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Côtes-d’Armor. Quatorze pompiers grévistes en conseil de discipline
par Julien Vaillant
Publie le jeudi 7 novembre 2013 par Julien Vaillant - Open-PublishingEn grève le mois dernier, 14 pompiers costarmoricains sont convoqués ce matin à des entretiens disciplinaires. Motif : leur direction estime qu’ils n’ont pas respecté le règlement. La CGT, elle, dénonce des mesures d’intimidation.
« En vingt-cinq ans de pompiers et vingt ans de syndicalisme, c’est la première fois que je vois des collègues convoqués après une grève. Avec de telles méthodes, que notre direction ne vienne pas nous parler de dialogue social ! ». Délégué du personnel CGT, Erwan Le Guen constate, remonté : « Le fossé entre nous et la direction se creuse ». Ce matin, le sapeur-pompier sera aux côtés de 14 collègues convoqués à des entretiens individuels préalables à une sanction. Une sanction qui peut varier d’un simple rappel à l’ordre à une exclusion de deux semaines. Le point commun de ces soldats du feu ? Avoir participé aux trois jours de grève du mois d’octobre dernier (*). Un mouvement de grogne très suivi par le personnel. Aujourd’hui, la direction du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) reproche à ces professionnels de ne pas avoir respecté une note de service en date du 27 septembre dernier.
Pas le droit d’utiliser le matériel
Un texte qui leur interdit, lors d’un conflit social, de défiler en tenue, d’utiliser le matériel ou encore de pénétrer dans un centre de secours. « Cette note nous oblige également à nous positionner vingt-quatre heures avant une journée de grève, alors que notre direction disposait déjà de la possibilité de réquisitionner le personnel de garde. C’est une atteinte aux libertés individuelles », dénonce Erwan Le Guen.
Des procédures normales selon la direction
Le mois dernier, plusieurs pompiers en grève ont enfreint ces nouvelles règles, en utilisant le matériel de secours ou en refusant de dire s’ils allaient participer au mouvement social. D’où leur convocation ce matin. « Il s’agit de procédures réglementaires normales. Et nous ne communiquons pas sur des dossiers disciplinaires individuels », se contente d’indiquer le lieutenant-colonel Christophe Auvray, le directeur opérationnel du Sdis. Même discours du côté de Michel Brémont, vice-président du conseil général (le principal financeur du Sdis) : « Il s’agit de dispositions réglementaires. Le droit de grève, que nous avons toujours défendu, est encadré par des lois », rappelle l’élu socialiste.
145 pompiers convoqués en Ille-et-Vilaine
« Cette note de service, dont nous allons contester la légalité devant le tribunal administratif, a été publiée pour nous intimider, trois jours après le dépôt de notre premier préavis de grève. Dans ses discours, Claudy Lebreton (le président du conseil général) prône le dialogue social, mais nous sommes entrés dans une phase de répression », déplore, de son côté, Frédéric Gérard. Le secrétaire départemental du syndicat CGT estime que le département a emboîté le pas à son voisin d’Ille-et-Vilaine. « Là-bas, 145 collègues ont été convoqués à des entretiens similaires à la suite d’une grève. C’est du jamais vu ».
* La grève avait été votée pour différentes raisons : dégradation du climat social, dysfonctionnements opérationnels, manque d’effectifs, modification du déroulement de carrière...