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Candidature aux JO de 2024 : on ne change pas une équipe qui perd !
par JM Le Bihan
Publie le vendredi 19 juin 2015 par JM Le Bihan - Open-PublishingAlors que la maire de Paris Anne Hidalgo louvoyait encore il y a peu pour annoncer la candidature de paris au JO de 2024, en coulisses on se partage déjà le juteux pactole de la réception des épreuves dans un entre-soi digne des plus belles débâcles.
Apprendre de ses échecs n’est définitivement pas une vertu socialiste. Après la cuisante défaite de la candidature parisienne de 2012, qui avait vu les Anglais emporter la décision des juges au nez et à la barbe d’un comité olympique français exclusivement dédié à la gloire de Bertrand Delanoë, la maire de Paris, Anne Hidalgo, reproduit les mêmes travers de connivence et de copinage dans les tractations en cours. Car l’intérêt sportif est comme toujours relégué au second plan des ambitions politiciennes des uns et des autres qui voient dans les jeux un beau tremplin personnel et une occasion de se faire des cadeaux.
En subissant les mandats de David Douillet et de Bernard Laporte à des postes ministériels, les Français sont bien placés pour savoir que sport et politique ne font pas bon ménage. Quand on est bon dans un domaine, on l’est souvent moins dans l’autre. Il en est de même dans l’organisation des jeux, où les domaines de compétences doivent être bien délimités pour espérer gagner. La politique doit être au service du sportif et non le contraire malgré des enjeux locaux évidents.
Car bien entendu, une candidature c’est aussi un rayonnement international, des budgets alloués à la rénovation d’infrastructures urbaines et sportives, des visites et d’énormes retombées commerciales. Chaque commune souhaite obtenir un bout des jeux tout comme elles se battent en été pour voir passer le tour de France, ses caméras et ses touristes hollandais. Jusqu’ici rien de plus normal. Malheureusement la sélection, comme dans d’autres domaines, ne se fait plus au mérite. Pour être retenu, un territoire doit surtout avoir le bras long et des amis bien placés.
Le révélateur de la voile : la candidature de La Rochelle
On se souvient en effet de la candidature de La Rochelle, cadeau fait au fief de Ségolène Royal, sélectionné comme site officiel des épreuves de voile pour les deux précédents échecs de 2008 et 2012. Malgré une certaine attractivité, et une réelle habitude pour l’organisation des courses au large, la préfecture de la Charente-Maritime souffrait de lourds handicaps pour accueillir les jeux. Certes, par son patrimoine et son port fortifié, la Rochelle offre un beau visage à l’arrivée du Vendée Globe. Mais les épreuves olympiques nautiques requièrent d’autres formes d’infrastructures que la Rochelle ne possédait pas et qu’elle ne possède toujours pas au moment de présenter une troisième candidature.
Son plan d’eau, très éloigné de la côte, ne permet pas de suivre les régates, il manque en plus de charme avec son eau trouble. Au delà de ça, le port, un des plus fréquentés du Grand Ouest français, n’est pas en mesure d’être étendu pour faire face à l’afflux massif de visiteurs à moins d’engager de lourds travaux, ce qui, pour une ville endettée à plus de 100 millions d’euros serait un peu surprenant. Mais cela n’interpelle pas et La Rochelle mobilise ses réseaux pour une troisième candidature avec la même habileté. On prend les mêmes et on recommence.
Il existe pourtant en France une foule de sites autant, voire plus méritants que la Rochelle. La côte française est constellée de villes aux traditions maritimes fortes, équipées et motivées pour accueillir l’événement. Seulement, peut être ne possèdent-elle pas les mêmes leviers politiques indispensables pour peser dans le subtil jeu des attributions.
Marseille, Hyères, le Havre sont d’autres candidats crédibles en lice. La Bretagne aussi est un bon exemple qui tente à un niveau local de promouvoir ses forces dans la bataille. Tout est réuni pour un spectacle total dans le golfe du Morbihan qui jouit d’une capacité hôtelière haut de gamme et d’infrastructures préexistantes pour un village olympique. Malgré le risque de « pétole », Hyères promet également de bien belles images.
Espérons pour une fois que les mêmes recettes n’accoucheront pas des mêmes résultats. Que l’intérêt sportif sera remis au premier plan du processus de décision. Car, si les territoires sont enfin jugés au mérite, il n’y a aucune raison d’être à nouveau battus par d’autres capitales.