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Déclaration de prisonniers politiques chiliens

Publie le lundi 30 mai 2005 par Open-Publishing

L’emprisonnement politique se pratique encore bel et bien, car c’est un instrument utile pour le système capitaliste et son ordre social. Au Chili, il reste toujours six prisonniers politiques, que l’amnistie d’août 2004 n’a pas concernés pour différents motifs « technico-juridiques. » Cet état de fait date d’il y a près d’un an, et depuis, après plusieurs démarches, un nouveau projet de loi a été présenté le 4 mai à la Chambre des députés afin de trouver une solution à la situation des prisonniers politiques condamnés par la loi antiterroriste, loi créée pour criminaliser les luttes sociales et populaires.

Le projet de loi, présenté par dix députés de la Concertation, avec l’aval de l’Eglise catholique, d’organisations des droits humains, et de différents collectifs et organisations populaires, est aujourd’hui à la Commission des Droits humains, où il doit être discuté avant d’être voté et approuvé par l’assemblée.

Notre lutte pour la liberté bénéficie d’une légitimité qui implique différents acteurs et secteurs de la société chilienne, et s’appuie sur un cumul d’aberrations auquel nous nous confrontons depuis plusieurs années : treize ans en moyenne d’emprisonnement, onze dans la rigueur de la Prison de Haute Sécurité ; absence de défense adéquate et efficace. Nous avons été torturés pendant notre détention ; jugés par la pire de la justice chilienne, la justice militaire, qui se retrouve juge et partie, en violation des principes du Droit international.

Nous n’avons jamais nié que notre action est subversive et révolutionnaire, nous sommes des combattants et nous avons résolument affronté la dictature criminelle de Pinochet et son prolongement néolibéral, pour construire une société dans laquelle les différents peuples et communautés puissent vivre dans le bien être et la sérénité. NOUS NE SOMMES PAS DES TERRORISTES, et nous avons vécu notre emprisonnement avec dignité et sans abandonner nos idéaux. Ici, le seul terrorisme qui existe est le terrorisme d’Etat.

Nous, Prisonniers Politiques incarcérés à la Prison de Haute Sécurité, avons décidé, aux vues des faits exposés, d’entamer une GREVE DE LA FAIM, nous abstenant aussi de boire, pour une durée indéterminée, comme un dernier recours pour obtenir DES MAINTENANT NOTRE LIBERTE. Notre mobilisation vise à accélérer le processus parlementaire, que sa résolution ne se dilue pas dans le temps ; afin que le gouvernement conclue pour de bon le chapitre de l’emprisonnement politique, qui a duré quinze ans, et qu’il tienne l’engagement qu’il a pris publiquement. Les conditions pour l’approbation du projet existent, il ne manque que la volonté et la décision politique.

Enfin, nous voulons signaler, aussi clairement que nous l’avons toujours fait, que nous sommes et nous serons toujours des combattants conséquents contre l’impunité, et que nous ne servirons jamais de monnaie d’échange pour les assassins et les tortionnaires de notre peuple.

LUTTONS DE TOUTES NOS FORCES POUR LA LIBERTE ! !
FIN DE LA LOI ANTITERRORISTA ! !
LIBERTE MAINTENANT POUR TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES ! !

Pablo Vargas ­ Hardy Peña ­ Claudio Melgarejo

Collectif des prisonniers politiques « convergence pour la liberte »

Santiago, Prison de Haute Sécurité, 16 de Mayo, 2005.