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Comment lutter ? Comment vaincre ?
Publie le dimanche 3 juillet 2016 par Open-Publishing9 commentaires
« Je voudrais parler ici pour montrer un ennemi du doigt. Cet ennemi, c’est la violence. Ne laissons pas la culture de la violence gangrener la sphère de l’action populaire (…) Mes camarades, la violence ne nous mène nulle part »
Hugo Melchior, doctorant et militant politique à Rennes 2
Depuis le mois de mars, Jean-Luc Mélenchon n’a eu de mots assez durs pour réprouver catégoriquement le recours à la violence protestataire par un nombre conséquent d’opposants à la loi Travail. Se proclamant membre du « parti de la non-violence », il est allé jusqu’à considérer que celles et ceux qui y recourraient étaient in fine des alliés objectifs du pouvoir socialiste, faisant ainsi sienne la rhétorique du PCF des années 1968, à l’époque où ce dernier fustigeait de façon récurrente les agissements des groupements dit « gauchistes » (trotskistes, maoïstes) : « Ces gens servent nos adversaires. Ils rendent notre tâche plus difficile. »
Ces prises de positions ne sont ni nouvelles, ni surprenantes. Elles émanent d’un homme et militant de gauche qui considère, et c’est une position politique qui a toujours été défendue au sein du mouvement ouvrier français et européen depuis la fin du XIXe siècle, que seul le suffrage universel intégral, seules les élections régulières et seule la voie parlementaire peuvent permettre, à un moment donné, une occupation de la « maison du pouvoir » par les forces politiques portant un projet de transformation révolutionnaire de la société capitaliste. Mais il n’en demeure pas moins qu’elles sont révélatrices de la difficulté d’appréhender sereinement la question des formes d’actions à entreprendre dans le cadre d’une action collective.
Comment lutter ? Comment vaincre ?
Que faire pour réussir à infléchir le rapport des forces en faveur des protestataires, et ainsi triompher d’un gouvernement voulant, par exemple, imposer une réforme constituant une étape supplémentaire dans le processus historique de réorganisation néolibérale du travail en cours depuis les années 1980 ? La question des modalités d’actions auxquelles décident de recourir les acteurs politiques pour obtenir la satisfaction de telle ou telle revendication, fut-elle strictement négative comme le retrait d’un projet de loi, a toujours occupé une place centrale dans le champ réflexif contestataire.
Caractère transgressif
En 2016, dans le cadre de la mobilisation contre la loi Travail, chacune des personnes mobilisées a pu être amenée à s’interroger sur le bornage du champ des actions possibles, à se poser la question des choses à faire collectivement pour rendre la situation intenable politiquement pour le gouvernement et par là-même l’obliger à venir négocier les conditions de sa défaite. Dans le cadre de ce débat épineux, faisant souvent l’objet d’âpres discussions entre celles et ceux qui décident à un moment donné d’« agir ensemble contre », le problème du rapport à la légalité se pose nécessairement.
En effet, dans le répertoire d’action traditionnel du protestataire, il existe des modalités d’action qui relèvent de la notion de « délinquance politique ». Elles se caractérisent d’abord par leur caractère transgressif à l’égard du droit positif, indépendamment d’ailleurs de leur nature pacifique - occupation collective sans titre de lieux privés ou publics, actions de perturbations par la seule force du nombre du fonctionnement normal de réseaux ; ou violente : déprédations contre des symboles du capitalisme (banques, agences immobilières, boîtes d’intérim...), confrontations physiques avec les forces de l’ordre en tant qu’agents de la puissance publique.
Tous ces actes appartiennent à un même sous-ensemble car ils sont autant de violences volontaires faites à la loi en vigueur. En y recourant, les personnes concernées décident de se placer délibérément en marge de la légalité, refusant par là-même de se conformer en permanence aux règles du jeu structurant le champ politique. Elles refusent a priori le « légalisme intégral », et même pour certaines d’entre elles le « pacifisme intégral », au risque de s’exposer, en retour, à des réactions coercitives de la part de l’État, qui cherche à sanctionner ces comportements politiques délictueux par la médiation de la police et de la justice.
Contraindre l’État
Le recours à des modes d’action délinquants repose sur le postulat selon lequel leur répertoire ne doit pas être subordonné a priori au seul respect du cadre de légalité établi. Du moins, si l’on veut pouvoir rendre, à un moment donné, la situation intenable, intolérable, insupportable pour l’autorité publique ou privée à laquelle l’on décide de s’affronter ; et ce pour voir satisfaites ses revendications.
Ces acteurs politiques délinquants récusent autant le légalisme intégral que le pacifisme intégral qu’ils considèrent comme des postures qui condamnent ceux qui les assument à la défaite. Ils entretiennent ainsi un rapport opportuniste, instrumental, manipulatoire à cette violence protestataire, au sens générique du terme. Elle s’insère dans un rapport de force donné, et plus largement dans une « stratégie de la tension » qui vise à organiser un profond désordre dans la société capitaliste pour contraindre l’État.
La violence n’est que rarement présentée comme une fin en soi par les militants, comme se suffisant à elle-même. Elle est utilisée d’abord en vue d’atteindre des objectifs politiques prédéfinis, comme le retrait d’un projet de loi. Elle est aussi employée en fonction de son efficacité supposée, par rapport aux bénéfices que les acteurs espèrent pouvoir obtenir, comme contraindre les décideurs à venir négocier, afin qu’un retour « à la normale » puisse s’imposer.
Celle-ci peut, évidemment, avoir des effets contre-productifs si les nuisances recherchées conduisent à retourner à un moment donné une partie importante de l’opinion contre les contestataires, quand elles en viennent à franchir les seuils d’acceptabilité sociale. Ou encore si elles deviennent, malgré elles, le terreau sur lequel se développent des politiques répressives qui entraveront en dernière instance l’expression de la contestation sociale, même dans sa forme légale et pacifique. On pense évidemment aux « lois scélérates » de 1893-1894 qui furent votées en réaction à la stratégie de la « propagande par le fait insurrectionnel » mise en œuvre par des militants anarchistes en France comme dans le reste de l’Europe, mais aussi à la loi anti-casseurs de 1970 que de nombreux juristes qualifièrent de « monstruosité juridique » du fait qu’elle gravait dans le marbre du droit positif français le principe de « responsabilité pénale collective », tout à fait contraire à la tradition républicaine en matière pénale.
Ces modes d’actions illégaux peuvent avoir, par ailleurs, d’autres fonctions sociales comme celle d’exécutoire - autrement dit de « décharge d’agressivité » permettant de canaliser, de libérer, de rendre remarquable un ressentiment accumulé envers celles et ceux qui décident d’y recourir.
La force du nombre
Ainsi, il apparaît, notamment dans le cadre des mouvements sociaux traditionnels, comme celui contre la loi Travail, que la violence protestataire est appréhendée par les militants assumant la « délinquance politique » le plus souvent comme un moyen parmi d’autres de conduire un conflit. Les acteurs qui décident d’y recourir le font en cherchant à l’associer à d’autres modes d’actions légaux et pacifiques. C’est le cas des manifestations de rue autorisées qu’ils cherchent à rendre remarquables par le nombre de participants afin de démontrer le caractère massif de l’opposition, ou encore pour œuvrer à la paralysie de la vie économique. Leur mot d’ordre pourrait être : « La violence protestataire sans laquelle la force du nombre est impuissante. La force du nombre sans laquelle la violence protestataire est funeste. »
Ils s’efforcent ainsi de trouver un équilibre - chose ô combien difficile - entre ces modes d’actions délinquants et des formes d’actions reconnues et acceptées par l’État de type démocratique, afin de créer les conditions du succès politique pour les contestataires.
http://www.revolutionpermanente.fr/La-violence-une-question-politique
Messages
1. Comment lutter ? Comment vaincre ?, 3 juillet 2016, 16:34, par Aspaar
Il y a deux façons de s’accaparer le pouvoir, ou de s’y maintenir : par la force ou par la ruse ( la propagande , la manipulation, des communication fumeux ou le mensonge )
La bourgeoisie emploie souvent les deux, la force et la ruse en même temps .
1. Comment lutter ? Comment vaincre ?, 3 juillet 2016, 17:49, par Soleil-Rouge
« par la force » .....................
........ donc la lutte armée ..............
Tu en connais beaucoup qui y sont prêts dans notre pays ?
Pour l’instant seule l’extrême droite souhaite une guerre civile, tu veux répondre à ses souhaits ????
2. Comment lutter ? Comment vaincre ?, 3 juillet 2016, 19:15
Qui parle aujourd’hui sérieusement de lutte armée ? et quelle est cette extrême droite qui souhaite une guerre civile ?
L’extrême droite m’a tout l’air légaliste pour l’instant et souhaite arriver au pouvoir par les urnes et le suffrage universel, en étant adoubé par la finance, les grands monopoles et leurs médias-mais ceux-ci sont-ils près à l’aventure !
La bonne vieille démocratie bourgeoise pour l’instant semble être encore suffisamment solide pour permettre aux capitalistes d’engranger les profits -n’est-ce pas la fonction de la démocratie, entre autre ! et de contenir la colère ouvrière.
L’épouvantail de la lutte armée ou de la guerre civile pour maintenir le prolétariat dans le légalisme et la défense de la démocratie et le détourner de son programme révolutionnaire est un vieux trucs des réformistes qui a toujours produit le même effet : la victoire du fascisme.
3. Comment lutter ? Comment vaincre ?, 4 juillet 2016, 05:53, par Aspaar
@ soleil rouge
Désolé Je me suis peut être mal exprimé.
Il n’y a que la bourgeoisie qui emploie ces deux méthodes , la ruse et la force
N’est ce pas par exemple les méthodes employées par les gvt Hollande . La ruse de se faire passer pour « l’ennemi de la finance » et les manipulations et les mensonges des medias au quotidien , ainsi que la répression policière et judicaire contre les manifestants qu’on voit ces jours ci.
Le Monde du travail n’aura besoin ni de ruse et ni de force pour s’y maintenir au pouvoir .
4. Comment lutter ? Comment vaincre ?, 4 juillet 2016, 12:19
ça dépend contre qui s’exercera cette ruse et cette force.
Le mouvement prolétarien pourra et devra même utiliser la ruse et la force pour abattre la bourgeoisie. Dans la lutte, la ruse peut être un élément déterminant pour la victoire.
Mais à l’égard des prolétaires eux-mêmes, l’emploi de la ruse par les pouvoirs révolutionnaires pour gouverner ne serait qu’une autre expression synonyme de trahison. Elle serait le signe de la victoire de la bureaucratie sur le mouvement communiste et la révolution
Le seul génie de Staline, par exemple, fut dans la ruse. Il réussit (lui et sa clique de bureaucrates sans scrupules) à tromper durablement le prolétariat sur la nature du régime soviétique et de son action politique, en dénaturant complétement la pensée de Marx et de Lénine.
Il n’a jamais cessé d’user de la ruse et de la tromperie à l’égard du prolétariat pour en finir avec tout ce qui touchait de près ou de loin à la révolution communiste mondiale.
2. Comment lutter ? Comment vaincre ?, 3 juillet 2016, 21:42
Le discours du pouvoir actuel est plein de violence, comme celui de Sarko, comme celui des extrêmes-droites... On ne peut nier les faits ! Le pouvoir actuel réprime la jeunesse ( et les autres) : il matraque, gaze, lance des grenades,tire des flash-balls ; il a blessé un millier de manifestants depuis 3 mois. Il en a arrêté aussi plusieurs milliers ; il fait tourner en rond les manifestants derrière des grilles d’acier. Il provoque toute cette violence. il vit de cette violence. Il se bat avec sa propre violence, et les mots qu’ils professe contre la violence ne sont que mensonges. Pourquoi le pouvoir actuel est-il violent et pourquoi ne le sommes nous pas ? telle est la vraie question qui se pose aujourd’hui à tous ceux qui luttent pour la justice sociale. Comment lutter est une autre question. Cruciale il est vrai. Mais la violence qu peuple n’est pas la violence du pouvoir. Les deux violences ne se peuvent comparer. La langue est trop pauvre dire cet entre-deux.Ne confondons pas un côté qui lutte pour la justice sociale et un côté qui l’écrase de toute sa violence. Car aujourd’hui la violence du pouvoir nous écrase comme jamais. Et c’est cet état d’opprimés par un pouvoir de plus en plus violent, aveugle, sourd, qui est notre grande interrogation, l’interrogation de notre existence d’êtres révoltés.
1. Comment lutter ? Comment vaincre ?, 3 juillet 2016, 23:47
Ne nous interrogerons pas trop longtemps. La bourgeoisie reste la bourgeoisie et défendra ses intérêts de classe avec toute la violence dont son état et ses forces de répression sont capables.
Il n’y a aucune raison de croire qu’elle puisse agir autrement que par la violence si son pouvoir est menacé sérieusement.
L’instabilité s’aggravant, la compétition économique entre capitalistes devenant plus âpre, elle agira en augmentant le contrôle social, et en accentuant la pression sur la force de travail dans le but d’extorquer la plue value, base économique de sa domination.
La bourgeoisie française ne s’est jamais montrée tendre avec ceux (communards, ouvriers ou mouvements anti-coloniaux) qui osèrent braver son pouvoir et contrecarrer ses intérêts.
« Les armes et l’organisation, voilà l’élément décisif du progrès, le moyen sérieux d’en finir avec la misère ! Qui a du fer, a du pain. On se prosterne devant les baïonnettes, on balaie les cohues désarmées. La France hérissée de travailleurs en armes, c’est l’avènement du socialisme. En présence des prolétaires armés, obstacles, résistances, impossibilités, tout disparaîtra. Mais pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d’arbres de Liberté, par des phrases sonores d’avocat, il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, enfin, de la mitraille, de la misère toujours ! »
Auguste Blanqui, Le Toast de Londres, écrit en prison en 1851
3. Comment lutter ? Comment vaincre ?, 4 juillet 2016, 09:28, par nours77
Vous savez, la colère a différent niveau, de l irritation a la haine.
Qu il y est de la casse, cela démontre que la colère est a une niveau plus élever chez certaines personnes, c est tout...
On peut en débattre mais,
L ennemie c est celui qui vous jette dans la misère et vous fait mousser sont costard a 2000 euros,
L ennemie c est l hypocrite qui vous ment avec le sourire plusieurs fois d affiler, et qui siffle sa meute usant de violence, quand la situation lui est défavorable,
L ennemie c est ceux qui vous agresse a coup de matraque alors que vous défilez dans la paix,
L ennemie c est ceux pour qui vous n êtes qu un chiffre avec un plus ou un moins devant,
L ennemie c est ceux qui ferme votre entreprise car elle n est plus suffisamment rentable, ou les dividendes n augmentent pas suffisamment,
L ennemie c est ceux qui ce disent pour la liberté mais qui maintient le franc cfa plongeant 25 pays d Afrique dans la misère,
L ennemie est la politique mener depuis une centaine d années ayant laisser certain sans plus rien a perdre, et quand on a plus rien a perdre, on fait des choses désespérée, ceux d en haut feraient bien d en prendre conscience et vite... Car une grogne gronde en France, les gens sont a mon humble avis plus proche de la rupture que vous ne pensez...
1. Comment lutter ? Comment vaincre ?, 4 juillet 2016, 10:07, par nours77
ps, je suis un pacifiste, cela parait peut être dur a croire, mais je ne fait qu analyser froidement les choses. Et je pense que tout les moyens doivent être tentés avant la guerre, mais cela ne l empêche pas d arriver a grand pas quand même...
Pour revenir un peut sur le sujet, comment vaincre, des actions comme ce genre de chose me semble pas mal du tout, les réunions de militant ont fait annuler l université d été du ps, qui se demande avec les événements récents si ils vont pouvoir faire campagne pour 2017... un sourire en lisant cette article, cela pourrait être une bonne voie.
https://lundi.am/Universite-d-ete-du-PS-la-destitution-est-en-marche