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DISCUSSION AU SENAT DU BUDGET 2008 DE LA CULTURE

Publie le jeudi 6 décembre 2007 par Open-Publishing

DISCUSSION AU SENAT DU BUDGET 2008 DE LA CULTURE

Intervention de Jack Ralite, Sénateur C.R.C.

(Séance du 4 décembre 2007)

En ces temps rendus difficiles, il y a plusieurs façons d’aborder le budget de la culture.
Premièrement, le lire au fil des chiffres et de leur agencement ; ça ne donne pas grand-chose, chaque année étant vorace d’une nouvelle présentation. On devient orphelin.

Ainsi dans le budget 2008, par un changement de périmètre, les crédits du patrimoine monumental sont majorés artificiellement alors qu’ils baissent de 18 % en crédits de paiement et de 6,4 % en autorisations d’engagement.

Deuxièmement, croire les chiffres alors que nombreux sont ceux qui ne sont pas véritablement vrais, d’où un document en simulâcre qui somnambulise. Ainsi dans le budget 2008, le spectacle vivant stationnaire en écriture, baisse dans ses crédits d’intervention de 414 000 euros en crédits de paiement et de 715 900 euros en autorisations d’engagement.

Troisièmement, il y a la lecture quantitative, celle qui ravale les arts, leur création, leur rencontre avec les publics, leur pluralisme à une comptabilité anonymisant tout qui conduit à l’invisibilité démocratique. C’est le sarkozysme dans le budget, mais ça ne se voit pas à chiffres nus.

Les clés d’accès à la lecture qualitative du budget sont à prendre ailleurs dans deux documents : « L’ECONOMIE DE L’IMMATERIEL, LA CROISSANCE DE DEMAIN », de Maurice Lévy, Président du Directoire de Publicis, et Jean-Pierre Jouyet, alors Président de l’Inspection Générale des Finances (6 décembre 2006) et LA LETTRE DE MISSION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A MADAME LA MINISTRE DE LA CULTURE (1er août 2007).

Synthétisons le premier document. Lors d’une journée de travail des Etats Généraux de la Culture, « La Culture à l’heure du Numérique », au Sénat le 16 mars dernier, Pierre Musso, Professeur de sciences de l’information et de la communication à Rennes-II et chercheur au département de science politique à Paris-I Sorbonne, a fait sur ce rapport un exposé très important.

C’est, je le cite, « une synthèse élaborée d’une approche technico-financière faite par huit inspecteurs des finances et onze dirigeants d’entreprises privées. (…) La figure symbolique du « bloc de pouvoir » formé par le patronat et l’Inspection Générale des Finances (…) Ce rapport joue un rôle fondateur. Il est l’équivalent du rapport Nora-Minc de 1978 sur « l’Informatisation de la société française ».

A l’époque, ce rapport s’appuyait déjà sur la mutation technique de la numérisation, rendue possible par la convergence des télécommunications et de l’informatique pour annoncer l’entrée dans une nouvelle société dite « de l’information » (…) Il invitait à déréguler le secteur des télécommunications. (…)

Aujourd’hui le même raisonnement est revisité, mais au nom de l’économie et de la « société de connaissances » qui viendrait se substituer (…) à celle de l’information et l’englober. Il faut « déréguler les secteurs de la culture, de la recherche, de la création et de l’enseignement. (…)

Hier il s’agissait de déréguler les tuyaux, aujourd’hui l’enjeu ce sont les contenus et les idées. (…)

Le numérique a été érigé au rang de mythe rationnel indiscutable, (…) la naturalisation de la technologie permet au pouvoir de la manier comme un discours de la causalité fatale (…). C’est la combinaison de la fatalité de la technologie avec celle de la financiarisation du monde. (…)

Dans cette approche technico-financière, tout deviendrait immatériel : sur le modèle de la finance depuis longtemps dématérialisée (…). Les entreprises et les institutions, et même les nations, deviennent des marques, (…) les réseaux d’information, notamment internet, dématérialisent les objets, les territoires, les institutions, voire les hommes transformés en « actifs immatériels ».

Il convient de traiter économiquement le capital humain. ( …) La notion d’« immatériel » est appliquée à l’innovation, la recherche, la formation, l’enseignement, le design, la mode, en passant par la créativité, le jeu vidéo, la publicité, les marques, l’entertainment, l’esprit d’entreprise, l’ensemble du champ des immatériels lié à l’imaginaire, ce qui permet de mettre sur le même plan la création artistique et culturelle, la publicité ou les marques. (…)

Le rapport présente soixante-huit recommandations, voici les trois plus « fortes » :

 l’Etat est invité à recenser et à valoriser -entendons à vendre- ses actifs immatériels. Inversément, le rapport souhaite reconnaître des actifs privés pour leur donner des avantages fiscaux, notamment dans la publicité.

 Le rapport demande la transformation des universités et des musées sur le modèle américain en les identifiant par des marques. Pour les musées, il faut lever plusieurs tabous , donc vendre ou louer des œuvres.

 Le rapport remet en chantier la loi DADVSI. Il faut ouvrir les aides du Compte de Soutien à l’Industrie des Programmes Audiovisuels, aux financements étrangers du Cinéma et de l’Audiovisuel, limiter la portée et la durée du droit moral de l’auteur. Il est proposé d’avancer vers une économie plus plastique et projeté de « gagner la bataille de l’immatériel » en agissant sur les fronts sociaux, technologiques, commerciaux, comportementaux, éducatifs.

Ainsi, le discours idéologique sur l’économie de l’immatériel pointe un fait majeur, l’importance de la connaissance et de la culture dans la société et l’économie, mais il vise à les standardiser en « actifs comptables », donc en signes valorisables, pour les soumettre à une financiarisation généralisée. L’esprit des affaires prétend s’imposer aux affaires de l’esprit. »

Maintenant, la lettre présidentielle sur la culture, d’une gravité extrême pour la création du spectacle vivant. Voyez plutôt : « Veillez à ce que les aides publiques à la création favorisent une offre répondant à l’attente du public (…) réformez à cette fin les conditions d’attribution des aides (…) exigez de chaque structure subventionnée qu’elle rende compte de son action et de la popularité de ses interventions (…) fixez des obligations de résultat (…) empêchez la reconduction automatique des aides et des subventions ». Ainsi les artistes seraient essentiellement des commerciaux.

La création du passé, le patrimoine n’est pas mieux traité : « Vous engagerez une réflexion sur la possibilité pour les opérateurs publics d’aliéner des œuvres de leur collection. » C’est la mise en cause de la notion « d’œuvre inaliénable » apparue au XIIe siècle, la Révolution Française la confirmant. Cette politique, le Président la veut « efficace » et « moins coûteuse ». Il faut « réallouer les moyens publics des politiques « inutiles » (…) au profit des politiques (…) que nous voulons entreprendre. (…)

Un bon ministre ne se reconnaîtra pas à la progression de ses crédits, mais à ses résultats et sa contribution à la réalisation des projets présidentiels, y compris sur le plan financier ». Pour se garantir, il conclut : « Proposez des indicateurs de résultats dont le suivi sera conjoint » (Présidence de la République, Matignon, Bercy… et Culture).
« Je ne suis pas un théoricien. Oh, je ne suis pas un intellectuel. Je suis quelqu’un de concret. », disait-il après son élection.

Quelle illustration de ce que disait Jean Vilar à André Malraux en mai 1971, sur les rapports Pouvoir – Artistes qui sont souvent « un mariage cruel ». « Il s’agit aussi de savoir si nous aurons assez de clairvoyance et d’opiniâtreté pour imposer au public ce qu’il désire obscurément. » (Jean Vilar). « La mémoire du créateur ne doit pas le rassurer dans l’immobilité illusoire du passé, mais le projeter dans le futur avec peut-être l’amertume de l’inconfort mais plus encore avec l’attirance de l’inconnu. » (Pierre Boulez). « Les œuvres d’art frissonnent du doute d’elles-mêmes, elles suscitent l’angoisse chez le spectateur. »(Baxter, auteur de théâtre anglais).

Nicolas Sarkozy veut imposer la répétition qui promeut l’entertainment, la culture de l’instant, de l’éphémère, du divertissement, du présentisme, lequel enferme et contribue à ce qu’une immense masse de gens devienne flottante dans « un état d’impondérabilité de ses valeurs ». Cette pratique va jusqu’à interdire l’espérance d’un au-delà de ce qu’on connaît. C’est fade comme le rire permanent de Ruquier. Soyons intransigeants sur la création car elle désactualise, met en rapport les générations et délocalise à la manière de la chanson de Renaud « C’est quand qu’on va où ? » :

« L’essentiel à nous apprendre,
C’est l’amour des livres qui fait
Qu’tu peux voyager d’ta chambre
Autour de l’humanité ».

La création permet de nouveaux commencements, au singulier (le je) et au pluriel (le nous).
Un soir de mai à Aubervilliers, un Professeur du Collège de France, Predrag Matvejevitch, intervenant sur l’œuvre d’Ivan Andric, « Le Pont sur la Drina », eut ce propos : « Nous avons tous un héritage et nous devons le défendre et, dans un même mouvement, nous devons nous en défendre. Autrement, nous serions en retard d’avenir, nous serions inaccomplis. » Le Président de la République est bourré de retards d’avenir. J’évoquerai René Char : « L’inaccompli bourdonne d’essentiel ». Voilà la création.

La politique qui ressort du rapport et de la lettre est au service des grands groupes avides d’une dimension internationale. On sait par expérience que quand Vivendi ou les Télécoms ont grandi par rachats, notamment aux U.S.A., ils ont connu de lourds déboires préjudiciables aux finances publiques. Ces concentrations qui hier faisaient des compromis avec le pouvoir politique s’imposent aujourd’hui à celui-ci. A la politique industrielle a succédé la politique financière. Aux ententes négociées se sont substituées les stratégies financières imposées au pouvoir politique. Les ententes d’hier étaient à moyen ou long terme. Maintenant ce sont les actionnaires qui exigent le court terme, à travers des bilans trimestriels que le pouvoir suit. C’est un basculement.

Le monde culturel et artistique vit douloureusement cela. Quelques chiffres : le gel traditionnel d’un pourcentage de crédits est augmenté et externalisé des subventions. Pour les subventions de fonctionnement, on constate un moins 330 000 euros pour l’Odéon, 375 000 à Chaillot, 475 000 à la Comédie-Française, 250 000 au Théâtre National de Strasbourg et au Théâtre National de la Colline, près d’un million à la Cité de la Musique, 300 000 pour l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, un million cent mille au Parc de la Villette, 631 936 à Monum, etc… Cela s’inscrit dans la « Révision Générale des Politiques Publiques » (R.G.P.P.) décidée par l’Elysée et à l’étude au Ministère et dans un cabinet qui a déjà visité l’Opéra, Chaillot, le Conservatoire, le Musée d’Orsay.

Dans les régions, y compris l’Île-de-France, les décisions sont diverses mais cheminent vers un moins. En Rhône-Alpes, c’est moins 6 % pour l’ensemble des institutions et structures. La coupe sur 37 millions d’euros pour la région est donc de 2,4 millions d’euros. Pour la MC 2 de Grenoble, c’est moins 140 000, pour le Centre Dramatique de Saint-Etienne, moins 120 000. Même si le D.R.A.C. fait l’impossible pour maintenir aux jeunes compagnies leurs subventions, elles risquent de perdre dans la foulée les diminutions aux institutions.

J’étais le 24 novembre au soixantième anniversaire du premier Centre Dramatique National, à Saint-Etienne. Quel plaisir de voir un public de sept cents personnes, qui n’étaient pas un chiffre, mais une qualité de partenariats participant à l’aventure de Dasté, et qui, autour d’une belle politique de création de Jean-Claude Berutti et François Rancillac, pratiquent la coopération avec l’Afrique, l’Europe, les compagnies indépendantes. Neuf jeunes comédiens de l’école de théâtre présentèrent talentueusement l’histoire de la Comédie dans un montage de textes roboratifs. A Saint-Etienne, on travaille avec passion, on se souvient de l’avenir.

Clôturant cette chaleureuse fête de l’esprit et du cœur, on entendit un merveilleux texte de Michel Vinaver : « Eh bien, je te souhaite, Décentralisation, ma mie, de préserver ton identité liée à tes origines et aux ressources dont tu vis. Je souhaite que tu gardes ta différence ; que tu restes aventureuse et exploratrice prioritairement. Que tu ne cèdes pas à la tendance de tout mélanger à tout pour que tout ait le goût de tout. Fraye avec l’autre si tu veux, mais veille à ce que ne s’effacent pas les contours. Ne laisse pas se diluer ton génie particulier. L’altérité des deux théâtres, privé et public, est aussi bonne à prendre que celle des sexes. Chacun y trouve son compte. »

Autres soustractions : plusieurs opéras de province sont touchés. Tours avait perdu 300 000 euros qu’il a… récupérés. La Scène Nationale de Bar-le-Duc perd 150 000 euros sur les 300 000 qu’elle recevait. Les Centres Dramatiques Nationaux de la Région Parisienne perdent 3 %, résultat de + 2 % d’engagement de l’Etat et de - 4 % de gel du même Etat. C’est ainsi au Théâtre de la Commune à Aubervilliers et au Théâtre des Amandiers à Nanterre. Un cas mérite d’être souligné, le Théâtre de la Bastille que dirige Jean-Marie Hordé dont on connaît les choix de créations si originaux « d’un art inattendu ». Fin 2008, il sera au bord d’un dépôt de bilan si l’intervention nationale ne l’épaule pas. L’exercice des métiers du théâtre dans cette précieuse petite salle est miné. Souhaitons que le 28 janvier prochain son public, et au-delà, envahisse cette salle, « ce gai passage » pour le soutenir.

Parlant de si beaux textes offerts par cet équipement modeste, sautons à Chaillot dont l’essentiel de l’histoire, marquée par Vilar et Vitez, est un cadeau de textes. La décision d’ôter le théâtre, sans concertation avec les professions du théâtre et de la danse, ni même avec la direction de Chaillot n’est pas acceptable. Elle ne réussira pas à opposer théâtre et danse. Le premier perd un lieu d’une grande mémoire théâtrale, la deuxième perd la salle de quatre cents places prévue au Centre National de la Danse à Pantin. A ce jour, la page tournée du théâtre, à Chaillot, ne tombe pas sur une page « heureusement » écrite pour la danse. Heiner Müller disait : « L’herbe verte, il nous faut la faucher afin qu’elle reste verte ».

Il ne disait pas « il nous faut l’arracher ». En donnant à la danse, sans qu’elle l’ait demandé, un lieu où triompha le théâtre, on a arraché celui-ci à la mémoire du lieu, cette autre manière de dire le théâtre futur. J’ai été en grande complicité avec Jean Vilar, Antoine Vitez, Dominique Bagoüet et Maurice Béjart. Dans le « Robert », au mot « complicité », on lit : « (…) Entente profonde, spontanée », « Alliance mystérieuse », disait Maupassant. C’est en ayant « recours à ces sources », je ne dis pas « retour », que je vous demande, Madame la Ministre, de revenir sur la blessure faite à ces deux arts. Rendez Chaillot à la parole du théâtre, donnez aux danseurs la salle qu’ils avaient méritée au C.N.D.C. à Pantin.
Nommant Vilar, je songe à une de ses phrases de 1957 : « A la vérité, je pense qu’on ne loupe rien quand on a le populaire dans la peau. »

Et si l’on disait un mot du populaire d’aujourd’hui, de son travail marqué par une intensification jamais connue, une suractivité, une mobilisation de tous les instants. Pierre Legendre dit « L’homme symbolise comme il respire. » Précisément, les conditions de travail d’aujourd’hui externalisent la respiration. Le sujet, même agité, devient désoeuvré. Yves Clot, psychologue du travail au Conservatoire National des Arts et Métiers, dit que ce néo-stakhanovisme blesse l’imaginaire, la pensée du travailleur. Il devient un « boxeur manchot ».

A ce moment, l’œuvre d’art ne lui parle plus. Il peut même lui devenir hostile. Temps libre et temps de travail sont devenus malades. L’artiste ne sort pas indemne de cette confrontation dont les grands groupes sont responsables, car c’est chez eux que se crée l’invivable travail en apnée, chez eux, quand il s’agit d’industries culturelles, que se fabrique le divertissement -consommation-compensation. Immense bataille qui rend grave le report du décret issu de notre vote unanime sur les programmes patrimoniaux de l’Audiovisuel. Je suis très préoccupé, comme les représentants des professionnels de l’audiovisuel, à propos de la réforme des décrets Tasca. Les questions posées dictent les réponses dans le sens de la concentration et du renforcement du pouvoir des diffuseurs. N’est-ce pas une illustration éloquente du pilotage conjoint grands groupes-pouvoir ? Et par contre une confirmation de la nécessité, pour y faire face, d’une alliance des forces du travail et des forces de la création ?

Avant de conclure, je ne voudrais pas oublier les méfaits du budget dans d’autres secteurs, celui de la magnifique Cité de l’Architecture et du Patrimoine qui n’a pas les crédits suffisants à son fonctionnement ; celui de l’Archéologie Préventive, et singulièrement de l’I.N.R.A.P. qui plonge si profond dans l’histoire de nos sociétés et qui a un sous-financement évident ; celui des Compagnies indépendantes, il n’est qu’à voir leur sort dans la région de Basse-Normandie où l’Etat est en état de carence. Le rapport de l’inspection générale des services du Ministère le note pour la danse. Celui du Cinéma, qui n’a pas donné la grande réponse demandée avec tant de pertinence par Pascale Ferran aux derniers Césars.

Il faudra bien faire bouger le curseur de l’aide automatique vers l’aide sélective. Celui de l’Emploi, sur lequel la CGT-Culture a fait une étude précise qui conclut : « A périmètre constant par rapport à 2007, il y a 186 suppressions d’emplois à temps plein bien réel ». Qui dit emploi dit Intermittence et celle-ci s’est aggravée. On a des intermittents intermittents. Et revient à la charge le projet medefien de scinder la couverture sociale de ces professions en une solidarité de base couverte par l’Etat, jumelée avec une solidarité spécifique pour certaines professions du spectacle, à prestations minorées pour les salariés, à cotisations diminuées pour le patronat. Celui des Musées, choisis pour expérimenter la gratuité et qui s’interrogent sur la compensation des pertes.

Madame la Ministre, j’étais comme vous, le 28 novembre, à l’inauguration du Salon du Livre de la Jeunesse à Montreuil. Toutes les interventions, du Maire Jean-Pierre Brard, du Président du Conseil Général Hervé Bramy, de la représentante du Syndicat des Editeurs de Livres de Jeunesse, et de vous-même, étaient heureuses. Chacune saluait une réussite, une avancée, un effort, des créations. Je vous y ai vue satisfaite comme l’était votre Directeur de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles, Monsieur de Saint Guilhem à l’inauguration du Théâtre de Montreuil le 16 novembre, avec le Maire et le Président du Conseil Général.

Dans les deux cas, la population montreuilloise et ses enfants était joyeuse de se retrouver autour de créations littéraires et théâtrales. La directrice du théâtre, Gilberte Tsaï, la directrice du Salon, Sylvie Vassalo, faisaient les honneurs des lieux. Et puis vous avez dit votre solidarité au cinéma « Le Méliès » de Montreuil, qu’U.G.C. et MK2 attaquent en justice parce qu’il y aurait concurrence faussée.

L’an dernier le Méliès accueillait 300 000 spectateurs de cinéma d’Art et d’Essai, l’UGC à Rosny deux millions de spectateurs de films grand public. Qui est le dominant ? J’étais moi aussi heureux. C’est une figure rare que ces rassemblements dans une ville de banlieue. Cela rend optimiste parce qu’il est prouvé qu’avec une volonté politique partagée, on avance. Mais bien sûr le peuple de Montreuil ne veut pas la fin du social, ne veut pas d’une politique de la pitié, ne veut pas être considéré comme un peuple victime. Il veut simplement être considéré dans sa dignité. A réfléchir, à réfléchir… « Agir, travailler, répondre. Pas de petite digue qui ne mérite qu’on la garde. Ne pas dormir », disait Aragon.