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Ce qui reste après le tumulte et les couacs des célébrations du 8 mai 1945
par Orphée
Publie le samedi 11 mai 2013 par Orphée - Open-Publishing
Pour mémoire des États providence
Ces États sont nés des souffrances sociales et politiques dans lesquelles nous retombons aujourd’hui, au moment même où l’argent est soustrait des sociétés, quand en outre on leur soustrait la protection civile qui pourrait leur permettre de survivre. Est-ce un meurtre collectif annoncé, délibéré ? On peut à juste se le demander au moment où Hannah Arendt est sur les écrans. On renvoie plus que jamais à la lecture visionnaire sur la fin de l’histoire qu’Elias Canetti fit du livre écrit en détention par Albert Speer, ministre de l’équipement d’Hitler, Au cœur du 3e eich (dans
C’est sur fond de révisionnisme historique de l’émergence pacifique et égalitaire des peuples impliqués dans la dernière guerre mondiale, que les britanniques se lèvent aujourd’hui pour se battre en gauche unifiée à la fois pour l’information et contre la suppression des fonds publics de pension : allocations de justice, indemnités de chômage, éducation, santé publique. Cette gauche se bat à la fois contre les conservateurs et les travaillistes (dont la majorité a accompagné les votes de l’infamie), loin de toute illusion pour chacun, après que Cameron ait lâché triomphalement le mot de novlangue signifiant l’intégration des opposés parlementaires unifiés par ces votes. Tout au contraire d’ici ou certains encore trop nombreux nourrissent toujours la naïveté désinformée d’un crédit aux socialistes.
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Appel à la commémoration du 60e anniversaire
du programme du CNR du 15 mars 1944
Article publié le 10 mai 2004
Source Groupe Attac : Programme CNR
Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte.
Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais :
Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques », droit à la culture et à l’éducation pour tous, presse délivrée de l’argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.
Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n’acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».
Signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.
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The Left Unity
– The Left must act now to defend the welfare state Harry Leslie Smith age 90 (La gauche doit maintenant agir pour défendre l’État providence, dit Harry Leslie Smith âgé de 90 ans).
Qui est Harry Leslie Smith ?
Harry Leslie Smith est un ancien militant des Trade-Unions juste avant et après la seconde guerre mondiale, né dans une famille pauvre au Royaume Uni, en 1923, à Barnsley, dans le Yorkshire. Il est un des vétérans qui a servi dans la RAF lors de cette guerre. Smith est resté quelque temps après la Libération dans la Royal Air Force et a été affecté à Hambourg en Allemagne dans le cadre de l’occupation alliée. Lors de sa tournée militaire en Allemagne, Harry Leslie Smith a développé un fort attachement à la population allemande et à sa culture notamment à travers son amour partagé avec une jeune femme qui deviendra son épouse. Après son service en Allemagne, Smith fut démobilisé et renvoyé dans le Yorkshire. Dans les années 1950, Harry Leslie Smith se trouva désillusionné par la vie en Grande-Bretagne et émigra avec son épouse au Canada. Après une carrière réussie dans le commerce des tapis d’Orient qui dura près de cinquante années, Smith se retira définitivement pour suivre sa véritable vocation : à travers des mémoires, des essais et des conférences publiques, explorer l’histoire sociale de sa génération. Les essais de Harry Leslie Smith ont été présentés dans le quotidien national du Canada The Globe and Mail dans la section "des arguments et des faits" (Facts and Arguments), et dans de nombreuses revues ainsi que des plates-formes en ligne sur Internet. Il est un orateur accompli qui pour les écoles, les collèges et des associations professionnelles, a dit l’histoire de sa vie et de sa génération au cours de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale.
Il est l’auteur de 1923 : Un mémoire, "Testaments et mensonges" (1923 : A Memoir : "Lies and Testaments", Barley Hole LLC ; 4 Nov 2011), Hambourg en 1947 : un endroit à la place du cœur (Hamburg 1947 : A Place for the Heart to Kip, Barley Hole LLC ; 3 May 2012), Les chroniques du Trou de l’Orge : de l’enfer à Hambourg : 1923-1947 — selon le nom de l’éditeur Barley Hole — (The Barley Hole Chronicles : From Hell to Hamburg : 23/47, Barley Hole ; 9 Nov 2011), L’impératrice d’Australie, un mémoire de l’après-guerre [1] (The Empress of Australia : A Post-War Memoir, Barley Hole ; 1st edition 12 Dec 2012) — jusqu’à 1963.
De sensibilité socialiste marxiste Harry Leslie Smith est solidaire de la gauche unitaire britannique, "The 14th November Movement - for left unity", qu’il soutient activement :
The Left must act now to defend the welfare state Harry Leslie Smith age 90.Actuellement il travaille sur un ouvrage de mémoire au sujet de la ville de Toronto dans les années 1950, ainsi que sur un livre au sujet des expatriés au Portugal. À près de 90 ans, il lui reste encore des miles à parcourir avant de s’endormir.
Il a des blogs dont un qu’il tient régulièrement, dans le site Goodreads, Harry Leslie Smith’s Blog (avec un feed RSS auquel on peut s’abonner), un facebook, un compte Twitter, et un site au nom de domaine situé au Canada, "1923 The Book" (voir le lien en pied de page) depuis lequel il est possible de le joindre.
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(D’après la source bio-bibliographique de l’auteur sur amazon.co.uk)
Note
[1] Pour être clair sur le titre The Empress of Australia : A Post-War Memoir, on ne devrait pas traduire l’expression "Empress of Australia" dans le titre en français, car il s’agit d’un nom original, celui du paquebot transatlantique célèbre construit en 1913 dans un chantier naval en Allemagne — aujourd’hui situé en Pologne — sous la chancellerie de Bismark, pour le transport maritime massif des émigrés allemands vers la côte ouest de l’Amérique du sud via le canal de Panama. Sa construction fut interrompue à cause de la déclaration de la première guerre mondiale en 1914. Lors de la capitulation allemande en 1918 le navire fut remis aux alliés en réparation de leurs navires détruits pendant la guerre, puis vendu à une compagnie canadienne, sa construction fut achevée à Hambourg en 1921, d’où il sortit sous le nom "Empress of China". Après une nouvelle mise en chantier en Écosse pour refaire les équipements intérieurs à des normes de luxe, c’est ayant retrouvé son nom original qu’il fit son voyage de Southampton à Vancouver, son port d’attache, en juin 1922. Son voyage inaugural depuis Vancouver commença au mois de juillet 1922, cap sur l’Australie, via Yokohama et Hong Kong. En 1926 les turbines furent changées à Glasgow pour une plus grande puissance, et son exploitation commerciale régulière commença avec une vitesse appréciable entre Southampton et le Québec. Durant la seconde guerre mondiale le paquebot fut réquisitionné par l’amirauté britannique pour le transport des troupes ; à la fin de la guerre elle le fit affréter pour l’utiliser à temps plein et durablement dans cette spécialité militaire ; ce qui dura une dizaine d’années avant sa mise hors service suivant un dernier voyage pour aller à la ferraille, en Écosse, le 8 mai 1952... C’est dans l’usage du paquebot pour le transport des troupes jusqu’à leur démobilisation que l’ouvrage de Harry Leslie Smith prend sens de son titre éponyme.
Source biographique 4Lx La Revue des ressources
Harry Leslie Smith est après les regrettés Aubrac et Hessel un des derniers vétérans de la dernière guerre mondiale porteurs de la conscience de l’effort de guerre et des raisons pour lesquelles cet effort a pu être supporté, mais il va plus loin dans la mesure où il ne nourrit aucun espoir du côté des travaillistes, et n’hésite pas à réinvestir la validité du mot État-Providence comme un défi, pour dire que sans solidarité reposant sur l’énergie sociale nous ne pourrons affronter les fléaux planétaires qui s’annoncent : pollution, réchauffement, nucléaire, ressources agricoles et alimentaires, etc. Ce n’est pas seulement de la compassion mais de la raison qu’il faut éprouver pour se battre avec force contre le pouvoir qui s’étend partout pour éradiquer les droits et les libertés — et à commencer par notre porte.
Après avoir publié en commentaire du Guardian des protestations sous les articles informant les nouvelles réformes, dont nous avons traduit un exemple du 25 avril intitulé La santé publique est aussi grande que la Magna Carta, où il parle de la misère qu’il a lui-même connue, notamment d’avoir vu sa sœur mourir de tuberculose dans une maison de la mendicité, il a repris ces thèmes pour les développer dans une évocation de la guerre et de la Libération dans un article qu’il a publié le 7 mai à l’occasion des fêtes de la Victoire, dans New Left Project. Puis devant le succès de cet article The Guardian leur a proposé de le re-publier le 9 mai, dans la rubrique Comment is free, sous le titre défi : Is Cameron’s Britain what we fought for in the war ? (La Grande Bretagne de Cameron est-ce pour cela que nous nous sommes battus en guerre ?) et devant l’afflux des commentaires, l’article fut mentionné avec le portrait de l’auteur en Front page de l’édition générale.
Le succès de cet article a provoqué un scandale comme il se termine en quelque sorte disant qu’au fond, dans les conditions actuelles, la solution la plus économique et la moins risquée à l’époque aurait été de ne pas faire face à la tyrannie d’Hitler, ce qui est une charge pour les gouvernements actuels et le système mondial dirigé par les USA.
Dès le 7 mai voyant cet article dans Tne New Left Project nous l’avons traduit pour le publier dès le 8 mai, le jour même de la célébration, avec l’accord de l’auteur : 8 mai 1945 : Victoire au jour de l’Europe ! / 8 mai 2013 : ?.
Longue vie à Harry Leslie Smith, et merci encore pour ce but dans les filets de la défense des Hollande-Cameron et de leurs bases parlementaires indifférenciées.
En gros, il exprime qu’ils sont que des collabos (des banques et des lobbies aujourd’hui, si on comprend la comparaison avec le passé)... ça fait tellement plaisir de voir un aîné oser le dire sans détour !
Les Tories et la société nationale des auteurs ont crié à l’outrage ! On attend la suite...