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Chili : la Cour d’appel ratifie le mandat d’arrêt contre Pinochet

Publie le mardi 21 décembre 2004 par Open-Publishing

La Cour d’appel de Santiago a ratifié à l’unanimité lundi le mandat d’arrêt lancé contre l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet, 89 ans, hospitalisé depuis samedi pour un accident cérébro-vasculaire, dans l’enquête sur les assassinats et les disparitions survenus lors de l’Opération Condor.

La décision, approuvée à l’unanimité par les membres de la quatrième chambre de la Cour d’appel, permet au juge Juan Guzman Tapia de poursuivre ses investigations.

Les avocats avaient interjeté appel il y a une semaine après la décision du juge d’inculper et d’arrêter l’ancien homme fort du Chili entre 1973 et 1990 pour un homicide et neuf enlèvements d’opposants, dont les corps n’ont jamais été retrouvés, dans le cadre de l’Opération Condor, un programme concerté entre les dictatures sud-américaines pour éliminer physiquement leurs opposants dans les années 1970 et 1980.

"Je peux seulement vous indiquer que l’ensemble des membres a rejeté le recours", a déclaré à la presse le président de la quatrième chambre, Juan Escobar.

Face au bâtiment de la Cour d’appel, une vingtaine de partisans de Pinochet s’étaient rassemblés pour marquer leur opposition aux poursuites judiciaires. A quelques mètres de là, des dizaines de proches de victimes de la dictature militaire ont applaudi à l’annonce de la décision.

"Maintenant nous espérons que finalement on ordonne la mise en résidence surveillée de Pinochet, que ce soit à l’hôpital ou ailleurs", a déclaré la président du rassemblement des proches des détenus disparus, Lorena Pizarro.

La junte militaire a été responsable de plus de 3.000 morts et disparus entre 1973 et 1990.

Le tribunal a fait connaître sa décision après avoir entendu vendredi les arguments des deux parties, la défense de M. Pinochet plaidant de nouveau pour l’impossibilité d’un procès en raison de son état de santé.

Depuis samedi M. Pinochet se trouve à l’Hôpital militaire de Santiago après avoir été victime d’un accident cérébro-vasculaire, avec une perte de conscience et de la motricité. Dimanche, les médecins ont indiqué qu’il avait repris conscience et que son état de santé "a évolué favorablement".

Quelques heures après l’annonce de la décision, le responsable de l’équipe d’avocats de M. Pinochet, Me Pablo Rodriguez, a annoncé que la défense de Pinochet avait déposé un recours auprès de la Cour suprême. La décision de la plus haute instance judiciaire ne pourra être l’objet d’aucun appel.

"C’est l’unique objectif, les recours judiciaires. Le reste, les maladies imaginaires, c’est du bluff", a déclaré l’avocat d’un des plaignants, Me Eduardo Contreras.

Ce dernier a réaffirmé que Pinochet était en état d’être jugé.

"Il peut avoir tous les maux d’un homme de son âge, mais il présente toutes les conditions pour supporter une procédure pénale", a-t-il indiqué, ajoutant : "Et nous sommes sûrs qu’il pourra également supporter sa condamnation".

Le juge Guzman, qui dans le système judiciaire chilien dirige les investigations et dicte la peine, avait précisé lundi que l’ancien dictateur pouvait être placé en résidence surveillée dans sa résidence secondaire de Los Boldos, une station balnéaire situé à 110 km de la capitale chilienne.

Plusieurs avocats spécialisés dans les dossiers de violations des droits de l’homme ont estimé que l’hospitalisation était une nouvelle "manoeuvre" de M. Pinochet pour échapper une fois de plus à la justice.

Inculpé une première fois en 2000 par le juge Guzman dans le cadre du dossier de la Caravane de la Mort —un groupe de militaires qui a parcouru le pays en octobre 1973 pour commettre enlèvements et assassinats—, l’ancien homme fort du Chili avait échappé à un procès, la Cour suprême ayant estimé en juillet 2002 que son état de "démence modérée" ne permettait pas de le traduire en justice.

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