conditions d’interpellation et l’enfermement de personnes particulièrement vulnérables, dont des nourrissons, montrent que certains responsables administratifs ou policiers mettent sciemment en danger l’intégrité physique d’hommes, de femmes, d’enfants. »

De nombreux documents sur le site :
http://www.cimade.org/
Rapport sur les Centres de Rétention Administrative
 http://www.cimade.org/assets/0000/0...

RESF (Réseau Education Sans Frontières) est un réseau initié autour des écoles par des parents et des enseignants pour défendre les enfants sans papiers scolarisés et leurs parents.
 http://www.educationsansfrontieres....

L’Europe et la France sont pourtant très très loin de porter « la misère du monde ». À la fin de 2005, selon le HCR, le nombre global de réfugiés, demandeurs d’asile, et apatrides (hors réfugiés internes aux pays) dans le monde avait atteint 13 millions de personnes, le niveau le plus bas depuis 1980. Selon le HCR ces réfugiés sont accueillis pour 14,7% par l’Union Européenne (27 pays) contre 24% par l’Afrique (hors Afrique du Nord), et 31,5% par l’ensemble Moyen Orient et Afrique du Nord.

 http://www.betapolitique.fr/Ca-se-p...