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Christine Boutin tacle Hollande sur Twitter : elle piétine les résistants du Panthéon

par Thierry de Cabarrus

Publie le samedi 22 février 2014 par Thierry de Cabarrus - Open-Publishing
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L’ancienne présidente du Parti Chrétien-Démocrate continue son entreprise de bashing à l’encontre de François Hollande. Dans un tweet évoquant Hollande et les quatre résistants qu’il transfert au Panthéon, Christine Boutin appelle à voter pour ses listes aux européennes. Un message indigne, estime notre chroniqueur.

Christine Boutin lors de la manifestation contre l’avortement le 19 janvier 2014. (N. MESSYASZ/SIPA)

 

En principe, c’est un beau moment de concorde nationale que ce vendredi 21 février. François Hollande annonce aujourd’hui depuis le Mont Valérien, le transfert des cendres de quatre figures illustres de la Seconde guerre mondiale, deux femmes et deux hommes, 70 ans jour pour jour après l’exécution du groupe Manouchian.

 

Au-delà de l’aspect mémoriel nécessaire, le choix de ces quatre héros de notre histoire récente est aussi destiné à rassembler, un instant court mais solennel, sur des valeurs communes notre société qui s’est divisée depuis des mois pour des projets de loi parfois mal ficelés, souvent mal compris ou même carrément fantasmés.

 

Aujourd’hui, personne ne devrait pouvoir faire grief au président de la République d’être ainsi dans son rôle en proposant une respiration entre deux crises, un peu de recueillement dans une France hystérique et dans un monde en plein bouleversement.

 

Une récupération lamentable

 

Personne, sauf Christine Boutin. Car la vice-présidente du Parti Chrétien-Démocrate saisit cette occasion en principe inexploitable pour faire parler d’elle dans un tweet indécent :

 

 

En moins de 140 signes postés sur le réseau social, elle réussit une quadruple performance aussi grotesque que lamentable car déplacée :

 

1. Une fois de plus, elle bashe François Hollande en contestant de nouveau sa prétendue volonté de "détruire la civilisation française" à travers la loi "famille" alors que cette dernière a été repoussée.

 

2. Elle s’autorise à évoquer dans un même message cet événement exceptionnel du Mont Valérien et son propre combat politique, sommes toutes, dérisoire en comparaison : elle recommande aux lecteurs de son tweet de voter aux européennes pour ses listes "Force vie".

 

3. En appelant ses troupes à devenir des "Résistants, avec un grand "R", elle ose comparer les Béatrice Bourges, les Ludovine de la Rochère, bref les représentants de cette France réactionnaire aux vrais résistants honorés en ce jour par la France.

 

4. En en comparant implicitement la gauche au pouvoir à l’occupation allemande, en comparant la terrible période de la Seconde guerre mondiale avec aujourd’hui, Christine Boutin insulte de manière irresponsable et grossière Germaine Tillion, ethnologue et résistante, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, l’ancienne présidente d’ATD Quart Monde et la nièce du général de Gaulle (déportée à Ravensbrück), et enfin, le journaliste et résistant Pierre Brossolette et de Jean Zay, l’homme politique assassiné en juin 1944 par des miliciens.

 

Pas étonnant que sur Twitter, certains s’indignent de cette lamentable récupération :

 

 

Le précédent Nadine Morano

 

Christine Boutin, la donneuse de leçon qui ne rate jamais une occasion de taper sur le pouvoir socialiste pour brandir le drapeau de la morale chrétienne, se trouve soudain prise en flagrant délit d’immoralité politique en détournant à son profit de manière particulièrement grossière un événement en principe intouchable et guère susceptible d’être souillé par de basses intentions électoralistes.

 

C’est suffisamment indigne et rare pour être souligné et à ma connaissance, il n’y a eu guère que Nadine Morano, ces derniers temps, pour avoir fait preuve d’un tel manque de discernement politique et d’une telle absence de considération.

 

En octobre dernier, la candidate UMP du Grand Est aux européennes n’avait pas hésité à piétiner les otages du Niger en attaquant le président Hollande au moment de leur libération.

 

Christine Boutin, par ce nouveau dérapage, vient donc de franchir une nouvelle étape dans son combat à la fois délirant et solitaire contre la gauche au pouvoir.

 

On pensait pourtant qu’elle allait nous laisser respirer un peu, elle qui, le 22 janvier dernier dans "L’Émission pour tous" (la bien nommée pour l’occasion) de Laurent Ruquier, avait carrément brandi la menace d’une insurrection.

 

 

L’objet de sa colère ? La suppression de la notion de "détresse" dans la loi Veil qui autorise l’avortement et donne le droit aux femmes de disposer librement de leur corps.

 

Durant de longues minutes, la présidente d’honneur du PCD a vociféré, prédisant une "guerre civile", comparant François Hollande à Louis XVI et annonçant quasiment sa décapitation en place publique.

 

Mais Christine Boutin en a remis une couche le 2 février sur BFMTV quand elle a annoncé que la République était en danger, que l’on allait pouvoir changer de sexe à cause de l’école et de la théorie du genre, que la famille allait disparaître, et que "les digues étaient tombées" entre la droite et l’extrême droite.

 

"Résistance", son mot fétiche et décalé

 

On le voit, c’est "le truc" de Christine Boutin que de vouloir nous faire peur et d’annoncer des cataclysmes. En agitant ainsi des chiffons rouges, en prédisant la fin du monde ou plutôt de "son" monde, celui des réacs, en menaçant aussi parfois de faire exploser "une bombe atomique", elle espère freiner le cours inéluctable de l’Histoire qui veut qu’une société évolue en épousant les mœurs de son époque.

 

C’est ainsi que son mot fétiche, depuis l’accession au pouvoir de François Hollande, c’est celui de "résistance". J’ai personnellement relevé ce vocable à quelques moments clés de son combat :

 

- En janvier 2013, quelques jours après la première manifestation contre le mariage gay, elle annonce sur Canal Plus qu’"une France nouvelle" se met en marche et qu’"un esprit de résistance est en train de se créer dans ce pays".

 

- En mars 2013, cette "résistante" prend des risques physiques pour sauver la France et sa civilisation en se retrouvant allongée sur le trottoir lors de la grande "Manif pour tous", prétendument victime des gaz lacrymogènes lancés par les CRS.

 

- En mai 2013, au lendemain de la validation de la loi Taubira par le Conseil constitutionnel, elle en appelle à la résistance sur iTélé :

"J’en appelle à tous les Français de bonne volonté, aux maires, aux élus, entrons en résistance !"

 

- En juillet 2013, elle démissionne de son poste de présidente du Parti chrétien-démocrate "pour "entrer en résistance" (une fois de plus !). Et son premier acte rebelle est de partir au combat contre le timbre de la poste qui représente Marianne avec le visage d’une Femen.

 

On le voit, depuis que la gauche est arrivée au pouvoir, Christine Boutin mènent des combats à la fois tonitruants, répétitifs et dérisoires à la hauteur du personnage : réactionnaires et grotesques.

 

Sauf que jamais elle ne s’était retrouvée dans une telle situation d’indignité qu’aujourd’hui, à vouloir ainsi récupérer à son profit des morceaux de notre histoire de France.

 

Qu’elle en prenne enfin conscience et qu’elle cesse d’utiliser dans ses tweets la mémoire de vrais héros qui ont risqué leur vie (ou l’ont perdue) pour qu’aujourd’hui, nous puissions tous (elle comprise) jouir d’une totale liberté.

 

Avec une seule limite sans doute, celles qu’elle devrait s’imposer elle-même et que sont la mesure, la décence et le ridicule.

 

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1149722-christine-boutin-tacle-hollande-sur-twitter-elle-pietine-les-resistants-du-pantheon.html

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