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Collectif « Une école pour tous-tes Contre les lois d’exclusion »

Publie le samedi 6 mars 2004 par Open-Publishing
1 commentaire

Féministes, contre l’exclusion !

Participez à la Marche des Femmes le 6 mars 2004 avec le collectif "Une
école pour tous-tes - Contre les lois d’exclusion 14h - place de la
République à Paris

Nous sommes toutes et tous héritièr-e-s et redevables des combats féministes
menés en France depuis des décennies.

Nous bénéficions des acquis de ces luttes (le droit égal au travail, le
droit de vote, le droit à disposer de son corps...) et nous sommes aux côtés
de celles et ceux qui combattent pour les défendre, les prolonger et les
étendre.

Les offensives gouvernementales remettent en cause les acquis sociaux,.
précarisent et criminalisent les femmes et les familles. Il est urgent de
lutter, uni-e-s, contre la persistance des inégalités hommes/femmes, les
violences domestiques, la promulgation de lois libérales et anti-sociales,
la criminalisation des prostituées, la non application de la loi sur la
parité, les tentatives de révision du droit à l’avortement, le patriarcat,
l’homophobie, la lesbophobie, la transphobie et tous les intégrismes...

C’est précisément parce que nous nous inscrivons dans ces combats féministes
que nous nous opposons à la loi interdisant le port de -signes religieux "
ostensibles " à l’école publique.

Cette loi constitue une attaque gravissime contre l’émancipation des femmes,
et plus précisément contre l’un des plus précieux acquis du féminisme : le
droit à l’éducation gratuite pour tous-tes sans distinction. L’école
publique ne choisit pas son public.

Cette loi envisage des sanctions brutales contre les élèves visées
(déscolarisation définitive). Or, quoi que l’on puisse penser du foulard,
rien ne justifie une mesure aussi grave que l’exclusion.

Le service public d’éducation est un espace irremplaçable, où les
collégiennes et les lycéennes peuvent acquérir des savoirs, des savoir-faire
et des diplômes qui comptent parmi les principaux instruments de leur
émancipation.

Le combat féministe tel que nous le concevons doit s’opposer à toute forme
de contrainte exercée contre des femmes.

Nous refusons que des femmes soient forcées à se voiler, mais nous refusons
également que des femmes soient forcées à se dévoiler.

C’est à chaque femme que revient le droit de choisir. Il n’existe pas un
chemin unique pour l’émancipation des femmes.

Enfin, nous affirmons notre solidarité avec les combats des femmes qui, de
par le monde, affirment leur engagement pour la paix et la justice.

Féministes, contre l’exclusion !

Collectif unitaire « Une école pour tous-tes - Contre les lois d’exclusion »

21 ter rue Voltaire - 75011 Paris - cedetim@reseau-ipam-org

Le collectif unitaire « Une école pour tous-tes - contre les lois
d’exclusion » rassemble des représentants d’associations de défense des
Droits de l’Homme, des féministes, des associations de citoyens issus de
l’immigration, des associations musulmanes, laïques et culturelles, des
enseignants, des étudiants et lycéens, des gens de toutes professions..

Messages

  • La "vérité" à l’épreuve du réel :
    in fine la loi comme outil d’intégration à la laïcité !

    Texte d’intervention lors de l’AG du MRAP de décembre 2005
    Christian DELARUE ex-membre du Conseil national du MRAP,
    élu au nouveau BE et au nouveau CA

     Avant la loi certains disaient disions ni voile, ni loi.
    d’une part car le voile est passible d’une double critique, laïque et féministe
    d’autre part car la loi présentait des inconvénients ( 7 dénombrés alors) et que d’autres moyens plus pédagogiques étaient envisageables.
     Peu après la loi certains ont défendu l’idée que l’Etat français aurait du envisager des moyens de scolarisations en milieu non laïque pour celles et ceux qui refusent le cadre laïque de la loi.
     Aujourd’hui la loi s’applique et se conforte au travers de l’épreuve des contentieux . Il s’avère qu’elle a finalement plus d’avantages que d’inconvénients . Il ne s’agit donc pas d’une loi scélérate mais d’une loi a étendre.

    1 - LE DEPLACEMENT DE LA FRONTIERE DE LA LAICITE AU SEIN DE L’ECOLE

    A ) Deux faiblesses antérieures prévisibles

     L’hypocrisie de la position classique : on critiquait le crucifix sur un mur d’école mais pas les "signes religieux ostensibles" (et hyperostensibles) qui se multiplient dans la société dans et hors l’école.
     Le point de vue franco-français dans notre position antérieure et la non prise en compte de la "montée du religieux" partout dans le monde contemporain notamment avec sa face cachée : ordre moral et intégrisme

    B ) ...et une évolution non prévisible mais désormais réelle.

    Il s’agit de prendre toute la mesure du changement opéré par la loi
     changement opéré après un grand débat de société (dynamique antérieure)
     changement validé et conforté par la jurisprudence notamment après confrontation avec les normes européennes (dynamique postérieure).

    Il s’agit aussi de prendre en considération la pleine signification du contenu de la loi
     Compromis historique : Signes discrets tolérés / signes ostensibles interdits ou la nouvelle frontière légale
     Cette loi est porteuse d’une "philosophie" de progrès en pleine adéquation avec ce que l’on peut appeler la "mentalité laïque" et la nécessité d’un cadre commun pour tous.

    2 - LES EFFETS DE LA LOI : SON BILAN POSITIF

    A) Une intégration laïque réussie :

     La "dialectique de de l’intégration" a fait son effet sous deux aspects. D’une part il ne s’agit pas d’une pratique sociale unilatérale et sans conflit : l’effort doit se faire de chaque côté - institutions/migrants ; d’autre part il y a une inégalité posée : le cadre laïque d’accueil est et doit être un préalable sûr.

     Autre conclusion importante concernant le voile et l’islam . L’islam est bien une religion comme les autres : autrement dit elle peut se combiner avec la République et la laïcité. Ce qui au passage disqualifie l’islamophobie qui fait de l’islam une religion intrinsèquement archaïque, impropre au changement.

    B) Ne pas comprendre cela débouche sur des effets pervers

    * L’inverse de cet argument de l’intégration perdure sous deux formes :
     les exclusions : nous savons bien sûr qu’il y en a toujours . Les chiffres relatés varient mais l’ampleur du phénomène est réduit . Les exclusions sont peu nombreuses. Elles ne justifient pas l’abrogation de la loi. Il faut bien voir qu’il s’agit des individus les plus radicaux qui tiennent le plus à afficher leur religion et qui sous couvert de multiculturalisme veulent asseoir la présence et la visibilité de la religion. Elles s’excluent d’elles-mêmes.
     la stigmatisation de cette évolution progressiste sous l’injure de "bounty" .La figure du "bounty" est celle qui en adoptant la mentalité laïque est devenu blanche à l’intérieur alors qu’elle est toujours noire ou arabe à l’extérieur. Le bounty est un traître à ses origines . Il ne se respecte pas . Pour nous, il s’agit de la dévalorisation même de ce que précisément l’on souhaite valoriser : l’accession des musulman(e)s à la citoyenneté et à la laïcité dans le respect de leurs propres croyances . Cette stigmatisation a été portée par les tenants du "racisme de la loi".

    * En arrière plan une fraîche notion fait débat : l’islamophobie.
     Sa pertinence : l’islamophobie a été "inventée" lors d’un colloque de nov 2003 initié par le MRAP (publié dans Différences ). Cette notion a le juste mérite de permettre de démasquer le racisme anti-arabe derrière la critique virulente de l’islam . Elle fait partie du patrimoine conceptuel du MRAP . Des procés ont été gagné en son nom .
     Son dévoiement : Mais elle a fait l’objet d’un usage étendu et a été fortement mobilisée par certains "indigènes de la République" (sous le sens d’un "racisme respectable" ) . Cet usage-là a été contesté à raison, il l’est plus encore aujourd’hui . La notion trop élastique méritait d’être précisée ; ce que nous avons fait ailleurs au travers d’une triple distinction : islamistophobie, islamophobie raciste, islamophobie-religiophobie de défense de la laïcité. Ce travail n’est pas clôt .
     Les enjeux : Noublions pas qu’ à trop vouloir étendre une notion le risque est alors de lui faire perdre toute pertinence et face à son "idéologisation" le danger est alors grand alors de vouloir "jeter le bébé avec l’eau du bain". J’entends ici ou là de nouveau des altermondialistes qui souhaitent que l’on s’en tiennent à racisme antiarabe.

    Conclusion : La loi et sa philosohie constitue un progrés pour le combat laique . L’altermondialisme doit défendre et exporter cette loi comme un juste combat à l’échelle du monde. Le monde contemporain voit la laicité reculer face au retour du religieux . Il convient d’inverser la dynamique à l’oeuvre.