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Contre la répression des professeurs de Toulouse, contre la "réforme" du collège
par CGT
Publie le mardi 23 juin 2015 par CGT - Open-PublishingLa CGT Educ’action 31 et l’UNSEN-CGT s’insurgent contre cette répression procédurière du mouvement social. En agissant de la sorte, le Rectorat, qui n’assume pas sa responsabilité dans la dégradation de la situation, s’en prend à des personnels, sans la moindre considération pour leur santé, mais aussi leur parcours et leurs engagements professionnels, y compris les plus récents. Il ne doit pas être oublié que les personnels, qui militent pour une autre école, sont aussi souvent les plus engagés dans les projets et la vie des établissements.
Pour arriver à ses fins, le Rectorat n’a en outre pas hésité à utiliser des rapports mensongers et des rapports produits par des inspecteurs qui n’ont jamais rencontré les personnes incriminées.
La CGT Educ’action 31 demande donc l’annulation de toutes les procédures engagées avec maintien des 6 collègues sur leur lieu de travail à la rentrée prochaine, et ne se contentera pas du report des commissions paritaires.
Jamais une telle répression n’avait été tentée en Haute-Garonne, ni même en France. Que le Ministère, qui semble avoir soutenu du bout des lèvres, les menées du Rectorat de Toulouse, ne s’avise pas de s’entêter. Nombre d’établissements connaissent depuis quelques années, et particulièrement en 2015, des situations de rupture inquiétante entre les chefs d’établissement et les équipes pédagogiques.
Cette accumulation de tension ne doit rien au hasard : elle est le fruit d’une politique volontaire, menée depuis la fin des années 90 et reprise activement par le Ministère socialiste avec ce qu’il appelle des réformes.
Sous couvert de décloisonnement pédagogique, et outre le fait récurrent de s’y cacher derrière pour sarcler dans les budgets, les dites « réformes », émiettées pour mieux les faire passer – REP+ (juin 2014) et ses postes SPEA (mars 2015), réforme du collège (mai 2015), réforme du statut des enseignants (août 2014), réforme des rythme scolaires, toutes dans le droit fil de la réforme du Bac pro et du lycée des années Sarkozy – ont toutes pour but de répondre à l’idéal libéral : favoriser la compétition. La preuve en est, cette comparaison permanente avec les autres pays du monde au sein de l’évaluation PISA. L’éducation est devenue une marchandise qu’il faut peser et sous-peser : le meilleur pour les meilleurs au moindre coût et qu’importent les conditions de vie et de travail.
Il faudra être le collège qui propose les meilleurs expérimentations, les meilleures méthodes, les meilleures thématiques ; il faudra être le meilleur professeur, avec le meilleur projet, le meilleur dispositif ; il faudra être le meilleur élève, celui qui aura le plus de points verts le plus vite possible.
L’autonomie, c’est d’abord celle des chefs d’établissement, et non celle des équipes comme la rhétorique de Madame la Ministre voudrait le faire croire. Le Ministère, et derrière lui, la majorité de la classe politique et de l’élite culturelle, veut tellement que nous soyons autonomes, qu’il nous crée des petites hiérarchies (coordonnateur de ceci, coordonnateur de cela, référent de ci, pilote de ça...) pour mieux nous mettre en compétition les uns avec les autres. On nous vend la coopération, mais on nous fait pratiquer la lutte.
L’autonomie, ce sont des choix permanents à faire. Le libre choix est le maître-mot de la pensée libérale. Sauf que depuis longtemps, la philosophie, la sociologie et même l’économie politique ont montré que le choix était toujours faussé et qu’il favorisait toujours les mieux placés au départ.
L’autonomie proclamée n’a pas pour but de favoriser l’émancipation, en fondant la réflexion critique sur des connaissances solides : elle ambitionne de faire acquérir aux élèves des pratiques comportementales, certes de plus en plus complexes, que le patronat réclame dans les entreprises.
Mais surtout l’autonomie, c’est la mise en concurrence. D’une région à l’autre, d’une école à l’autre. Avec derrière, le démembrement et la privatisation possible. Comme avec le rail. Il faut des années pour mener ces politiques, déjà conçues depuis trente ans, mais que fort heureusement le mouvement syndical et social, traité de conservateur, a su contrer ou ralentir.
Nous ne voulons pas de votre école de la concurrence et des hiérarchies, nous ne voulons pas de votre école capitaliste, formatrice de bons salariés dociles, qui sauront autant commander que se laisser commander.
C’est cette « école de l’autonomie » qui est exactement à l’œuvre dans le bourbier du collège de Bellefontaine. Le collège de demain ce serait donc : un chef d’établissement qui croit avoir tous les pouvoirs, des coordonnateurs qui croient pouvoir faire la leçon aux autres, la classification des personnels, l’intervention permanente de parents qui défendent leurs intérêts personnels... Les collègues n’en veulent pas : ils se sont seulement exprimés pour le dire en utilisant les droits constitutionnels, de la liberté d’expression, de la représentation sociale et du droit de grève.
Notre école est celle du Bien public, celle qui cherche à nous faire vivre ensemble, à nous faire partager le monde, au lieu de le saucissonner pour que les « meilleurs » l’engloutissent.