Comment Arnaud Montebourg roule pour Bouygues

La bataille fait rage depuis plusieurs jours pour savoir qui de Numericable ou Bouygues pourra racheter SFR. Dans cette affaire, l’Etat a son mot à dire et une chose est sûre, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg roule à fond pour Bouygues, et il ne s’en cache même plus ! Si Martin Bouygues était l’ami de Nicolas Sarkozy, il est aujourd’hui le gourou d’un ministre en perte de vitesse dont le discours est devenu bien inaudible.

Que faire de SFR ? La maison-mère du groupe de téléphonie mobile, Vivendi, se pose la question avec insistance depuis quelque temps déjà. Bien parti pour vendre SFR au câblo-opérateur Numericable, la décision se corse avec l’entrée en lice de Bouygues. Commanditée ou tout du moins souhaitée par Arnaud Montebourg, l’entrée en piste de Free ne fait pas que des heureux avec la reconstitution d’un cartel, une hausse des prix pour les consommateurs et à plus court terme encore, la suppression d’emplois.

Les patrons des Télécoms ont entamé une partie de billard à trois bandes, mais grâce à un Montebourg aussi discret qu’un éléphant dans une ruelle, les fils de l’intrigue qui se déroule sous nos yeux se font visibles… Il y a quelques mois l’ancien avocat promu ministre pour qu’il ne gêne pas trop le gouvernement s’émouvait de la guerre des prix qui opposait les opérateurs de téléphonie mobile. Dans son viseur, un certain Xavier Niel, patron de Free et grand artisan de la baisse des prix en France. Après avoir moralement condamné Free, il fait désormais le jeu de Bouygues. Curieuse attitude a priori, mais en fait réelle stratégie assumée.

Pourquoi donc vouloir priver les consommateurs d’une baisse des prix quand Free a annoncé son forfait 4G à deux euros ? Pourquoi dévaloriser l’offre de rachat par Numericable de SFR tel un mauvais lobbyiste dénué de scrupule ? A chaque fois, l’intérêt est le même. Protéger son nouvel ami Martin Bouygues. Le ministre fait tout pour préserver les intérêts du grand patron qui en échange lui accorde des interviews au JT de TF1 et des articles conciliants dans la presse. Pour succéder à Hollande il faut travailler son image et Arnaud Montebourg est capable de tout pour arriver à ses fins, même à s’allier avec ses soi-disant ennemis du patronat et de la finance.

La trahison est un long fleuve (tranquille ?). Ceux qui ont renoncé à la gauche véritable se comptent par centaines chez les élus PS-PC-EELV. On protège les alliés naturels de la droite contre une place au soleil. Montebourg qui fait mine de lutter contre la mondialisation libérale, celle-là même qui détruit notre modèle social et punit l’homme, travaille en sous-main pour les pires patrons qui malmènent aujourd’hui leurs milliers de salariés. Que croit Montebourg si Bouygues met finalement la main sur SFR ? Les employés de SFR vont être dans la tourmente avec la fermeture de centaines de boutiques malgré les démentir d’un Martin Bouygues qui a déjà prouvé par le passé que seul l’argent lui est agréable. Le destin des salariés n’a aucune importance pour celui qui est assis sur des milliards et le désespoir des hommes et des femmes qui ont eu le malheur de travailler pour son compte.

Martin Bouygues n’est plus qu’une caricature du patron sans cœur, mais il est toujours diablement actif et secondé par un ministre qui a vendu son âme. Derrière les beaux discours se cache des lendemains difficiles pour les salariés et une hausse des prix pour des millions de consommateurs. Une hausse qui s’accompagne d’un service en baisse avec n réseau SFR déjà peu performant qui se retrouvera surchargé… Arnaud Montebourg a trahi et comme à Florange, la mémoire de ces événements ne sera pas perdue.