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Compétence, vous avez dit compétence ?

Publie le vendredi 12 novembre 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

Compétence, vous avez dit compétence ?

Comme je le disais ici même il n’y a pas longtemps, ces messieurs-dames du Parlement, qui ont le front de venir se gargariser de leur « mérite » pour justifier leurs 5.000 € de salaire mensuel (pardon ! d’indemnité !) ne sont là que pour ‘ratifier des lois [qu’ils n’ont] pas lues, pas discutées, pas comprises, sous la pression de [leurs] supérieurs hiérarchiques et les huées de la vile plèbe’. Par supérieur hiérarchique, il faut bien sûr entendre le Medef, véritable donneur d’ordre de nos prétendus représentants.

Je ne pensais pas qu’ils confirmeraient si rapidement mon jugement !

Or donc, sur plus de 900 élus appelés à discuter de l’inique loi sur les retraites, il NE S’EN EST PAS TROUVE UN SEUL pour s’aviser que ce texte, en l’état, pourrait renvoyer au turbin des préretraités qui s’étaient retirés en parfaite conformité avec les lois existantes au moment de leur départ – parfois même depuis 18 mois, à ce que j’ai entendu !

Surpris, ils sont. Ils ne savaient pas. Personne ne leur avait posé la question. Infoutus de se la poser de leur propre chef, la question.

Oh, pour ce qui est de fustiger la paresse et l’égoïsme de ces chômeurs qui ne font rien qu’à refuser de travailler, de ces travailleurs qui ne font rien qu’à se crisper sur leurs ‘acquis’, ou décréter d’incompétence ces jeunes qui s’imaginent pouvoir reprendre le boulot de leurs aînés retraités, là oui , ils sont forts ! Mais pour faire proprement le sale travail qu’on leur confie, plus personne.

On me dira : cette loi est dégueulasse, quelle importance ? Mais même dans la dégueulasserie, il y a des degrés. Ici, il ne s’agit même plus de changer de manière inique les règles du jeu, mais de remettre en cause un des fondements de l’état de droit : une loi ne peut pas avoir d’effet rétroactif, sauf si son application rétroactive avantage le justiciable. Je ne pense pas que ce soit le cas en l’espèce…

On me dira : c’est un effet collatéral, et ne concerne qu’une proportion marginale de la population. Souvenez-vous : on a commencé à parler d’effets collatéraux lors des guerres ‘propres’ en Irak. Belle comparaison ! Et quel effet cela leur fait-il, à ceux qui sont concernés, de savoir qu’ils sont ‘marginaux’ ? Leur vie est-elle aussi ‘marginale’ ?

On me dira : ce n’est pas la première fois, on a l’habitude de ces dérapages, des mesures seront prises pour annuler les aspects indésirés. Et en effet, c’est loin d’être la première fois. Les lois surabondantes, bâclées, inapplicables, sont devenues le quotidien de nos Etats malades. Ce n’est pas une raison. L’injustice, le mépris, l’incompétence de ces messieurs-dames censés occuper les fonctions les plus honorables de notre société doivent rester un inaltérable objet d’indignation. Ces lois qu’ils votent sans les lire, sans les comprendre, après, elles pourront être utilisées pour détruire les vies de ceux qui avaient cru, en votant pour eux, pouvoir leur faire confiance. En nous trahissant, ils trahissent non seulement leur mandat, mais aussi toutes les valeurs de notre société. On ne peut pas s’habituer, ce serait déjà se coucher. Ici, alors même que cette loi qu’ils s’apprêtaient à voter avait déjà poussé des millions de gens dans les rues, à plus forte raison avaient-ils le devoir de l’examiner sous toutes ses coutures, d’en peser toutes les conséquences, de s’assurer que leur vote, si manifestement contraire à la volonté populaire, était fondé sur des justifications morales inattaquables – et voilà, non, même ça ils n’en ont pas été capables. (Pas plus que de se retenir de voter de nouvelles exonérations d’impôts pour les retraites-chapeaux, au passage : aucune pudeur).

On me dira enfin : on peut comprendre, ils ont tant de travail. C’est vrai, quoi, avec leurs 2-3-4 mandats (ou davantage), plus leurs activités lucratives d’avocats d’affaires, etc… ils n’ont pas toujours le temps de seulement lire les textes qu’ils doivent voter. Eh bien, c’est simple : interdisons-leur de ‘squatter’ des fonctions auxquelles ils ne sont pas capables d’accorder le temps qu’il faut pour les remplir convenablement. Député à 5.000 balles par moi, ça devrait suffire à leur bonheur, me semble-t-il.

Dans n’importe quel emploi ‘convenable’, comme on dit à Pôle Emploi, le gars qui commet un dérapage pareil reçoit au moins une réprimande, voire se fait virer pour incompétence. Eux, ils ne s’excusent même pas. C’est normal. On ne va pas leur chercher des poux, quand même, alors qu’ils sont si dévoués (à leurs patrons) ?

Et, pour terminer, je ne suis pas du tout d’accord avec les commentaires postés par certains sur un précédent article (pas de moi) sur le même sujet. De savoir si les gars qui se sont vus rappelés au boulot alors qu’ils étaient en préretraite avaient ou non manifesté et soutenu le mouvement, on s’en fout ! La solidarité, camarades, c’est que chacun donne ce qu’il peut, mais que les victoires (comme les défaites) sont partagées entre tous. Le ‘chacun pour soi’, c’est dans le camp d’en face que cela se pratique.

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  • Et, pour terminer, je ne suis pas du tout d’accord avec les commentaires postés par certains sur un précédent article (pas de moi) sur le même sujet. De savoir si les gars qui se sont vus rappelés au boulot alors qu’ils étaient en préretraite avaient ou non manifesté et soutenu le mouvement, on s’en fout ! La solidarité, camarades, c’est que chacun donne ce qu’il peut, mais que les victoires (comme les défaites) sont partagées entre tous. Le ‘chacun pour soi’, c’est dans le camp d’en face que cela se pratique.

    Mais encore faut-il ne pas jouer contre son camp quand on prend des responsabilités syndicales !

    Ma première réaction aux commentaires dont il est question a été d’écrire : "Mais qu’est-ce qui les autorise à dire ça ? "

    Alors, je suis allé à la source, le Télégramme de Brest pour trouver d’autres précisions :

    Le salarié dont il est question était depuis douze ans ... délégué syndical national CFDT au Crédit Mutuel.

    Et l’article du Télégramme se termine par :

    " On s’en douterait à moins : l’ancien permanent syndical ne se prive pas de juger « bâclée » la nouvelle loi."

    Là, les bras m’en tombent ... un délégué syndical national d’une banque permanent depuis douze ans, donc pas un bleu, dit que c’est une loi "bâclée" parce qu’elle a "oublié" son cas personnel sans parler de celui des 60 copains du Crédit Mutuel qui sont dans le même cas alors qu’il s’agit d’une loi inique et d’une régression majeure non, ce n’est pas acceptable et sa responsabilité est engagée !!!

    http://www.letelegramme.com/ig/gene...

  • N’avez-vous pas encore compris que nous sommes dans une guerre sociale ?

    Les parlementaires font partie de la classe des possédants et logiquement ils votent des lois qui sont favorables à leur classe.

    La classe ouvrière ne gagnera, que quand elle aura compris qu’il faut faire comme la classe possédante : être soudés, faire corps contre la classe ennemie et surtout ne pas se laisser endormir par le confort (aussi sommaire qu’il soit), par la propagande télévisuelle, par l’égoïsme ou l’individualisme.