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Dans l’est de la Libye, la production pétrolière complètement bloquée par des protestataires

Publie le mardi 5 novembre 2013 par Open-Publishing

La production d’hydrocarbures et les revenus de l’Etat ont chuté de 80% depuis juillet.

Les négociations entre les autorités libyennes et les protestataires qui bloquent les principaux sites pétroliers du pays traînent sans progrès depuis plus de trois mois, faisant prolonger une crise qui a fait chuter la production d’hydrocarbures et les revenus de l’Etat de plus de 80%.

"La crise dans les terminaux pétroliers se poursuit et la situation est totalement bloquée", a déploré lundi le président de la commission de crise au Congrès général national (CGN), la plus haute autorité du pays, Abddelwaheb al-Gaied.

Cette commission, formée en août, a été chargée de négocier avec les protestataires pour trouver une issue à la crise. Intervenant lors d’une séance plénière du CGN retransmise par la télévision nationale, M. Al-Gaied a précisé que "les protestataires campaient sur leurs positions".

Des gardes des installations pétrolières bloquent depuis fin juillet les principaux terminaux pétroliers du pays de Zueitina, Ras Lanouf et al-Sedra, situés dans l’est du pays. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement est en conflit ouvert avec ce groupe de gardes qu’il accuse de chercher à détourner du brut, ces derniers reprochant à leur tour aux autorités de vendre du pétrole de façon irrégulière.

Ibrahim Jodhrane, chef des protestataires partisans d’un système fédéral en Libye, s’était autoproclamé en août président du bureau politique de la Cyrénaïque. Il a annoncé la semaine dernière la formation d’un gouvernement local pour gérer les affaires de cette région. Cette annonce semble s’inscrire dans le cadre du bras de fer avec les autorités centrales de Tripoli qui considèrent ce gouvernement "hors-la loi".

Elle illustre aussi la faiblesse de l’Etat, incapable d’asseoir son autorité sur des milliers d’ex-rebelles armés qui avaient combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Les mouvements de protestation ont provoqué une chute de la production de pétrole à 250.000 barils/jour, contre près de 1,5 million b/j avant le déclenchement de la crise fin juillet, a indiqué lundi à l’AFP une source de la Compagnie nationale de pétrole (NOC). "La production est estimée actuellement à 250.000 barils par jour", a déclaré un responsable de la NOC, Mohamed al-Harairi

Ces troubles dans l’industrie pétrolière qui fournit 96% des revenus de l’Etat, ont causé des pertes estimées jusqu’ici à quelque 13 milliards de dollars, selon les autorités.

Une reprise des exportations à partir du terminal al-Harriga (est), annoncée par le gouvernement pour lundi, n’a pas pu non plus avoir lieu comme prévu, selon le responsable de la NOC, qui a invoqué des raisons logistiques.

"Le port est totalement sous le contrôle de la Arabian Gulf Oil Company (AGOCO, filiale de la NOC), a indiqué lundi M. al-Harairi, soulignant que "des procédures de marketing avec les clients retardent le début des exportations du brut à partir de ce port. "La crise a été réglée. Deux cargaisons de brut sont prêtes pour l’exportation" de ce terminal pétrolier d’une capacité de 110.000 b/j, a-t-il toutefois ajouté.

Par contre, "la production n’a toujours pas repris dans le puits pétrolier d’al-Charara (330.000 b/j)", bloqué depuis le 28 octobre par des habitants de la région d’Oubari (sud), selon ce responsable.

Les habitants protestaient contre leur "marginalisation" et réclament une répartition plus équitable des revenus pétroliers. "Des négociations sont toujours en cours" avec les protestataires, a indiqué le responsable libyen.

"Puiser dans les réserves"

Le représentant d’une institution monétaire internationale en Libye, a averti que si la crise se prolonge, les autorités pourraient être obligées de puiser dans les réserves en devises. "Si la crise se prolonge, la croissance pourrait être négative en 2013 et le gouvernement sera contraint de puiser dans ses réserves pour pouvoir payer des salaires et honorer ses engagements", a-t-il dit sous couvert de l’anonymat.

Les réserves du pays sont estimés entre 130 et 140 milliards de dollars, selon la même source.

Dans son dernier rapport, le Fonds monétaire international (FMI) a prévu une croissance négative à -5,1% pour 2013, en raison de la crise pétrolière contre 104,5% en 2012.

http://www.lorientlejour.com/article/840640/dans-lest-de-la-libye-la-production-petroliere-completement-bloquee-par-des-protestataires.html