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Déclaration inquiète des Instants Vidéo au sujet de L’IMPA

Publie le jeudi 28 avril 2005 par Open-Publishing

Déclaration inquiète des Instants Vidéo au sujet de l’IMPA
LA FABRICA CIUDAD CULTURAL de Buenos Aires (Argentine)

Le 22 avril 2005, 4 ouvriers et artistes de l’IMPA ont été arrêtés par la police.
Notre ami Javier Robledo (poète, vidéaste et responsable du festival vidéo,
poésie et performance à l’IMPA) nous a aussitôt alerté pour réclamer le soutien international des artistes et organisations sensibilisés par une répression qui risque de mettre un terme à l’expérience sociale et culturelle de cette usine-centre culturel autogérée.

Nous vous invitons à envoyer (en anglais ou en espagnol) un message de solidarité avec les ouvriers et artistes en lutte pour sauver l’expérience de l’IMPA LA FABRICA CIUDAD CULTURAL de Buenos Aires :
 mailto:ursiroble@ciudad.com.ar
Si vous pouvez nous envoyer un double de votre message, cela nous
permettra de coordonner autant que possible la lutte.
 mailto:marc.mercier@instantsvideo.com
Pour connaître l’IMPA, vous pouvez consulter leur site :
 http://www.impa-lafabrica.com.ar

|| Pourquoi les Instants Vidéo soutiennent-ils cette cause ?
En mai 2004, le vidéaste Javier Robledo l’a invité à visiter
cette usine-centre culturel. J ?ai ainsi appris que, depuis 1998,
180 ouvrières et ouvriers ont récupéré l’usine et ont créé une coopérative.
L’IMPA recycle de l’aluminium et du plastique. En 1999, l’assemblée
générale des travailleurs décident de créer dans l’usine un centre
culturel. Cinquante artistes y ont leur atelier. Des activités culturelles
sont proposées à la population. Des concerts, des représentations
théâtrales, des projections de cinéma et vidéo, des performances
poétiques ? sont organisés régulièrement. Une école, un centre social
et sanitaire, ont même été créés.

Le statut particulier de l’IMPA l’a permis de réaliser sur place une
vidéo : « Le parti pris de la vie est un parti pris politique ».
En effet, ici, il n ?y a pas de patrons qui vous interdisent de filmer
les gestes du travail, de discuter avec les travailleurs ?Il est prévu
que ce film soit montré en juin prochain dans l’usine devant
les travailleurs si, toute fois, la situation de crise actuelle me permet
de pénétrer l’IMPA.

En novembre 2004, Javier Robledo fut invité par les Instants Vidéo
à venir présenter cette expérience à l’Ecole l’art l’Aix-en-Provence
et à la Compagnie de Marseille. L ?accueil du public fut enthousiaste.
Quelques semaines plus tard, nous avons reçu un message l’Argentine, proposant aux Instants Vidéo de devenir membres de l’IMPA LA FABRICA, afin de renforcer notre collaboration. Nous avons accepté avec joie.

|| Pourquoi les Instants Vidéo pensent que cette expérience concerne tous
les artistes et organisations épris de liberté et de justice ?

Nous pensons que l’IMPA LA FABRICA CIUDAD CULTURAL est une forme
de résistance au capitalisme qui mérite notre attention critique.
Il ne s’agit pas de refaire les erreurs du passé en en faisant un modèle
qui pourrait se transplanter partout en en toutes circonstances. Il s’agit
de penser une situation qui propose une alternative possible.
Comment mettre un terme à la séparation entre l’art et la vie, la création
artistique et la production ouvrière ? Comment prendre en main notre destinée ? Comment se débarrasser de la hiérarchie qui entrave la possibilité de chacun à être un individu responsable de soi et des autres ?
En Argentine, il y a plus de trois cents usines récupérées. L’IMPA constitue l’une des expériences les plus avancées. Sa disparition risquerait de désespérer les ouvriers à tenter ce genre l’aventure.

|| La situation de l’IMPA à ce jour.
Aujourl’hui, à cause de l’attitude du gouvernement argentin et toute une série de man ?uvres politico-mafieuse, travailleurs, artistes et professeurs de l’IMPA ne peuvent plus entrer sur leur lieu de travail.
La police et des groupes l’anciens militaires de droite font barrage.
Lors l’un rassemblement des travailleurs et artistes devant l’IMPA, les forces de l’ordre ont arrêté et emprisonné 4 personnes. Cela n’est pas sans rappeler de tristes pages de l’Histoire de l’Argentine.
Si vous le souhaitez, nous vous tiendrons au courant au fur et à mesure
que nous aurons des informations.

Nous vous remercions de votre soutien
26 avril 2005
Marc Mercier
 mailto:marc.mercier@instantsvideo.com
Pour les Instants Vidéo
 http://www.instantsvideo.com

Ci-dessous, une traduction des informations que vous pouvez trouver en espagnol sur le site de l’IMPA. Si quelqu’un peut nous aider à améliorer cette traduction, ce serait formidable.

IMPA est un exemple de la détermination d’un ensemble de travailleurs pour imaginer, créer et développer un projet intégrale de transformation humaine.
Il ne suffisait pas de se réapproprier des moyens de production, il fallait aussi assumer la tâche de modifier un système d’exclusion, l’exploitation et de domination ; la lutte a gagné d’autres secteurs de la société et d’autres usines. C’est pour cela que IMPA est beaucoup plus qu’une simple usine d’aluminium ; elle est aussi une usine d’idées avec son centre culturel, son lycée, sa bibliothèque, sa maison d’édition, son usine-école et d’autres projets de production avec une gestion coopérative.

IMPA a eu aussi un rôle très actif dans la création du Mouvement National d’Entreprises Récupérées, étant l’une des plus actives dans le soutien aux autres entreprises en processus de récupération.

IMPA est aujourd’hui un référent indiscutable de ce mouvement.
Si ce processus continuait de grandir, et qu’au lieu de 10 000 travailleurs nous étions 200 000, laisserions-nous le Gouvernement signer
les traités internationaux avec l’OMC, qui nous voue un avenir sans industrie ? Laisserions-nous entrer dans le pays des produits que nous pouvons produire ? Laisserions-nous les monopoles nationaux et internationaux (Aluar, Techint, Molinos, Cargill, etc.) nous imposer les prix et les conditions de paiement, profitant de leur position dominante ?
Laisserions-nous les chaînes de supermarchés nous imposer la manière et les délais de paiement ?

Est-ce que 200 000 travailleurs pourraient générer un fonds permettant d’avoir le capital de travail nécessaire au développement de la production sans être soumis aux intérêts usuriers des puissances financières ?

Ce sont ces raisons et mille autres qui font qu ?un Gouvernement, assis sur les bases du système capitaliste, a ressenti la nécessité d’attaquer l’IMPA et le MNER pour freiner le développement d’un projet politique de transformation.

Comment nous attaquent-ils ?

Par le biais d’une politique d’État installée depuis la dictature.
Parce que l’objectif est celui de maintenir un système d’assujettissement
impérial pour lequel il faut un taux de chômage élevé, des allocations
misérables de 150 pesos, l’absence d’une industrie locale (ou seulement
monopolistes). C’est pour cette raison que la Banque Centrale garde
les normes de la dictature. C’est pour cela qu’il n y a pas une politique
de crédit pour le capital de travail nécessaire à nos entreprises ; d’où
l’absence d’une Banque Industrielle pour financer le développement
industriel. C’est pour cela qu’on accepte et soutient l’invasion de produits
d’importation qui étouffent notre industrie. C’est pour cette raison que
le Ministère d’Action Sociale et le INAES sont organisés de manière
à maintenir la misère sous des formes humiliantes sans l’éliminer.

En soutenant depuis l’État les pratiques monopolistes des entreprises
publiques et privées. Dans le secteur de l’aluminium, par exemple,
ALUAR a reçu en 30 ans 5 800 millions de dollars -actualisés à sa
valeur actuelle- de la part de l’État. Sous la forme de tarifs
électriques subsidiés, des ports en Patagonie, etc. ; ALUAR a reçu cet
ensemble de subsides en 30 ans, dont une part a été utilisée pour
détruire toutes les industries l’aluminium ; et on refuse à l’IMPA la même
possibilité d’un crédit.

Cela fait des mois et des mois que nous négocions avec la Banque
Centrale, la Banque de la Nation, la Banque de la Ville, le Secrétaire
Générale de la Présidence, le Secrétaire d’Industrie de la Nation parmi
d’autres, avec la promesse d’une solution rapide. Quelques mois plus tard,
sans s’émouvoir, ils admettent que " l’État est impuissant pour trouver
une solution et consolider la lutte des travailleurs des usines récupérées ".
Cela veut dire qu’il n y a pas une volonté politique pour résoudre
les problèmes du secteur, car quand ce sont les compagnies. de pétrole
qui imposent des changements, les lois sont approuvées en une semaine.
Donc, toute leur stratégie consiste à laisser s ?écouler le temps, ce qui
approfondit encore la crise à l’intérieur des entreprises récupérées.

Avec une intention de cooptation ou de rupture avec les mouvements
sociaux, le Gouvernement de Kirchner a éveillé de nombreux espoirs dans
les classes populaires et dans les secteurs en lutte, avec une bonne
politique des droits de l’homme -avec des avancées jamais réalisées en
20 années de démocratie-, comme par exemple sa convaincante rhétorique
de confrontation avec le FMI, les Compagnies. privatisées, le paiement
de la dette, l’unité Latino-américaine, etc. Cependant, beaucoup de ces
points n’ont pas été suivis d’actions concrètes. C’est cette brèche qui
a généré la division des secteurs en lutte, qui sont tombés dans une
confrontation des pauvres contre les pauvres, avec l’affaiblissement et
l’immobilité de quelques secteurs dont a profité le Gouvernement pour
mettre en place sa politique. C’est cette stratégie, et avec l’intention
de profiter d’une situation de profonde crise économique, que fait
son entrée sur la scène d’IMPA, un personnage instrumentalisé par
quelques clans du Gouvernement : Luis Caro qui, avec des promesses
faciles et des solutions rapides, essaie de diviser la coopérative (IMPA)
pour prendre le pouvoir et renvoyer les actuels gestionnaires, de la même
manière qu’il l’a déjà fait dans d’autres entreprises comme Yaguané,
Grisinópolis, Brukman, parmi d’autres.

Caro, actuel président du MNFRT, est entré a IMPA avec ces mots :
"j’arrive avec l’aide du Gouvernement de la Nation". Ces mots, plus
quelques subsides destinées à quelques complices afin l’en finir avec
ce projet, ont généré une division interne d’une telle ampleur que IMPA
passe actuellement par une crise majeure qui risque de mettre un terme
à l’expérience IMPA.

Quels sont les enjeux ?

Ce qui est en jeux est un projet politique, social et culturel, car si IMPA
est écrasée par la politique de neutralisation de certains secteurs
du Gouvernement, cela équivaudrait à détruire le plus important modèle
du MNER (une action politique très audacieuse ).
Détruire IMPA, c’est détruire tout un symbole, c’est détruire une usine qui a su construire son destin sans sauveurs miraculeux et dans un contexte
très difficile. Peut-être que les camarades qui ont souffert de l’asphyxie
économique de ces derniers mois (due à l’absence d’une politique claire
vers ce secteur d’activité) trouveront que ça n’a pas d’importance, que c’estun fait secondaire, mais aucune usine dirigée par l’avocat Luis Caro n’a un lycée pour adultes à l’intérieur, ni un centre culturel (bien au contraire, ils ont été fermés comme chez Grisinópolis), ni une bibliothèque populaire, ni un Centre de Santé pour le quartier, ni n’abrite en son sein d’autres projets coopératifs, ni ne prête ses installations pour une infinité d’événements solidaires, ni n’a la présence qu ?a eu et qu’a encore IMPA dans tous les conflits auxquels doivent faire face d’autres travailleurs.
Ce projet est important et nécessaire, car il a montré un chemin à suivre
pour beaucoup d’autres entreprises récupérées.

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